Pour important qu’il soit par ses conséquences sur les règles de la filiation dans ce pays (conf. mes nombreux papiers) le débat sur le mariage pour les couples homosexuels, ne doit pas empêcher de suivre les nombreux autres dossiers qui concernent les enfants de France.
L’un d’eux, celui des enfants étrangers non accompagnés ou isolés en France, ouvert depuis des années, mérite une nouvelle fois qu’on s’y penche dans la mesure où la Chancellerie s’apprête à apporter des réponses qui, pour partir de bonnes intentions et comporter des avancées, ne répondent pas au problème posé : garantir les droits des enfants.
Elles s’éloignent par ailleurs sensiblement des Recommandations avancées le 19 novembre dernier par Dominique Baudis, Défenseur des droits qui, s’appuyant sur les travaux de Dominique Versini alors Défenseure des enfants (2008), sur les travaux des associations et praticiens et sur ses propres observations a le souci d’une prise en compte réelle de l’intérêt supérieur de l’enfant comme le veut la Convention internationale sur les droits de l’enfant et son article 3 reconnu directement applicable en France par le Conseil d’Etat.
Pour ceux qui abordent pour la première fois ce sujet ou n’en sont pas familiers, quelques données de base doivent être avancées avant de « critiquer » la position à venir de la Chancellerie.
Depuis une bonne quinzaine d’années la France accueille nombre de jeunes personnes – 6000 environ par an - qui se présentent à ses frontières comme âgées de moins de 18 ans et comme isolées. Elles demandent protection. Parfois – environ dans 10 cas sur 100 – du fait de persécutions politiques ou communautaires, le plus souvent, tout simplement, elles viennent vers nous pour se former et travailler afin de faire vivre leur famille. Bien sûr, la France n’est pas la seule confrontée à ce problème. Il s’agit d’une question posée à la plupart des pays européens, mais aussi que l’on retrouve en Amérique du Nord ou en Australie. Ces jeunes, la plupart sont des garçons, ne sont pas toujours isolés en France ; plus préoccupant ils ne sont pas toujours mineurs d’âge malgré les papiers qu’ils peuvent présenter … quand ils ont des documents sur eux.
Leur prise en charge est à la fois simple et source de multiples problèmes.
Ils ne posent quasiment aucun problème de comportement tellement ils sont soucieux d’apprendre. Ceux qui sont venus chercher refuge en France peuvent avoir besoin d’un soutien psychologique au regard des violences supportées chez eux par eux-mêmes ou leurs proches ; tous sont transplantés d’un pays à l’autre, d’une culture à l’autre et privés de leurs proches souvent brutalement même si le moyens modernes de communication peuvent réduire cet isolement.
Mais ont-ils conscience des problèmes qu’ils posent à la patrie des droits de l’homme, quatrième ou cinquième puissance économique mondiale ?
Déjà et fondamentalement leur prise en charge pèse lourd, trop lourd sur les budgets sociaux des conseils généraux appelés essentiellement à les supporter. Parfois 15% du budget ASE de certains départements y est consacré. Pour autant au plan national tout cela – 300 millions au plus – n’est rien au regard des 6, 300 milliards d’euros de la protection sociale de l’enfance.
Les quelques départements qui assument la majorité de ces jeunes ont un double sentiment d’injustice : l’Etat ne les aide pas sur cette charge spécifique – par-delà la Dotation Générale de Fonctionnement qu'il leur verse - et les autres départements ne leur manifestent pas, c’est le moins que l’on puisse dire, de vraie solidarité par-delà des félicitations de principe.
Les travailleurs sociaux de terrain sont déroutés, eux qui avaient été formés à la pratique systémique et au travail sur la relations parents-enfants, puisqu’il n’y a quasiment pas de parents présents ou facilement joignables. Et puis tous ne parlent pas dans le texte le tamoul, le mandarin, le penjâbi, etc. et ne maîtrisent pas le code des étrangers et les relations avec les ambassades. Ces professionnels appellent les politiques à un dispositif spécialisé qui leur répondent que s’il faut prendre en compte les données spécifiques de ces jeunes il est hors de question de monter un dispositif spécifique qui ferait régresser la protection de l’enfance.
