samedi 19 octobre 2024 22:27

En Europe, la montée des populismes doit aujourd'hui nous alerter. La crise, l'immigration clandestine ainsi que la recrudescence des menaces terroristes ont attisé les peurs et nous voyons que les extrêmes en tous genres gagnent du terrain chez la plupart de nos voisins européens.

Les Européens doivent être réalistes et ne doivent par verser dans les amalgames. Concernant l'immigration, l'Europe en a eu besoin et en aura encore besoin. Rappelons que la France a toujours été une terre d'accueil, en particulier pour ceux qui se sont battus aux côtés de nos soldats pour notre liberté et notre souveraineté, pour ceux qui ont contribué à sa reconstruction et à la prospérité de grandes industries comme celles de l'automobile, des travaux publics et de bien d'autres.

Aujourd'hui, il faudrait reparler de l'immigration de manière apaisée, et pour cela nous devrions enfin mettre en œuvre une politique efficace et ambitieuse d'intégration. La politique d'intégration est l'affaire de tous. Face aux peurs et aux sentiments d'injustice légitimes qu'a engendrés la crise, nous devons, plus que jamais, résister à la tentation du repli sur soi et au rejet de l'autre. Surtout que, bien souvent, nous nous trompons d'adversaire.

Ainsi, quand nos compatriotes de culture ou de confession musulmane sont souvent pris pour cible, il faut clairement distinguer l'infime minorité de personnes qui utilise l'islam soit pour justifier des pratiques contraires aux croyances pacifiques de la grande majorité des musulmans, soit pour défier les valeurs de la République. Nul ne peut ignorer que c'est la majorité silencieuse des musulmans qui est la première victime des agissements de cette minorité intégriste.

Comment ne pas s'inquiéter d'une situation comme celle vécue par les habitants de Malmö en Suède, où un tueur s'en prend à la population immigrée de la ville depuis un an ? Et que dire d'un récent sondage de la fondation allemande Friedrich-Ebert, qui montre que 58 % des sondés sont favorables à la limitation des "pratiques religieuses des musulmans". Oui, l'intégration est "l'affaire de tous", et nous avons tous la responsabilité morale d'agir pour infléchir ces ressentiments et éviter les outrances des partisans de l'immigration zéro ou des partisans des régularisations massives.

En France, on aime parler d'intégration, on aime en débattre ; bien souvent pour en pointer seulement les échecs. En matière d'intégration, nous avons toujours voulu "plaquer des mécanismes d'intégration identiques", quelle que soit l'origine de ces immigrés qui ont évolué depuis de nombreuses années. Quant à leurs enfants, des études récentes démontrent que le système éducatif est devenu de moins en moins intégrateur.

D'ailleurs, l'assouplissement de la carte scolaire devait justement réduire les inégalités sociales. Ce n'est pas le cas, cet assouplissement n'a pas permis la mobilité souhaitée. En 2009, un rapport de la Cour des comptes pointait jusqu'à son inefficacité à réduire les inégalités et montrait, au contraire, qu'elle avait accentué le risque de ghettoïsation, à la fois ethnique et sociale. C'est aussi le constat du Haut Conseil à l'intégration (HCI) qui rappelle encore des préconisations évidentes.

Je ne prendrai qu'un seul exemple, la mise en œuvre des programmes de connaissance des cultures d'origine. Ces programmes ont été développés dans les années 1980 afin de faciliter les liens avec des "pays d'origine". Est-il encore judicieux, en particulier pour les enfants de la troisième ou quatrième génération, en majorité de nationalité française, de se présenter devant des enseignants en "langues et cultures d'origine" qui, eux, ne connaissent de notre pays que peu de chose ? Depuis 1991, le HCI demande la suppression de ces enseignements et on apprend que de plus en plus d'élèves, parmi les moins intégrés, les fréquentent et dans le même temps ne savent plus qu'ils sont français. Le courage politique est de faire cesser cela.

Un autre frein à l'intégration par l'école est la concentration des mêmes populations, des mêmes difficultés, dans les mêmes quartiers et donc dans les mêmes écoles. Une politique volontariste de mixité sociale dans nos villes doit s'imposer de manière intelligente et non pas de manière arithmétique. Pourquoi ne pas encourager les familles à changer de lieu d'habitation par un dispositif incitatif de prime sociale au relogement? Pourquoi ne pas travailler avec les maires pour la mise en place d'une politique de logement social conçue immeuble par immeuble et pas seulement quartier par quartier?

C'est une politique à inventer qui ne peut se réduire à la loi DALO (droit au logement opposable), critiquée aujourd'hui même par ceux qui l'avait demandée, car elle augmente parfois l'effet ghetto. Alors, arrêtons de rêver "l'intégration", il est plus que temps de la mettre en œuvre concrètement. C'est pourquoi j'ai œuvré pour la création d'internats d'excellence en dehors des quartiers difficiles, et pour la promotion de l'apprentissage et l'alternance et cela dès 2003.

Cette année, j'ai été très fière d'accueillir le premier internat d'excellence dans le 7e arrondissement de Paris, et le premier en France avec un établissement privé. Et, en tant que garde des sceaux, j'ai mis en place des classes préparatoires intégrées comme moyen d'accéder aux grandes écoles pour des étudiants méritants mais de conditions sociales défavorisées. Alors que beaucoup d'autres réfléchissent encore à leur création ! L'intégration passe non seulement par l'éducation, mais aussi par l'insertion sociale et professionnelle. Accueillir le jeune dans la sphère professionnelle, c'est l'intégrer.

Aidons ceux qui le peuvent à faire des études supérieures dans un environnement serein mais, surtout, ne laissons pas les jeunes, qui sont en difficulté ou qui ne souhaitent pas faire des études longues, au bord du chemin. Il faut pour cela absolument valoriser les filières professionnelles. Et c'est dans cet objectif que j'ai organisé, le 7 décembreà Paris, les Etats généraux de l'emploi des jeunes en Europe.Car on le sait, apprendre un métier c'est aussi ce qui a permis d'intégrer des générations de femmes et d'hommes. Appartenir à la classe ouvrière était une fierté, donnait un statut ! Ne confondons pas l'élitisme et l'excellence !

Pour cela, devons-nous favoriser la mise en place de mesures de discrimination positive, c'est-à-dire des mesures provisoires qui mènent à l'égalité réelle ? Ce ne doit pas être une question taboue. Si elles sont favorables à l'intégration, pourquoi les exclure de manière dogmatique ? Mais, attention, il ne faut pas pousser le volontarisme à l'excès. Autrement dit, un coup de pouce, oui, un assistanat contre-productif, non. C'est cela le mérite républicain. Quand Nicolas Sarkozy, lors de la campagne présidentielle, disait "tout devient possible", beaucoup de jeunes Français issus d'horizons divers ont cru à ce message. Ces jeunes doivent pouvoir encore croire qu'en France rien n'est jamais perdu. A nous de leur démontrer !

Rachida Dati, maire du 7e arrondissement de Paris et eurodéputée

Source : Le Monde

Fadela Amara, ex-secrétaire d'Etat à la Ville, dénonce "le fascisme vert" de "l'intégrisme musulman" qui "dévoie le message d'amour et de paix que, à l'égal des autres religions, l'Islam porte en lui", dans une interview au magazine Gala daté du 29 décembre.

"Il existe actuellement des extrémismes de tous bords qui testent nos institutions. C'est particulièrement flagrant avec l'intégrisme musulman. En tant que laïque, mais aussi que croyante, je me dois de dénoncer ce que j'appelle le fascisme vert. Il dévoie le message d'amour et de paix que, à l'égal des autres religions, l'Islam porte en lui", affirme-t-elle.

La fondatrice de l'assocation "Ni Putes Ni Soumises" réaffirme au passage son opposition au voile intégral qui "représente le néant social d'une femme, la négation totale de son entité. C'est un cercueil vivant".

"Celles qui portent le niqab ou la burqa ne seront jamais pilote d'avion, médecin, institutrice. En réalité, elles sont vouées à rester cloîtrées chez elles. Plus qu'un simple bout de tissu, le voile intégral est une arme politique qui, étape par étape, remet en cause la démocratie", poursuit-elle.

Selon Mme Amara, "dans l'application de la loi (à partir d'avril 2011, ndlr), il faudra se montrer très ferme. Les ennemis de la République sont mes ennemis".

"Oui", elle a été menacée de mort en raison de ses positions, ajoute Fadela Amara, soulignant que "les extrémistes se sont toujours attaqués à ceux et celles qui prenaient position en faveur de la liberté. Ce sont des risques qu'il faut savoir assumer".

Source : AFP/La Croix

Le vendredi 14 janvier prochain, l’émission « Vu sur terre » de France 5 part à la découverte de la cueillette du safran. Ce document de 25 minutes revient en détail sur la culture de « l’or rouge » dans les hauts plateaux du Maroc. L’émission sera diffusée à partir de 15h06 heure française, soit une heure de moins qu’au Maroc.