En arrière-fond bien évidemment il y a le sentiment que certains de ces jeunes étrangers et ceux qui les guident abusent des lois de notre pays. Ils profitent du fait qu’un mineur est inexpulsable par la France et qu’un enfant isolé y est tenu pour être en danger, donc relever d’un dispositif performant d’accueil et de suivi. Les familles d’origine, avec l’aide des passeurs, attendent de la France qu’elle nourrisse leurs enfants, qu’elle les forme et qu’elle permette à terme à la famille de survivre ! Laissons de côté le débat sur les filières qui se repaissent de cette souffrance et font payer fort cher et sous la menace, le prix du ticket vers la survie. On n’est pas loin du débat sur la traite.
Bien sûr tout cela serait supportable si en plus il n’y avait une partie de ces prétendus mineurs qui ne le sont pas et le sentiment d’avoir affaire à des personnes qui forcent, sinon fraudent, notre dispositif lui-même déjà en difficulté pour faire face à ses obligations pour les enfants de France.
Bref, de longue date une tension majeure a été relevée autour des mineurs étrangers non accompagnés. Malaise accentué par le fait que l’Etat s’est refusé jusqu’ici à assumer ses responsabilités à la fois comme acteur de la protection de l’enfance alors même qu’il ne se croise pas les bras, mais aussi comme régulateur national et comme responsable au regard de l’étranger de ce dispositif.
En septembre 2011 le président du conseil général de la Seine-Saint-Denis, devenu depuis président de l’Assemblée nationale, a mis le feu à la prairie en refusant d’exécuter les décisions des juges des enfants et des procureurs qui lui confiaient des MIE. Il a délibérément décidé de violer la loi. Après deux mois tendus, un accord a été passé entre le ministre de la justice et le conseil général du 93 pour éteindre l’incendie : outre le financement de la plateforme locale d’évaluation des MIE, l’Etat à travers le parquet de Bobigny veillerait à ce que la majorité des 500 enfants jusqu’ici pris en charge chaque année soient orientés, d’entrée de jeu, vers d’autres départements (les 22 distants de moins de 200 km de Paris) sans passer par le bureau du juge. Tels des paquets, munis d’une décision du parquet de Bobigny, les jeunes tenus pour mineurs – par une association privée - sont donc conduits par un transporteur affrété par la Croix Rouge qui a passé convention avec le conseil général. Le parquet de Bobigny transmet au parquet du lieu d’arrivée qui devient compétent dès lors que l’enfant est sur place ! Le tour de passe-passe est joué : le tribunal pour enfants de Bobigny et la Seine-Saint Denis sont contournés.
Les conseils généraux des lieux d’orientation ont généralement mal pris cette démarche non concertée avec eux – doux euphémisme- ; certains ont pris des arrêtés refusant tout accueil de ce style ; d’autres ont veillé à ce que les enfants repartent immédiatement. Le contentieux se développe. La cour de cassation est saisie.
Le feu a été éteint à Bobigny en novembre-décembre 2011, mais le problème national n’a pas été réglé.
Nous sommes plus d’un an après. La majorité nationale a changé ; le problème persiste. Il s’est même aggravé. Les refus de prises en charge se multiplient un peu partout – conf. la Somme, l’Essonne -, les jeunes sont l’objet de partie de ping-pong entre plateformes, par exemple entre Paris et Bobigny. Plus grave, la machine a fabriquer de la clandestinité a redémarré. A terme les jeunes concernés qui n’ont pas intégré le dispositif basculeront dans des vies marginales et pourquoi pas dans la délinquance.
La Chancellerie, après avoir rétabli les liens avec l’ADF représentant tous les conseils généraux et les associations, entend que l’Etat assume ses responsabilités et dans le respect du droit commun – et elle doit ici être approuvée – en s’orientant vers un dispositif national qui veillerait à identifier les structures disponibles pouvant accueillir ces enfants et à leur mobilisation. L’Etat aiderait au financement des structures ou dispositifs d’évaluation et à l’accueil des premiers jours de mise en protection. Bravo encore.