La cueillette du safran exige une certaine rigueur. Se lever tôt, avant même le soleil, pour avoir la chance de tomber sur ces feuilles éphémères qui durent moins que le temps d’une rose. Et c’est le rythme d’Abdullah, qui guide avec sa famille, les caméras de « Vu sur terre » dans ces contrées « où l’on ne s’attend pas à rencontrer une vie ». Un monde majestueux d’une beauté de paysages à vous couper le souffle.

Siroua (nom du village où le documentaire a été tourné) se perd à la croisée du haut Atlas et du Sahara. La couleur ocre des demeures, qui marie parfaitement celle des montagnes où ce petit monde se greffe, témoigne du lien réunissant les habitants de ce village à ces plateaux. Des plateaux lunaires qui leur servaient jadis de boucliers contre des tribus qui pillaient leurs ressources.

En plus de les protéger, ces terres continuent encore de leur offrir « une épice providentielle » : le safran, dont la fleur éphémère oblige tout intéressé à défier le froid glacial de l’aube et la difficile escalade des monts pour la cueillir.

France 5 vous donne donc rendez-vous le vendredi 14 janvier 2011 à 15h06 (heure française) pour vous plonger au cœur du quotidien de ces braves villageois des montagnes de l’or rouge. Pour ceux qui sont pressés, il est possible de visualiser le documentaire sur le site de France 5.

28/12/2010

Source : Yabiladi

Les Etats-Unis comptent le plus grand nombre de personnes nées à l'étranger (43 millions), devant la Russie (12,3), l'Allemagne (10,8) et la France (6,7), rappelle l'Ined (1). Mais le classement est tout autre si l'on retient comme critère la part d'immigrés. Pointent en tête des Etats peu peuplés mais richement dotés en ressources pétrolières, tel que le Qatar (86% de la population). Suivent de micro-Etats souvent dotés d'un statut fiscal intéressant comme Monaco (72%), devant des pays "neufs" très étendus mais peu peuplés (Australie et Canada, plus de 20%). Arrivent, enfin, les démocraties industrielles occidentales: Autriche (16%), Etats-Unis (13%), France, (11%), Italie (7%).

Source : Alternatives économiques

Alors que l’Europe a choisi la libre circulation et la coopération économique comme pilier d’une croissance partagée, en choisissant de fermer ses frontières, elle prive de fait ses voisins de cette croissance. Ceci alimente les écarts et les migrations. Il y a donc une double absurdité en appliquant pas aux autres une recette qui réussit pour nous même et en fermant des frontières qui alimentent le phénomène contre lequel elles sont censées protéger... décryptage...

I) GENESE des TEXTES / ETAT des LIEUX

I.1) Schengen

Tout commence par l'accord Schengen en 1985 et la convention du même nom en 1990. Ces textes mettent en œuvre la libre circulation des ressortissants des Etats membres et la suppression des contrôles aux frontières intérieures.

Ces dispositions entrainent le déplacement de ces contrôles aux frontières extérieures. Le contrôle des flux migratoires est transféré de fait aux Etats membres limitrophes, généralement nouvellement entrés dans l'Union.

Ce sont aussi ces textes qui posent le principe selon lequel un seul des Etats membres de l'espace Schengen est responsable de l'examen d'une demande d'asile. Un fichier est mis en œuvre, le SIS (Système d'information Schengen) pour permettre aux Etats membres de refuser l'accès d'un étranger à son territoire ou de l'éloigner du territoire.

I.2) Le Traité de Maastricht

Le traité de Maastricht (1992) inscrit la politique d'asile et d'immigration parmi les questions d'intérêt commun.

I.3) Le Traité d'Amsterdam

Le traité d'Amsterdam transfère la politique d'asile et d'immigration dans les politiques communautaires. L'article 63 établit que le Conseil arrête dans les 5 ans des mesures relatives aux :

· Critères et mécanismes de détermination de l’Etat responsable de l’examen d’une demande d’asile ;

· Normes minimales d’accueil des demandeurs d’asile ;

· Normes minimales concernant les conditions à remplir pour pouvoir prétendre au statut de réfugié ;

I.4) Le sommet de Tampere

Il s’est tenu les 15 et 16 octobre 1999 et a invité les Etats à définir un « régime d’asile européen commun » ( et non plus de seules normes minimales) fondé sur l’application de la convention de Genève devant « déboucher sur une procédure d’asile commune et un statut uniforme valable dans toute l’Union ».

I.5) Le Conseil européen de Laeken

Lors de ce conseil qui a eu lieu les 14 et 15 décembre 2001, les Etats ont notamment affirmé qu’il est nécessaire d’intégrer la politique des flux migratoires dans la politique extérieure de l’Union européenne, notamment par la signature d’accords de réadmission, et d’équilibrer la protection des réfugiés et les capacités d’accueil de l’Union et de ses Etats membres.

I.6) Le Conseil européen de Thessalonique

Le Conseil européen réuni à Thessalonique les 19, 20 et 21 juin 2003, adopte le projet de traité constitutionnel. En matière d’asile et d’immigration, le texte propose que les instruments juridiques soient dorénavant adoptés en procédure de co-décision entre le conseil des ministres, votant à la majorité qualifiée et le parlement. Ce traité n'a pas été ratifié.

I.7) Le Conseil européen de Bruxelles

Lors du Conseil européen des 4 et 5 novembre 2004, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union Européenne ont adopté le "Programme de La Haye", programme pluri-annuel sur cinq ans couvrant le domaine de la liberté, de la sécurité et de la justice. Il fait suite au programme de Tampere adopté en 1999 ;

Le programme de La Haye prévoit notamment en matière d’asile les mesures suivantes :

· D’ici à 2010, instauration d’un système européen commun d’asile, doté d’une procédure et d’un statut communs s’appliquant aux bénéficiaires du droit d’asile ;

· Renforcement des partenariats avec les Etats-tiers afin d’aider ceux-ci à améliorer leurs systèmes d’asile, à mieux lutter contre l’immigration illégale et à mettre en œuvre des programmes d’aide au retour ;

· Mise en place d’une politique facilitant le retour dans leurs pays d’origine des étrangers en situation irrégulière ;

· Création d’un fond pour le contrôle des frontières extérieures de l’Union avant la fin de l’année 2006 ;

· Mise en place opérationnelle, d’ici à 2007, du Système d’Information Schengen II (SIS II) - une base de données regroupant des informations sur des biens dérobés et sur les personnes objets de mandats d’arrêt ;

· Établissement de règles communes en matière de visas (création de centres de demande communs, introduction de données biométriques dans le système d’information sur les visas).

I.8) Mesures d’application

Est créé en septembre 2000 un Fonds européen pour les réfugiés, destiné à organiser la répartition des fonds communautaires entre Etats membres en fonction du nombre de leurs demandeurs d’asile.

Le règlement "Dublin II" adopté en février 2003, remplace la Convention de Dublin fixant les critères de détermination de l’Etat responsable de l’examen d’une demande d’asile.

Le 15 janvier 2003, entre en fonction le système EURODAC qui permet la comparaison des empreintes digitales des demandeurs d’asile au sein de l’Union européenne La directive sur la protection temporaire est adoptée en juillet 2001, et prévoit une protection spécifique en cas d’afflux massif de personnes déplacées.

La directive "procédure" du Conseil concernant les normes minimales relatives aux conditions que doivent remplir les ressortissants des pays tiers ou les apatrides pour pouvoir prétendre au statut de réfugié ou les personnes qui, pour d’autres raisons, ont besoin d’une protection internationale, et relatives au contenu de ces statuts est adoptée le 29 avril 2004 ( JOCE 30.09.04) .

Le Conseil a dégagé « une orientation générale » lors de sa réunion du 30 avril 2004 sur la directive relative à des normes minimales sur la procédure d’octroi et de retrait du statut de réfugié.

I.9) Directive "Retour"

Votée le 18 juin 2008 par le Parlement et adoptée le 9 décembre 2008 par le Conseil, le but de la Directive Retour est d’harmoniser les politiques migratoires en Europe concernant les conditions d’enfermement et l’éloignement des personnes en situation irrégulière : possibilité d’un enfermement jusqu’à 18 mois, enfermement et éloignement des mineurs, renvoi vers des pays tiers qui ne sont pas le pays d’origine des personnes, et jusqu’à 5 ans de bannissement du territoire européen pour ces personnes éloignées.

I.10) le Pacte Européen sur l'immigration et l'asile Conseil européen des 15 et 16 octobre 2008

Le pacte européen sur l’immigration et l’asile n’a jamais constitué une véritable innovation puisqu’il s’inscrit dans la continuité des politiques européennes. Par ailleurs, ce pacte n’est qu’une déclaration d’ordre politique qui n’a aucune valeur contraignante. En ce qui concerne son contenu, il a été progressivement vidé de sa substance sur certains points qui étaient pourtant chers à la Présidence française, notamment sur l’interdiction des régularisations massives, le contrat d’intégration ou l’harmonisation en matière d’asile. Sa portée est donc très limitée.