En revanche, elle inquiète si, comme le bruit circule, elle entend faire des parquets le dispositif décisionnaire pour la justice. Le procureur de la République a certes les mêmes pouvoirs que le juge des enfants quand il s’agit de protéger des enfants en danger, mais il s'agit là d’un pouvoir exceptionnel qui ne saurait devenir d’un usage courant. En effet le procureur travaille au téléphone, il ne reçoit pas le jeune, il motive rarement ses décisions lesquelles ne sont pas susceptibles de recours. Comme l’avance le Défenseur des droits, c’est au juge des enfants de recevoir dans les meilleurs délais le jeune concerné, de vérifier sa minorité et son isolement, de le faire prendre en charge au-delà des 5 jours d’accueil provisoire et de veiller à son orientation. J’ajoute, pour l’approuver, qu'il pourra s’appuyer sur le dispositif national de régulation et de répartition entre départements que la Chancellerie s’apprête à mettre en place, quand tel n'est pas le cas aujourd'hui. Il jouera son rôle de magistrat de référence et pourra décharger son ASE locale si nécessaire.
Plus généralement qui appréciera la minorité contestée : un magistrat ou une association ? Si une jeune personne est renvoyée de la prise en charge initiale pour n’être pas mineure ou n’être pas isolée ou en danger, qui l’informera sur les recours qui lui sont ouverts ? Quelle information lui sera donnée ? Quels avocats viendront le défendre comme cela se doit dans un pays comme le notre sachant par exemple que la question de la preuve de la minorité est délicate. Là encore, à juste titre, le Défenseur des droits rappelle que les tests osseux ne peuvent pas à eux seuls faire la preuve. Quand des papiers existent venant du pays d’origine seules les autorités compétentes doivent fournir une expertise sur leur authenticité. Et puis il est d’autres critères comme l’apparence physique, mais surtout le comportement de la jeune personne qui sur la durée ne trompent pas quant à la minorité.
En d’autres termes, la Chancellerie doit être saluée pour s’être enfin saisie du dossier quand ses prédécesseurs avaient joué à « Courage fuyons ! ». Elle répond aux attentes des départements quand elle vise à une péréquation nationale des prises en charge. Elle s’apprête elle-même à faire un effort en mettant la main au pot. Pour autant elle se doit pour répondre à la demande des praticiens et du Défenseur des droits de mettre en place un système qui ne prenne pas seulement en compte les droits des institutions, mais ceux des enfants : ces jeunes transplantés en France doivent être reçus, mis à l’abri, entendus avec les moyens adaptés (en première intention par des travailleurs sociaux et non pas par des policiers), ils doivent être informés des décisions prises et des recours, pouvoir les contester avec l'aide d'avocats, et savoir quelles pistes peuvent s’ouvrir à quelles échéances et à quelles conditions. Tout particulièrement aucune orientation ne doit être prise sans audition, du jeune éventuellement assisté de la personne de son choix ou d'un avocat. On expédie un colis, mais on doit échanger avec un jeune !
Il faut aussi que l’Etat engage un vrai débat avec les départements de France sur le devenir de ces jeunes appelés pour la grande majorité d’entre eux à rester en France. Nous avons d’ailleurs obtenu sur ces 15 ans de remarquables succès : beaucoup de jeunes se sont insérés en France ... au bénéfice de la France. Spécialement il faut travailler sur la possibilité pour ces jeunes qui n’auront pas terminé leurs études à 18 ans, en tous cas qui n’auront pas d’emploi à leur majorité, de bénéficier de prise en charge jeunes majeurs. C’est leur intérêt, c’est le nôtre ; sinon on se tire d’entrée de jeu une balle dans le pied et on confine au summum de l’hypocrisie.
Nous nous apprêtons à franchir un pas intéressant, veillons à ce que ce pas ne soit pas de travers car le dossier ne ferait alors que rebondir.
Voir le dossier MIE dans le JDJ 321 de janvier 2013 : http://www.droitdesjeunes.com/sommaires/jdj_sommaire.php?num=321
27 janvier 2013, Jean Pierre Rosenczveig
Source : Le Monde
Cinéma d’Afrique proposait la projection de deux films à l’Espace Culturel de l’Université d’Angers sur le thème de l’émigration : L’Or Blanc d’Adama Sallé (2010) et le Cri de la Mer d’Aïcha Thiam (2008).