II) UN SYSTEME CULTUREL DANGEREUX

La place de l'asile et de l'immigration que donne l'Europe dans ses textes et ses politiques procède de conceptions culturelles, c'est à dire d'un système de pensées, de concepts intellectuels et philosophique et de représentations. Essayons de lire dans la réalité visible, le but ultime poursuivi et la matrice qui est à son service.

Dans un premier temps, on observe que par ses textes l'Europe considère, à juste titre, que l'asile et l'immigration sont une prérogative commune. Les Etats membres considèrent que l'harmonisation en ce domaine est nécessaire, ce qui n'est pas incompatible, voir essentiel, avec l'idée de développement humain en la matière.

Les textes réaffirment même l'attachement à la Convention européenne des Droits de l'Homme et à la Convention de Genève. Malgré cela les Etats membres n'ont toujours pas ratifier la convention internationale des droits des travailleurs migrants pourtant votée à l'ONU et par le Parlement Européen.

Dans un deuxième temps, on ne peut que constater que l'harmonisation ne s'oriente pas vers la concrétisation des droits fondamentaux et des libertés individuelles. Au contraire, l'harmonisation défend les intérêts particuliers des Etats en alignant les politiques d'immigration et de traitement de l'asile sur les politiques les plus restrictives et les moins généreuses. La plus récente illustration est celle de la directive "Retour", dite "de la honte" par les ONG. Cette directive entend harmoniser les conditions d'enfermement et d'expulsion des étrangers en instituant par exemple la durée maximale de rétention à 18 mois alors qu'en France, elle est de 32 jours (Rappelons-nous qu'il fut un temps où cette durée était de 5 jours ... ).

Le projet européen ne s'achemine donc pas vers la civilisation de l'intérêt suprême de l'Humanité mais celle du primat de l'intérêt particulier du plus fort. Il s'agit alors de s'engager dans ce combat culturel entre la recherche de l'intérêt général et la soumission aux intérêts particuliers dominants.

Dans un troisième temps, il convient d'analyser le contenu des politiques d'asile et d'immigration de l'Europe. Force est de constater que l'Europe considère l'asile comme une composante de l'immigration et qu'elle considère l'immigration comme une menace à contenir. En effet, l'asile se trouve dans les mêmes chapitres que l'immigration. Pourtant, on pourrait considérer l'asile dans d'autres chapitres : celui des libertés individuelles, ou celui de la protection sociale, par exemple. Ce choix n'est pas anodin, il s'agit de parvenir à se dégager de nos obligations internationales (convention de Genève, ...) qui s'inscrivent dans la recherche de l'intérêt général. Ainsi, l'opinion publique est tentée de concevoir l'asile comme une menace, demandée à tord par des fraudeurs malveillants. Sinon, comment interpréter le fait que l'Europe choisit d'imposer aux demandeurs d'asile le pays qui examinera leur demande au lieu de leur laisser ce choix qui reste compatible avec l'exigence européenne de ne faire qu'une demande dans l'espace Schengen. On pourrait aussi parler de la notion de "pays sûr" qui permet aux Etats membres de traiter les demandes d'asile qui en émanent, plus rapidement par la procédure dite "prioritaire", qu'il conviendrait de comprendre comme "procédure dégradée" du point de vue du demandeur.

Concernant l'asile, l'Europe ne se dirige pas vers un projet qui cherche à mettre les demandeurs dans les meilleures conditions pour établir leur demande. Au contraire, elle s'organise pour que les demandes d'asile soit examinée par les pays limitrophes, généralement nouvellement entrés dans l'Union donc plus fragile économiquement, politiquement et démocratiquement. Il a même été étudié à 2 reprises la possibilité de confier l'examen des demandes d'asile à des pays tiers comme la Libye ou le Maroc , qui sont loin d'être des démocraties exemplaires et qui pour certains n'ont même pas signer la convention de Genève !

Concernant l'immigration, force est de constater que les dispositions européennes ne cherchent pas à décupler les efforts communs en matière d'intégration, d'apprentissage de la langue, d'accès à l'emploi, de regroupement familial. Au contraire, la politique d'immigration vise essentiellement à contrôler les frontières et les populations et à maîtriser les flux migratoires selon la formule consacrée. Ainsi a été mise en place l'Agence Frontex qui met en commun des moyens policiers et militaires sophistiqués pour aider les Etats à protéger leurs frontières. En 2008, Frontex a été doté de 70 millions d'euros pour 2000 migrants interceptés, soit 35 000 € par migrant. Un chiffre a mettre en relation avec le résltat d'une étude allemande qui estime à 50 000 € l'apport d'un travailleur migrant en terme de contributions... En 2007, au moins 2500 personnes ont trouvé la mort à nos frontières. Voilà où l'Europe décide d'investir et de consacrer la ressource collective en matière d'immigration : dans le contrôle, l'enfermement et l'expulsion. Culturellement, le message est clair, celà incite les opinions publiques à considérer l'immigration comme l'ennemi extérieur au lieu de le considérer comme une richesse. Les pauvres sont assignés à résidence au risque d'accroitre les risques de conflits, de famine ou de catastrophe sanitaire (voir les émeutes de la faim).

III) LE COMBAT CULTUREL

Le combat à mener n'est pas celui des fins réglages d'une régulation par une hypothétique Europe sociale et politique. Il est ailleurs, il est plus profond, il est plus frontal. Il s'agit de la construction de la conscience collective, de la formation des esprits et des modes de pensée. Il s'agit de civilisation et de l'avenir de l'Humanité. Nous l'avons vu précédemment, nous sommes entre deux conceptions de l'Humanité, de son destin, de son Histoire et de son organisation. L'une pose comme principe originel la primauté à l'intérêt particulier le plus fort, l'Humanité s'organisant mécaniquement autour des forces principales en présence. Et l'autre dont le principe fondateur est la recherche de l'intérêt suprême de la multitude, l'étude de l'éthique qui permet la vie collective et la pratique de relations solidaires et fraternelles.

Sur le terrain, les forces du progrès humain doivent déconstruire ce que les forces du progrès financier construisent.

Dans un premier temps, il faut sortir de la logique de précarisation des migrants pour instaurer une logique de régularisation selon des critères larges qui garantissent l'exercice des droits fondamentaux et la jouissance des libertés individuelles. Car n'en déplaise aux généreux sans raison, il faut des critères, ne serait-ce qu'avoir une identité est un critère... Nous devons faire le pari de l'égalité du droit à la mobilité en inventant un visa qui permette d'aller et de venir au gré des besoins, des projets et des contraintes.

Ensuite, il faut faire table rase des directifs «accueils", "procédure" et "retour". Il faut considérer l'asile comme un droit fondamental à garantir et non comme une composante de l'immigration. Il faut permettre à un individu de choisir le pays où il veut que sa demande d'asile soit examinée. En effet, son choix peut être orienté par la maîtrise de la langue, par l'attachement familial, intellectuel ou culturel qui peut avoir avec ce pays. Remarquons au passage que ce qui va orienter son choix sera autant de facteurs prépondérants de l'intégration dans la communauté nationale d'accueil.

Enfin, il faut démanteler Frontex et consacrer ces ressources collectives mobilisées pour des programmes d'éducation, de santé, de logement, de cohésion sociale, véritables outils de socialisation. Il faut favoriser des politiques de solidarité Nord-Sud réellement efficaces et véritablement orientées vers le développement humain en déconnectant l'aide internationale de la maitrise des flux migratoire ou des réadmissions d'expulsés et en sécurisant et assurant la gestion collective des transfert de fond des travailleurs migrants vers leur pays d'origine.

CONCLUSION

Peut-être ces propositions paraîtront angéliques, farfelues ou bien-pensantes pour certains. Mais n'est-ce pas insensé d'être dans une situation où nous favorisons les départs de population en creusant les écarts de richesse et de condition de vie n'écoutant que notre intérêt particulier d'occidental et où en même temps nous fermons nos frontières pour les empêcher de passer quitte à réduire nos libertés.

N'est-il pas imbécile d'augmenter le débit d'un fleuve et d'agrandir le barrage en même temps ? Depuis 30 ans, les écarts se creusent en même temps que les murs s’élèvent. Qui est le fou ? Qui est le sage ?

Il est grand temps de prendre conscience que tout est lié et qu'être responsable ce n'est pas de défendre à tout prix ses intérêts particuliers mais c'est de rechercher l'intérêt général.