L’or blanc
Ce film produit au Burkina Faso, a remporté le premier prix fiction des écoles de cinéma au Festival Fespaco (l’équivalent du Festival de Cannes à Marrakech). On y découvre l’histoire de deux frères, fils d’agriculteur, qui traversent le désert pour rejoindre le Maroc. Un moyen de fuir la misère de leur pays, causée par un système agricole industriel qui piétine au fur et à mesure les petits producteurs de coton. Durant la traversée, l’ainé, Baba, succombe de soif. Ado, son petit frère, l’accompagne jusqu’à la fin de sa vie, et l’enterre dans le désert selon les rituels du Burkina Faso. Un film représentatif d’un phénomène bien réel, rarement traité sous forme de fiction. Une histoire touchante, qui ne laisse pas le spectateur insensible.
Le cri de la mer
Ce reportage, très rationnel, explique les causes et conséquences de l’émigration au Sénégal. A travers le témoignage de Yaye Bayam Diouf qui a perdu son fils en mer, on découvre ce fléau qui ravage le village de Thiaroye. Pour faire face, elle crée un collectif de femmes contre l’émigration clandestine, et sensibilise les jeunes sur les risques d’une telle traversée. Elle nous raconte aussi les causes de leur départ. La mer appauvrie par la pêche intensive et les terres réquisitionnées par l’urbanisation, poussent ces jeunes à risquer leur vie. Sans travail, ils tentent de rejoindre l’Europe dans l’espoir d’une vie meilleure. L’un des rescapés nous fait part de la difficulté de cette traversée : lors d’un trajet, seulement 25 personnes ont survécu, sur 115. Ces témoignages poignants nous plongent dans la dure réalité de l’émigration au Sénégal.
La rencontre
Suite à ces deux projections, la discussion s’est ouverte sur l’émigration en général. Bien loin de l’image véhiculée par les médias, cet échange riche en témoignages de personnes d’origine africaine, nous a permis de découvrir une facette de l’Afrique trop peu connue. Un échange passionnant, qui nous a tous amené à nous questionner et réfléchir sur cette réalité qui nous dépasse.
24/1/2013, Elsa Soulard et Isabelle Cougnaud
Source : Nebuleuse
La politique migratoire fait moins parler d'elle. Et c'est heureux. Certains y voient l'évidente trahison d'un gouvernement socialiste trop prompt à renier ses principes ou ses promesses. L'argument est un peu court, sans preuves et surchargé d'a priori accusatoires qui finissent par desservir ceux-là même qui voudraient que cela se passe différemment et surtout mieux.
1. Quand la police de France avait des instructions chiffrées, appuyées par des discours bellicistes au plus haut sommet de l'Etat et des points presse réguliers d'un ministre de l'Identité nationale, la nécessité de rapporter cette politique glaçante pour notre République était évidente et irréfléchie. Depuis mai 2012, nous sommes dans un autre monde.
N'en déplaise à cette actrice surpayée dénommée Josiane Balasko qui râlait contre Manuel Valls, la politique migratoire n'est plus la même depuis mai dernier. Caricaturer ses insuffisances ne fait pas avancer le débat puisque ce dernier doit se conduire à gauche. A la fois, rien n'a changé et tout a changé.
Sur le terrain des promesses, d'abord, le candidat Hollande n'avait fixé aucun objectif de régularisation de clandestins, mais simplement une clarification des critères, et un assouplissement des conditions de naturalisation. Pour certains associatifs, même si ces deux dernières promesses ont été satisfaites sur le papier, c'est encore insuffisant.
2. Quand le chef de l'Etat lui-même lançait la charge contre les Roms, circulaire ciblée à l'appui, un jour de fin juillet à Grenoble, il fallait réagir. Cet homme, Nicolas Sarkozy, s'était choisi un épouvantail. Aujourd'hui, nulle autorité n'a convoqué de caméras pour instrumentaliser une quelconque "chasse aux Roms". Quelle tristesse de constater que certains ne voient pas cette différence. Concernant les Roms, la dernière séquence estivale a fait des ravages. Le gouvernement s'est empêtré dans une mauvaise affaire - la destruction de camps sauvages, l'expulsion de ceux qui n'étaient ni français ni régularisés, et l'absence de relogements adéquats.