Le travail d’aujourd’hui est de 3 ordres :

un travail pédagogique/militant pour déconstruire les peurs et les préjugés (« gagner dans les têtes pour gagner dans les urnes ») et fortifier la maîtrise intellectuelle de ce domaine.

un travail de résistance et d’opposition aux méfaits réels de cette politique (soutien aux sans-papiers, aide juridique personnalisée, organisation de collectifs d’étrangers en difficulté –travailleurs, couples mixtes, …-, manifestation, événements militants, actions juridiques militantes, …)

un travail d’anticipation et de mobilisation pour que les partis progressistes susceptibles de devenir majoritaire en Europe aient une action réelle sur le démantèlement de cette politique migratoire européenne pour en instituer une nouvelle, basée sur la recherche de l’intérêt suprêmes de l’Humanité, l’égalité du droit à la mobilité, le respect des droits fondamentaux de la personne humaine.

Source : Agora

Ils sont enseignants, médecins, postiers, militaires... Ces Français issus de l'immigration,   originaires de l'Afrique subsaharienne ou du Maghreb, sont les premières victimes de discriminations lorsqu'ils sont salariés de la fonction publique. C'est ce que révèle un baromètre conjoint commandé par la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité (Halde), l'Organisation internationale du travail (OIT) et réalisé par l'institut de sondage CSA. (Téléchargez le rapport de cette étude au format PDF)

Source : RFI

Trente organisations et plus de 2000 personnes ont signé l'appel des Verts pour une politique migratoire qui ne viole pas les droits fondamentaux. Cette action a été lancée au soir de l'acceptation de l'initiative de l'UDC sur le renvoi des étrangers.

Après cette votation, "il s'agissait de montrer qu'une opposition citoyenne existe à la politique migratoire fondée sur l'exclusion et la discrimination", écrivent les Verts dans un communiqué publié mardi. Vingt-quatre heures après le lancement de cet appel, 700 personnes s'étaient déjà manifestées.

Parmi les personnalités qui ont apporté leur soutien figurent notamment l'écrivain Peter Stamm ou les cinéastes Samir et Micha Lewinsky. Les signataires exigent que les droits des migrants au mariage, à la vie de famille, à la formation, à la mobilité leurs soient reconnus.

Cinquante ans après l'entrée en vigueur de la convention relative au statut de réfugié, l'appel demande en outre de revoir ce statut pour tenir compte de la réalité actuelle. La Suisse doit ainsi reconnaître les conséquences du réchauffement climatique et les violences sexuelles subies par les femmes migrantes.

Les Verts promettent de s'engager sans relâche durant l'année qui vient en faveur d'une politique migratoire conforme aux droits humains.

Source : Fémina

Organisé pour la 17e fois consécutive par l'association Coup de soleil, le Maghreb des livres se tiendra à l 'Hôtel de ville de Paris les 5 et 6 février prochain. Une grande librairie sera installée, avec plus de 500 titres d'ouvrages parus, en 20 l0, chez les éditions de France et du Maghreb, aussi bien en littérature qu'en matière d'essais, beaux livres, bande dessinée, etc.

Des intellectuels, écrivains, universitaires, journalistes, y côtoieront des visiteurs qui ont un lien de vie ou d'amitié avec

le Maghreb. Au programme, cafés littéraires, entretiens, séances de lecture, tables-rondes et rencontres. Il y aura un espace vidéo, un espace jeunes, une exposition de peinture, une expo-photo et un café-maure.

Source : L’Economiste

Kidnappings, viols, enrôlements forcés : les trains de migrants centraméricains sont la nouvelle manne des cartels au Mexique.

«Des hommes masqués portant des machettes et des armes ont arrêté le train et nous ont fait descendre du toit. Ils nous ont mis un pistolet sur la tempe et nous ont dit qu’on allait mourir. Puis ils nous ont frappés pendant vingt-quatre heures jusqu’à ce que nos familles envoient l’argent. Alors, ils nous ont libérés.» Luis García fait partie des milliers de victimes de la nouvelle industrie macabre développée par les gangs mexicains : les kidnappings de migrants. Ce Guatémaltèque de 26 ans traverse le Mexique comme des milliers de sans-papiers venus d’Amérique centrale : sur les toits des trains de marchandises, sans jamais dormir, de peur de tomber ou de se faire agresser, fuyant les policiers mexicains qui les dévalisent, les Zetas qui les séquestrent, les violent et les tuent. Ce cartel de narcotrafiquants est tenu pour responsable du massacre, le 23 août, à San Fernando dans l’Etat de Tamaulipas, de 72 migrants centraméricains, équatoriens et brésiliens. Ce groupe d’hommes et de femmes, qui avaient refusé de travailler pour le compte des Zetas, de trafiquer en échange de leur liberté, ont été alignés contre un mur et criblés de balles.

2 500 dollars par otage

Les bandes de kidnappeurs prennent régulièrement d’assaut la «Bestia» (la Bête), le surnom que les migrants ont donné au train qui les transporte vers la frontière américaine. Les gangs séquestrent de grands groupes, parfois cent personnes d’un seul coup. Les refuges gérés par l’Eglise catholique sont les seuls endroits sûrs où les migrants peuvent s’abriter, se reposer et se nourrir, entre deux trains.

La Casa del migrante d’Ixtepec, dans l’Etat d’Oaxaca (sud du Mexique) n’est pas à proprement parler une maison. Il n’y a que quelques baraques exiguës. Au milieu, les migrants dorment à la belle étoile. Une grille cerne l’espace, empêchant les agressions. Là, les récits d’enlèvements, de brutalités et de viols se répètent à l’infini. Les kidnappeurs torturent les migrants pour leur soutirer les numéros de téléphone de leurs familles. Ils réclament des rançons d’environ 2 500 dollars (1 900 euros) par otage.

La Commission nationale des droits de l’homme (CNDH) a alerté l’an dernier sur l’émergence de cet inquiétant négoce, évaluant à 20 000 le nombre annuel de ces enlèvements au Mexique. Les gangs amassent donc un butin évalué à 50 millions de dollars (37 millions d’euros) par an rien qu’avec ces kidnappings. «Les bandes criminelles liées aux cartels de la drogue se sont rendu compte que le trafic de migrants était lucratif. Les passeurs qui accompagnent les migrants travaillent pour le compte de ces gangs. Ils leur livrent des victimes», explique Martin Gabriel Barrón, spécialiste mexicain du crime organisé. La CNDH, organe officiel qui jouit d’une certaine indépendance, a exhorté, en vain, le gouvernement à agir pour protéger les Centraméricains. Le massacre du 23 août a eu un tel retentissement international que les autorités mexicaines ont arrêté sept hommes de main des Zetas. Mais les principaux auteurs du carnage courent toujours.

Généralement, il n’y a pas d’enquête sur les kidnappings de migrants. C’est pourquoi, dans un rapport publié en avril sur les attaques de sans-papiers centraméricains au Mexique, Amnesty International les qualifie de «victimes invisibles». Ils n’osent pas porter plainte de peur de se faire déporter. «Ce voyage est l’un des plus dangereux au monde», dénonce Amnesty, dont les enquêtes ont permis d’établir la complicité active et passive des autorités dans ces enlèvements. Les services de migration se soucient peu de savoir si les Centraméricains sont victimes de délits et s’empressent de les expulser. «Fonctionnaires, policiers, narcotrafiquants, machinistes du train… Tous sont impliqués dans la traite de migrants»,s’emporte le prêtre Alejandro Solalinde, qui dirige le refuge d’Ixtepec. L’équipe du refuge incite les migrants à porter plainte et mène ses propres enquêtes : sur base des milliers d’entretiens avec des victimes, le personnel est parvenu à créer un registre informatique d’agresseurs présumés. Le maire d’Ixtepec, Gabino Guzmán, nie l’existence de ces attaques : «Ce sont eux-mêmes qui créent des problèmes, ils boivent, se droguent et se battent entre eux», explique-t-il d’un air dédaigneux.

L’an dernier, le père Solalinde a été arrêté par la police municipale pour avoir défendu des migrants. Aujourd’hui soutenu par l’acteur mexicain Gael García Bernal, qui a tourné une série de courts métrages documentaires au refuge d’Ixtepec, Solalinde ne cesse de dénoncer la corruption des autorités. Marta et Evidio, jeune couple venu du Guatemala, raconte comment le train sur lequel ils voyageaient a été pris d’assaut par des policiers fédéraux : «On a d’abord cru que c’était une bande de kidnappeurs car ils étaient très violents. Les policiers nous jetaient par terre, nous donnaient des coups de pied. Ils ont brutalisé les femmes, les insultant, commettant des attouchements. Finalement, ils ont pris tout ce qu’on avait et ils ont tiré des coups de feu pour nous faire fuir. Perdre l’argent, cela nous est égal, c’est la brutalité qui nous marque.»

Promesse de régularisation

Vu leur statut d’«illégaux», il est impossible de connaître le nombre de sans-papiers originaires d’Amérique centrale qui traversent le Mexique. Les dernières estimations divulguées par l’Institut national des migrations (INM), chargé de les appréhender et de les rapatrier, établissent qu’ils seraient environ 400 000 chaque année. De janvier à septembre, 53 000 Centraméricains ont été expulsés du pays par cette institution.

Aux Etats-Unis comme au Mexique, les opérations visant à capturer les migrants sans-papiers se sont intensifiées. La fameuse loi SB-1070 approuvée en mai par l’Arizona, qui systématise les contrôles d’identité pour interpeller les immigrants en situation illégale, a fait des émules : des projets semblables sont à l’étude dans une vingtaine d’autres Etats américains. Depuis les attentats du 11 Septembre et le durcissement de la surveillance aux frontières, les migrants voyagent dans conditions de plus en plus dangereuses, à la merci de la chaleur du désert et des trafiquants, esquivant la Border Patrol, la patrouille frontalière. Pourtant, un million de Mexicains passent chaque année illégalement aux Etats-Unis. Après la récente victoire des Républicains aux élections de mi-mandat, le Mexique craint que la réforme migratoire promise par Barack Obama n’aboutisse pas. Plus de 8 millions de sans-papiers mexicains et centraméricains, qui aspirent à régulariser leur situation, étaient susceptibles d’en bénéficier.

Depuis le massacre de San Fernando, les activistes mexicains estiment que la situation des sans-papiers est plus enviable aux Etats-Unis. Une donnée édifiante ressort du rapport d’Amnesty : six femmes centraméricaines sur dix sont victimes de violences sexuelles lors de leur passage par le Mexique. Et celle-ci ne s’exerce pas uniquement contre les femmes. A Ixtepec, plusieurs homosexuels racontent que c’est le rejet vécu dans leur pays d’origine qui les a jetés sur les voies de la Bestia. Au Mexique, ils doivent traverser de nouvelles humiliations. Daniel, un adolescent guatémaltèque, raconte que quatre hommes l’ont kidnappé et emmené dans une maison isolée : «Pendant huit jours, ils ont abusé de moi. Chaque fois qu’un homme entrait dans la pièce, je pensais que c’était pour me violer.»

La Caravane des mères

Début novembre, un groupe de femmes venues du Honduras a sillonné le Mexique à la recherche de leurs enfants disparus. Chaque année, elles viennent dialoguer avec les autorités de ce pays, les sensibiliser au sort des migrants centraméricains. Elles distribuent des avis de recherche avec des photos de leurs fils, dont elles pensent qu’ils sont retenus en otage quelque part. Les participantes à la Caravane des mères de migrants affirment que plus de 800 Honduriens sont portés disparus au Mexique. Cette année, la caravane a retrouvé la trace d’une femme disparue au refuge d’Ecatepec, dans la banlieue de Mexico.

Là, les migrants ont une vaste pièce et une trentaine de lits superposés à leur disposition. Les jours d’affluence, lorsqu’ils sont près de deux cents, ils dorment à même le sol. Yamilet Juarez, qui a fui le Honduras et «neuf années de coups» infligés par son mari, a sa propre chambre. Elle vit au refuge où elle soigne les hommes blessés, tabassés par les Zetas, les voleurs ou la police, change leurs bandages et désinfecte leurs plaies. Elle-même a passé deux mois à l’hôpital, après que la Bestia lui a arraché une jambe.

L’attente d’une prothèse

A l’hôpital, sa blessure avait à peine cicatrisé que les agents de migration venaient la chercher pour l’expulser. Avec l’aide de la religieuse qui dirige le refuge, Yamilet a pu rester au Mexique. Malgré les deux jeunes enfants qu’elle a laissés au Honduras, elle se dit heureuse ici : «Je ne voulais pas aller aux Etats-Unis. Je voulais juste fuir la vie que j’avais. L’accident, je ne le vois pas comme un malheur. C’est plutôt une bénédiction car, maintenant, j’ai une nouvelle vie devant moi.» Comme elle, des centaines de Centraméricains mutilés par le train restent au Mexique, dans l’attente d’une prothèse. Ils vivent dans les refuges où dorment les migrants de passage, jamais très loin des rails. Ils entendent la Bête et écoutent ses victimes.

L’appel du Nord étouffe les avertissements, les dangers. La plupart des Centraméricains ne s’attardent pas dans les refuges : ils ne dorment que d’un œil, sans se déchausser, attendant de pied ferme le départ du train. «Le chemin est dur. Mais voyager sur ce train, vers les Etats-Unis, c’est beau aussi», s’exalte Ismael Camacho, un jeune Nicaraguayen qui se fait appeler «Isabella». «Là-haut, on est comme des frères, tous solidaires, peu importe notre nationalité», sourit Wil, un Salvadorien. La Bête, celle qui les maltraite, c’est aussi celle qui transporte leurs rêves.

Source : Libération.fr

Après Paris et Montréal, l’initiative Careers in Morocco ouvrira son forum des compétences marocaines à Londres le 22 janvier 2011, rapporte un communiqué de presse. Véritable rendez-vous incontournable, l'initiative est un lieu de rencontres privilégiées entre les prestigieuses entreprises du Maroc et les compétences marocaines à l'étranger en quête d'information sur les opportunités de carrière et d'investissement dans le Royaume. Plus de 1.500 cadres marocains, hautement qualifiés et évoluant dans différents secteurs incluant la finance, la banque, conseil et autres, seront attendus le 22 janvier pour établir des contacts fructueux avec plus d'une vingtaine d' entreprises et multinationales opérant au Maroc.

Source : Aujourd’hui le Maroc

"Le projet était de rester en Espagne, de faire venir les enfants, d'obtenir des papiers". Mais la crise a balayé les rêves de Magaly Baez, une jeune Paraguayenne qui s'apprête à regagner son pays, lasse de frapper à la porte d'une cantine populaire pour se nourrir.

La jeune femme de 26 ans a perdu son travail d'employée de maison il y a quelques mois, tout comme son mari, serveur dans un restaurant. Comme pour des milliers d'immigrés latino-américains, la crise économique qui s'est abattue sur l'Espagne depuis 2008 a sonné la fin de toutes ses illusions.

"On nous a proposé de rentrer chez nous, et j'ai accepté", raconte Magaly. Sans travail, le couple en situation illégale n'a aucune chance d'obtenir un permis de séjour. Trois ans après son arrivée, il a dû accepter le billet d'avion proposé par le gouvernement.

Ce matin de décembre, Magaly sort du réfectoire spécialement ouvert pour les immigrés par le gouvernement régional de Madrid, chargée de sacs renfermant la nourriture pour elle-même, son mari et leur bébé de neuf mois.

"Au début, j'avais honte. Mais sans cela, qui sait si nous aurions à manger", confie la jeune femme, la voix neutre pour masquer son émotion, qui a abandonné l'espoir de faire venir du Paraguay ses trois autres enfants.

Aujourd'hui, elle survit en travaillant comme femme de ménage ou en gardant des enfants quelques heures par semaine.

Javier Hernandez, le directeur de la cantine, reconnaît que celle-ci "est saturée depuis juin", avec "plus de 600 repas par jour" contre 500 il y a un an et 300 avant la crise.

Les immigrés d'Amérique Latine sont aujourd'hui, officiellement, 1,45 million en Espagne, soit 26,6% du total des immigrés (5,7 millions sur 47 millions d'habitants).

La plupart sont arrivés dans les 15 dernières années, attirés par les perspectives d'emploi notamment dans le secteur de la construction, qui a porté le développement économique de l'Espagne avant la crise.

Mais depuis 2008, cette population fragile a subi de plein fouet l'explosion du chômage, qui frappe aujourd'hui 30% d'entre eux pour une moyenne nationale de 20%, selon l'Institut national de la statistique.

Le gouvernement a parié un temps sur les retours volontaires, sans rencontrer l'écho espéré.

En deux ans, 6.000 personnes ont accepté le billet d'avion proposé aux plus vulnérables. 15.000 autres, selon le ministère du Travail, ont répondu à un plan d'aide financière prévoyant le versement d'une partie de l'allocation chômage dans le pays de retour, alors que le gouvernement attendait 100.000 demandes.

Cesar Lezcano, un Equatorien de 40 ans qui a perdu en novembre son emploi de boulanger, a accepté cette offre.

"Je n'ai pas réfléchi beaucoup. J'ai voulu profiter du peu que j'avais", explique-t-il. Il a empoché 3.500 euros, 40% de l'allocation chômage à laquelle il a droit pour dix mois, et recevra les 5.000 euros restants une fois rentré à Quito, de quoi "ouvrir un petit commerce".

Mais d'autres ne peuvent se résigner à retourner en arrière. "C'est un échec. Les sommes proposées ne suffisent pas pour payer les billets, acheter une maison et monter une petite affaire", remarque Raul Jimenez, porte-parole de l'ONG Ruminahui.

"Le retour, pas encore", assure German Cuellar, un Bolivien de 44 ans, serveur au chômage depuis un an et demi, sans papiers, qui espère toujours un hypothétique permis de séjour et un travail "hors de Madrid".

Il est venu à la cantine chercher à manger pour ses enfants de 17 et trois ans. "Nous lutterons jusqu'au bout. Si nous devons partir, nous le ferons. Mais les enfants vont à l'école, et nous ne voulons pas qu'ils arrêtent".

Source : AFP

Le tissu associatif des Marocains vivant au Canada bénéficie du soutien financier de l'État. Ce mouvement naissant a pu bénéficier d'une aide directe afin de mener des actions concrètes en faveur des Marocains résidant dans ce pays qui opte toujours pour l'immigration choisie. C'est l'ambassadeur du Maroc au Canada, Nouzha Chekrouni qui a présidé la cérémonie de remise du don, sauf que le montant n'a pas été précisé…Suite

La communauté musulmane de Barcelone pourrait, dans les années à venir, disposer de sa grande mosquée, à l’instar de celle de Madrid. La promesse a été faite par la mairie de la ville catalane, en marge d’un colloque portant sur l’islam et les valeurs occidentales auquel ont pris part des intellectuels européens et des oulémas de divers horizons.

C’est une vieille doléance des oulémas d’origine marocaine qui est en passe d’être réalisée : la construction d’une grande mosquée à Barcelone. La municipalité de la ville catalane s’est montrée favorable à la réalisation de ce vœu. Car pour le chargé des relations avec les citoyens de la ville de Barcelone, « c'est une évidence que Barcelone ait un lieu de culte de référence. C’est une question en suspend, mais nous en discuterons » a laissé entendre Catalina Carreras-Moysi, citée par le quotiden espagnol El Pais.

Un lieu de culte qui devra donner plus de « visibilité » à l’islam. Lors d’une visite l’année dernière à la mosquée Hassan II de Casablanca, le maire catalan Jordi Hereu avait exprimé sa volonté de doter de cette grande ville, un lieu de culte de référence pour les musulmans de sa cité.

La gestion de cette probable future grande mosquée reviendra à la communauté marocaine, la première communauté musulmane de Barcelone. Mais c’est aussi dans l’optique de promouvoir un islam « modéré » que cette « mosquée officielle » devrait voir le jour, selon des correspondances révélées par WikiLeaks, des commentaires de Mohamed Chaib, député de PSC (Parti Socialiste Catalan) et du consul américain à Barcelone.

Quoiqu’il en soit, l'Union des Centres culturels islamiques de la Catalogne (UCCIC) elle, se réjouit de l’accord de principe de la municipalité pour l’édification de cette mosquée. Son président, Noureddine Ziani, a également ajouté qu'il était « essentiel de considérer les valeurs islamiques comme faisant partie des valeurs européennes ». Emettant sur la même longueur d’ondes que les autres intellectuels européens et musulmans venus prendre part au colloque sur « L’islam et les valeurs occidentales ». Des intellectuels qui soulignent la nécessité de «garantir la liberté de croyance et du droit de pratiquer son culte ».

27/12/2010

Source : Yabiladi

Les ingénieurs marocains en Europe, issus de l'Ecole Mohammedia des Ingénieurs (EMI), ont réitéré, lors d'un récent rassemblement à Paris, leur disposition à mettre leur savoir-faire au service du développement du Royaume.

Regroupés dans le cadre de l'association AIEM-EUROPE, ces ingénieurs venant de différents pays de l'Europe, dont une majorité active en France, ont convenu de renforcer leur liens dans ce sens, en partageant leurs expériences et en identifiant des projets de coopération à réaliser en commun avec leurs homologues du Maroc, ont-ils souligné dans un communiqué parvenu lundi à la MAP.

Ils ont traité notamment des conditions particulières et des spécificités des ingénieurs et cadres marocains en Europe, plus spécialement ceux de l'EMI, à "la fois en tant qu'opérateurs devant donner le meilleur d'eux-mêmes et tirer profit de leur situation spécifique et en tant qu'ambassadeurs devant relayer auprès des sociétés européennes d'accueil les changements et les développements structurels que connaît le Maroc depuis une décennie".

Les échanges en matière de savoir et de technologie, d'économie et des finances, de culture et du social ont été fixés comme une priorité par les membres de l'association, forte de 6.000 ingénieurs opérant dans différents secteurs (administration, enseignement, économie, industrie).

L'accent a été notamment mis sur l'importance de la communication et la mise en place de réseaux à même d'aider et de stimuler les rapprochements entre les cadres marocains installés en Europe, en particulier les Emistes.

Présidée par l'ingénieur Mohamed Amraoui, établi en France, l'Association AIEM-EUROPE ambitionne dans son plan d'action de réaliser dans ce cadre diverses manifestations à caractère technique, scientifique, économique et culturel, en partenariat avec différents acteurs, en particulier le ministère chargé de la Communauté marocaine résidant à l'étranger avec lequel l'association avait signé un accord de coopération.

En plus du festival, Attention Chantier anime un ciné-club dans un foyer du XVIIe arrondissement, où chaque projection est suivie d’un débat. Et un atelier de réalisation a débouché sur la production d’un court métrage écrit, tourné et monté avec des jeunes sans-papiers du foyer qui n’avaient jamais touché à une caméra.

Fort du succès des éditions précédentes, Attention Chantier veut aller plus loin, comme l’explique Jonathan Duong, salarié de l’association : « Il y a énormément à faire pour sortir les gens de l’isolement dans lequel ils sont maintenus. Cette année, nous prévoyons d’exposer des photos du foyer prises par les résidents. » Toujours pour contribuer à améliorer leur image.

27/12/10

Source : MAP

La montée en puissance dans les sondages du Front national, habilement relooké par l'héritière du clan Le Pen, suscite, à droite comme à gauche, un début de panique…Suite

Ils sont venus pour travailler et sont finalement restés. Des migrants des années 1960 vieillissent aujourd’hui dans les villes d’Europe occidentale, souvent dans l’isolement et la précarité.

Des associations dénoncent l’acharnement croissant de certaines caisses de retraite, caisses d’allocations familiales et administrations fiscales vis-à-vis des vieux migrants démunis . Des contrôles discriminatoires et des demandes abusives de certaines caisses de sécurité sociale (CRAM, CAF, MSA) aboutissent à des redressements et des suppressions de prestations insupportables pour des personnes en situation de précarité. Certes, des dispositions légales prévoient de contrôler la résidence en France des bénéficiaires de la quasi-totalité des prestations sociales. Mais cette condition de résidence ne peut remettre en cause la liberté fondamentale d’aller et venir, qui passe nécessairement par le maintien du droit au séjour et des droits sociaux (protection maladie, minimum vieillesse, logement). Dans ces conditions, les pratiques discriminatoires de contrôle de la résidence et de suspension des prestations pour les vieux migrants n’en apparaissent que plus indécentes.

Sous prétexte de lutte contre la fraude, la chasse aux vieux immigrés pauvres habitant les foyers semble avoir commencé.

Un dossier de Nadjia Bouzeghrane, publié dans l’édition du 23 décembre 2010 du quotidien El Watan.

Pour avoir séjourné plus de six mois d’affilée dans leur pays d’origine, des vieux immigrés bénéficiaires de l’allocation de solidarité aux personnes âgées (ASPA) se voient exiger le remboursement du trop-perçu de cette prestation sociale.

Si la plupart des vieux migrants, appelés communément « chibanis », vivent de leur retraite – fruit d’un dur labeur – avec leur famille en France, ou ont réintégré leur pays d’origine, une partie des plus de 65 ans n’ayant pas une retraite suffisante bénéficient auprès de l’Etat français d’une Allocation de solidarité pour personnes âgées (ASPA). Parmi ces derniers, ceux qu’on qualifie de « célibataires géographiques », c’est-à-dire ceux dont l’épouse et les enfants sont restés dans le pays d’origine, continuent à vivre dans des foyers de travailleurs migrants et dans des résidences sociales ou dans des logements privés dégradés et à faire « la navette » entre la France et le pays natal. Ce sont essentiellement des hommes qui ont émigré en France dans les années 50-60 et qui n’ont pas fait de regroupement familial, parce qu’ils ne s’étaient pas inscrits dans la perspective d’un séjour durable en France.

Pour avoir séjourné plus de six mois d’affilée dans leur pays d’origine, ces vieux « célibataires géographiques » se voient exiger le remboursement du trop-perçu de l’ASPA. Ceci dans la mesure où le droit commun conditionne la perception de cette allocation à une « résidence stable et régulière », comme c’est le cas de la plupart des droits sociaux, à l’exception de ceux qui sont soumis à cotisations comme la retraite. Pour toutes les administrations françaises, cette notion de résidence stable et régulière est de neuf mois par an. C’est ce qui est appliqué par la Caisse d’allocations familiales, par la sécurité sociale et par le fisc. Ce n’est pas propre aux étrangers, c’est une règle générale. Ce qui a toutefois changé, ce sont « les pratiques » des pouvoirs publics dans « la volonté de contrôler les abus », souligne Antoine Math, représentant le GISTI (Groupe d’information et de soutien des immigrés) et le Catred (Collectif des accidentés du travail, handicapés et retraités pour l’égalité des droits). Celui-ci rappelle qu’un décret qui précise les conditions de résidence est intervenu en 2007, mais « pourquoi contrôler seulement les vieux migrants, et en foyer ? », alors que ces contrôles doivent « être effectifs pour tout le monde », s’interroge-t-il. Et d’indiquer que selon une enquête de la Cnaf, les fraudes concernent 2% des allocataires seulement, pour un montant de 500 millions d’euros et 1% de l’ensemble de la fraude sociale.

Des contrôles « discriminatoires » selon la Halde

Ces contrôles des déplacements entre la France et le pays d’origine auxquels sont soumis les vieux migrants extracommunautaires bénéficiaires de l’ASPA ont fait réagir des associations, des travailleurs sociaux et des collectifs constitués pour la circonstance, d’abord à Toulouse, puis en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, en Rhône-Alpes, en région parisienne pour dire « laissez nos vieux tranquilles. Assez de contrôles administratifs discriminatoires… » avec le soutien de municipalités de gauche. On assiste à un engagement citoyen montant envers ces « chibanis ». Ils soulignent que malgré la décision de la Haute autorité de lutte contre les discriminations (Halde) d’avril 2009, qui considère que ces contrôles sont « illégaux car discriminatoires au sens de la Convention européenne des droits de l’homme », les différentes caisses de prestations sociales – la Caisse nationale d’allocations familiales (Cnaf) pour l’aide au logement (APL), la Caisse nationale d’allocations vieillesse (Cnav) et la Mutualité sociale agricole (MSA) en ce qui concerne l’ASPA, l’allocation de solidarité des personnes âgées et la sécurité sociale pour la carte de soins Vitale exigent des bénéficiaires le passeport pour vérifier les dates d’entrée et de sortie, et en cas de non-présentation de ce document, les différentes aides sociales sont bloquées et les trop-perçus sont exigés. Ainsi, depuis l’été 2009, la Cram, la MSA (de Midi-Pyrénées) et la CAF ont effectué un contrôle massif sur l’un des plus gros foyers Adoma (ex-Sonacotra) de Toulouse, le foyer « Fronton », situé 2, place des Papyrus.

« Comment peut-on demander 22 000 euros à des vieux hommes de plus de 75 ans touchant à peine 600 euros pour vivre et faire vivre leurs familles », dénonce le collectif Justice et dignité pour les chibani(as) de Toulouse. Beaucoup de ces hommes âgés ne savent ni lire ni écrire le français, et ont des difficultés à remplir les papiers, dénonce ce collectif qui a lancé une pétition en ligne pour « l’arrêt des contrôles et l’annulation des redressements des chibanis ». Ces chibanis, « non informés, sont de bonne foi », signale Jérôme Host, travailleur social et membre du collectif Justice et dignité pour les chibani(as) de Toulouse. « Pour nous, il y a urgence d’agir. »

Maillon faible

« Justice pour les chibanis », qui s’est élargi à des collectifs de plusieurs régions de France, se propose de veiller, informer, alerter et se mobiliser pour « sortir de l’invisibilité les chibani(as) et le traitement différencié auquel ils/elles sont soumis(es) : difficile accès aux dispositifs de droits communs, inégalités sociales de santé, accès difficile à un logement digne et adapté, privation des droits sociaux, assignation à résidence, une liberté de circulation conditionnée, discriminations, etc. » Et de préciser : « Nous avons choisi le terme chibani(as), les ‘‘ancien(nes)’’ en arabe, un terme devenu commun au sein même de certaines institutions pour désigner les immigré(es) maghrébin(es) de la première heure. Nous souhaitons l’élargir à l’ensemble des ‘‘vieilles’’ personnes immigrées de toutes origines, enracinées de longue date dans ce pays, à cette génération de la période des Trente glorieuses qui est en train de vieillir aujourd’hui dans des situations sociales inacceptables et indignes. »

« Nous réclamons que leurs droits soient respectés et leurs situations particulières soient prises en compte, en demandant : un accès aux soins sans restrictions ici et là-bas, un accès aux droits sociaux et politiques sans restrictions ici et là-bas, un accès au logement digne et adapté à leurs conditions de vieillissement, la reconnaissance et la visibilité de l’histoire et de la mémoire des luttes. » Un séminaire de réflexion et d’action a été organisé par l’Association des travailleurs maghrébins en France (ATMF) le 11 décembre dernier à Gennevilliers, en région parisienne, sur le thème : « Viens, travaille et disparais. Stop au harcèlement des vieux migrants. » Une autre rencontre s’est tenue à Paris le 14 décembre, avec la participation de nombreuses associations de défense des immigrés (Gisti, Fasti, le MRAP, l’ATMF, l’AMF) avec comme intitulé : « Immigration : En finir avec les discriminations et les inégalités ?

Des corps marqués par des travaux pénibles

L’état de santé de ces vieux immigrés est symptomatique de leurs itinérances, souligne Françoise Emsallem, sociologue, qui, à partir d’une enquête réalisée en Languedoc-Roussillon, décrit des « corps marqués de multiples accidents de travail », « des pathologies résultant de travaux pénibles et dangereux » et, bien sûr, des pathologies liées à la vieillesse.

« Les souffrances psychiques sont plus difficiles à rendre visibles, liées dans un premier temps à une présence vécue comme illégitime ». Et, citant le sociologue Abdelmalek Sayad, Françoise Emsallem indique que « la vacance au sens de ne rien faire est vécue comme un drame ». Les immigrés vivant en famille vont se projeter dans l’avenir à travers leurs enfants, ce n’est pas le cas de ceux qui sont séparés de leur famille, une séparation vécue comme une blessure ; ils étaient venus pour travailler et repartir. Un regroupement familial tardif est considéré comme une alternative à cette solitude et à la dépendance, mais nombre d’entre eux sont bloqués par les conditions de logement et la faiblesse des ressources.

Après un séjour à l’hôpital, ils sont seuls, n’ayant pas d’accompagnants familiaux. 35% des plus de 65 ans ont besoin d’une aide à domicile, 79% ont besoin d’une aide pour faire leurs courses, téléphoner. Un travail de pédagogie est à entreprendre auprès de cette population ainsi qu’une formation des travailleurs sociaux en rapport, est-il préconisé. C’est une vieillesse qui « n’est pas prise en compte de façon sociale, urbanistique », selon Arielle Vermillet, maire adjoint de Gennevilliers, chargée de la vie démocratique et de la lutte contre les discriminations. La volonté d’agir des pouvoirs publics est inégale d’une région à une autre, est-il relevé.

Réinsertion des vieux migrants dans leur pays d’origine

La loi de 2007 au « placard »

Pour permettre aux vieux migrants de 65 ans et plus, allocataires de l’ASPA, de se réinsérer durablement dans leur pays d’origine, Jean-Louis Borloo, alors ministre de l’Emploi, de la Cohésion sociale et du Logement, fait voter, en mars 2007, dans le cadre de la loi Dalo, deux articles (57 et 58). Cette aide à la réinsertion des anciens migrants intéressait 37 143 personnes, sur lesquelles une vingtaine de milliers de nationalité algérienne.

Ce dispositif comportait deux articles : le premier créait une « allocation de réinsertion familiale et sociale des anciens migrants », « ouverte aux étrangers non ressortissants d’un Etat membre de l’Union européenne ou faisant partie à l’accord sur l’Espace économique européen » de plus de 65 ans, en situation régulière, vivant seul, résidant depuis plus de 15 ans de façon ininterrompue en France. Le montant de cette allocation devait être calculé en fonction des ressources du demandeur, mais ne devait en aucun cas être inférieur au minimum vieillesse. La loi prévoyait que les anciens migrants pourraient rentrer au pays d’origine de manière définitive s’ils le souhaitaient. La « réversibilité » était même prévue. En effet, les « chibanis » pouvaient changer d’avis, retourner en France et abandonner les allers-retours, puisqu’ils conservaient leur carte de résident. Le second article concernait l’accès aux soins. Les vieux migrants pouvaient rester couverts par le régime général de sécurité sociale. Mais cette loi n’a pas été appliquée, et, à ce jour, elle reste lettre morte pour non-conventionalité.

« On n’a pas abandonné l’objectif de la loi. On cherche des solutions qui permettraient de répondre à la demande qui était légitime, c’est-à-dire une aide à ces vieux travailleurs migrants qui avaient apporté leur contribution à la construction de la France et qu’on ne peut pas laisser dans la précarité, mais sans prendre le risque de possibilités d’extension », nous avait-on affirmé au ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale et du Co-développement quelques semaines avant le remaniement ministériel qui a entraîné sa disparition en tant que tel et son adjonction au ministère de l’Intérieur.

L’argument du droit européen

Comme solution palliative, les pouvoirs publics ont, par voie de circulaire, étendu la durée maximum de séjour hors du territoire français d’une personne percevant l’ASPA de 3 mois précédemment à six mois moins un jour actuellement. « On a de fait apporté une réponse à la question de la navette », a-t-on ajouté. Et de laisser entrevoir la possibilité d’un règlement dans un cadre bilatéral.

« La volonté politique française était claire sur ce sujet », mais « nous avons buté assez vite sur une difficulté technique parce que la nature même de cette allocation » induite par la loi de mars 2007 « pouvait difficilement être distinguée des autres types d’allocations qui sont versées en France et en Europe ; ce n’est pas un droit acquis par rapport à un travail effectué, c’est une allocation volontaire du pays, c’est-à-dire la France ». Et « c’est le Conseil d’Etat qui a attiré notre attention sur l’extrême difficulté juridique d’application des articles 57 et 58… » « L’APL n’est accordée qu’à condition que la personne qui la perçoit vive au moins 8 mois sur 12 dans son logement. Le deuxième sujet est relatif au minimum vieillesse. La perception d’une retraite inférieure à 700 euros par mois est complétée par une allocation dite Allocation de solidarité pour les personnes âgées (ASPA) pour atteindre ce seuil minimal de 700 euros. Ces allocations non contributives sont accordées à condition que les bénéficiaires soient en France. Jusqu’à l’année dernière, l’ASPA était liée au fait que la personne bénéficiaire vive en France au moins 9 mois par an. Ce n’est pas une règle discriminatoire à l’égard des étrangers, c’est une règle générale. Ces allocations sont non exportables. »

Il nous a également été signalé que le Conseil d’Etat a signalé que le droit européen fait que si une aide de ce genre est créée et qu’elle est liée à une condition de résidence sur le sol d’un des pays membres de l’UE, il peut y être satisfait par la résidence sur le sol de n’importe quel pays membre. Il y a aussi cette idée qu’à la suite de contentieux individuels, d’autres populations pourraient demander des droits analogues en se fondant sur le principe de l’égalité.

Arguments que rejette Rachid Bouzidi qui, au cabinet de Jean-Louis Borloo, a œuvré de près sur ce dispositif d’aide de réinsertion des vieux migrants.

Un dispositif « gagnant-gagnant »

« Lorsqu’on a monté le dispositif, on savait qu’il y avait deux obstacles de taille : d’une part, il fallait faire en sorte que cette allocation ne soit pas requalifiée en prestation de sécurité sociale. Et, d’autre part, comme ce dispositif s’adressait à une population ciblée, chiffrée et isolée, il fallait faire attention à ne pas aller vers ce qu’on appelle en droit constitutionnel, une rupture du principe d’équité. C’est ce que nous avait dit le Conseil d’Etat lorsqu’on était en phase de réflexion sur le dispositif. Une fois que le dispositif a été finalisé, on l’a soumis en tant que projet au Conseil d’Etat qui nous a rendu un avis écrit selon lequel il n’y avait aucun risque de requalification en prestation de sécurité sociale par la Cour de justice européenne. Cet avis mentionne que le dispositif peut être mis en place sans crainte. Et c’est d’ailleurs à ce moment-là que Jean-Louis Borloo l’a présenté en Conseil des ministres. Il ne l’aurait pas fait sans un avis favorable du Conseil d’Etat », nous affirme Rachid Bouzidi.

Et de signaler que la loi est passée avec un vote à l’unanimité tant au Sénat qu’à l’Assemblée nationale. « Nous avons ensuite élaboré un projet de décret qui a été arbitré par les services du Premier ministre. En outre, lorsque ce décret a été arbitré, le conseiller juridique du ministre de l’Intérieur, aujourd’hui président de la République, a insisté pour que le ministre en soit co-signataire. Le conseiller juridique du ministre de l’Intérieur, si je ne me trompe pas, est lui-même conseiller d’Etat. »

Selon notre interlocuteur, ce dispositif était « gagnant-gagnant » pour le migrant, mais surtout pour la France. « Rentré dans son pays d’origine, ce vieux migrant aurait perçu cette allocation de réinsertion d’un montant approximatif de 250 euros par mois ; par contre, il n’aurait plus perçu d’aide au logement, puisque ne résidant plus en France. L’Etat français aurait fait aussi l’économie de prestations de santé. Un autre aspect où l’Etat français aurait été gagnant, c’est la récupération des logements qui auraient été libérés par ces ‘‘chibanis’’ ».

Rachid Bouzidi estime que si cette loi n’a pas été appliquée, c’est parce que « vis-à-vis d’un certain électorat, il n’aurait pas été de bon ton de dire que 40 000 étrangers de nationalités extra-européennes vont rentrer chez eux et vont continuer à percevoir une allocation payée par la France ». Il maintient que « ce dispositif voté par les représentants du peuple français est la solution la plus équitable, voire la plus rentable financièrement pour l’Etat français à l’égard de ces vieux migrants de plus de 65 ans vivant seuls, tout en étant mariés, qu’on est allé chercher dans leurs douars ».

Et de considérer que la population française d’origine extracommunautaire, particulièrement les jeunes, pourrait être en 2012 « très sensible à la façon dont la République traite ses aînés et pourrait s’assurer que le candidat auquel elle donnera ses voix portera soit ce dispositif, soit une solution identique en faveur de ces vieux migrants ».

« Victimes oubliées de la réforme des retraites »

Beaucoup de ‘‘chibanis’’ « entrés tard sur le marché du travail français, n’ont pas toujours pu faire valider les périodes travaillées dans leur pays d’origine et ont connu, sous le coup des discriminations, des carrières accidentées, des conditions de travail pénibles à l’origine de problèmes de santé et ont été évacués du marché du travail bien avant l’âge de la retraite », soulignent l’ATMF, le GISTI (Groupe d’information et de soutien des immigrés) et le Catred (Collectif des accidentés du travail, handicapés et retraités pour l’égalité des droits) dans un document intitulé « Victimes oubliées de la réforme des retraites » du 17 septembre 2010, affirmant que la réforme des retraites (à 62 ans) va encore aggraver leur précarité.

Ces organisations rappellent à titre d’exemple que « les étrangers sont proportionnellement trois fois plus souvent touchés par les accidents du travail entraînant une incapacité du travail permanente ou la mort ; qu’ils ont été les premiers licenciés au cours des restructurations industrielles des années 1980. Alors qu’ils représentaient de 10 à 15% des effectifs à la fin des années 70, ils ont absorbé à eux seuls de 40 à 50% des suppressions d’emploi dans l’industrie et le bâtiment. En outre, ces vieux et vieilles immigré(e)s paient au prix fort les pratiques illégales, mais pourtant généralisées dans certains secteurs, d’employeurs peu scrupuleux qui n’ont pas versé de cotisations et qui ont été protégés par la passivité complice des pouvoirs publics pendant des décennies. Ainsi, de nombreuses périodes travaillées manquent sur leur relevé de carrière, sans qu’il ne soit possible de le justifier plusieurs années après. »

27 000 Algériens bénéficiaires de l’APL

Selon les chiffres de 2007 de la Caisse d’allocations familiales, 70 915 vieux migrants, âgés de plus de 65 ans, percevaient une aide au logement (APL). Sur ce nombre, 62 058 étaient présents en France depuis plus de 15 ans. 27 000 Algériens entraient dans ce cadre en 2007. Aujourd’hui, on estime que les vieux migrants maghrébins occupent 50 à 55 000 des 100 000 lits des foyers et des résidences sociales.

Source : LDH Toulons

Un ressortissant marocain a été découvert, samedi, mort dans sa chambre dans une vieille ferme à Frabosa Sottanta, dans le Piémont (nord-ouest de l'Italie), victime d'inhalation de dioxyde de carbone dégagé par un brasero, rapportent dimanche plusieurs médias italiens.

Alertée vers la mi-journée, la protection civile a accouru sur les lieux où malheureusement le médecin de service n'a pu que constater le décès de l'intéressé.

Un brasero aux braises encore vives a été trouvé dans la chambre de R.E, 30 ans, qui serait décédé en plein sommeil.

Des accidents de ce genre sont signalés de temps à autre dans la région eu égard au recours assez répandu parmi les membres la communauté immigrée à ce procédé pour se réchauffer en ces temps de grand froid.

Mardi dernier, l'agence Ansa avait rapporté le décès dans les mêmes circonstances de deux ressortissants marocains âgés de 19 et 37 ans dans leur appartement à Bra, également dans la province piémontaise de Coni.

Selon les services médicaux intervenus aux côtés des carabiniers et des pompiers, la mort aurait également été causée par les émanations du brasero improvisé par les défunts pour se réchauffer.

Un bidon taillé à moitié contenant des cendres a été trouvé en effet dans une chambre de l'appartement situé au premier étage, avaient précisé les mêmes sources.

Source : Aufait/MAP

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