3. L'immigration ne doit plus être un sujet d'instrumentalisation politique. Facile à dire, difficile à faire. Mais le pays et la gauche ont trop souffert de cette instrumentalisation permanente. Ceux qui perdent à ce dernier jeu sont les immigrés eux-même. Il y a donc un délicat équilibre à trouver entre la dénonciation de ce qui ne va pas et la "pacification" du débat politique sur ces sujets.
4. Il y a toujours des immigrés clandestins. Certains, ô surprise, sont toujours expulsés. Le ministre de l'intérieur a reconnu que près de 36.000 de ces derniers avaient été renvoyés chez eux l'an dernier. C'est beaucoup plus que sous Sarkozy. Il était ridicule, en Sarkofrance, de fixer des objectifs d'expulsions. Cela légitimait toutes les dérives puisqu'il fallait trouver le clandestin. Dès l'automne 2007, nous eûmes donc droit à la mise en scène de rafles à la sortie d'écoles ou dans des squares. Il n'y a plus aucun objectif chiffré, seulement des critères et des expulsions quand ces derniers ne sont pas respectés. RESF - pour ne citer qu'elle - sensibilise encore ses soutiens à chaque cas d'expulsions litigieuses. Mais ces alertes semblent moins nombreuses depuis mai 2007 (5 en janvier 2013 ; 12 en décembre 2012; 15 en novembre 2012).
5. Il y a toujours des faits divers qui sont détestables, des situations humanitaires désastreuses, des cas individuels d'expulsions ou de destructions de camps de Roms (puisque les deux sujets sont régulièrement mélangés) qui nous font honte. Il faut les relater, sans se tromper de critiques, sans amalgamer tout et n'importe quoi.
A Ris Orangis (Essonne), un maire socialiste a préféré installer treize élèves roms dans une classe séparée, dans un gymnase voisin, plutôt que de les scolariser dans l'établissement. Il a un bon argument, des classes surchargées. Mais le symbole est odieux, et la solution illégale.
Philippe Alain, sur son blog hébergé par Mediapart, rapporte la situation de cette classe spécialement créée pour des enfants Roms à Saint-Fons. Le symbole - une classe "ethnique" - est odieux. Philippe Alain devient excessif quand il se réfère à l'Apartheid digne de l'Afrique du Sud pré-Mandela ("On a connu pire, c’est vrai, mais c’était en Afrique du Sud du temps de l’apartheid").. L'Apartheid était un régime qui refusait le droit de vote aux non-Blancs. Cette forme "godwinnesque" de la politique est contre-productive et détestable. Elle exprime une rage sincère mais se disqualifie par l'assimilation à des régimes odieux. Il est légitime, nécessaire, de rappeler, préciser, souligner combien la scolarisation de cette vingtaine d'enfants roms est inacceptable (pas de cantine, des locaux séparés, un hébergement dans une salle de commissariat). Il est absurde et malhonnête d'omettre de donner la parole à la défense - la municipalité où sont logés ces Roms n'a plus de places scolaires.
La France est une démocratie.
Il y a des recours, comme le Défenseur des Droits.
Les associations ont l'expression libre, voire même financièrement aidées par des organismes publiques.
La France devrait savoir traiter de ces sujets sans heurts ni violences, sans amalgames ni caricature.
28 Janvier 2013, Juan S
Source : Marianne
La France, comme les Etats-Unis, a décidé de rouvrir le débat sur l'immigration. Un casse-tête au moment où le chômage s'aggrave. Même si l'immigration zéro est une illusion, qui représente un risque pour la croissance.
« La planète entière devient le territoire de déplacements croisés. » Umberto Eco, l'écrivain italien, s'interrogeait, dans « Cinq Questions de morale » (Grasset, mars 2000), sur le fait de savoir si l'on pouvait distinguer entre immigration, un phénomène contrôlable qui ne change pas fondamentalement la culture du pays hôte en restant relativement modeste, et migration, une évolution plus inévitable, lorsque tout un peuple se déplace peu à peu d'un territoire à un autre. C'est le cas notamment avec la présence de plus en plus importante de Latino-Américains aux Etats-Unis, qui a modifié la société américaine et réduit fortement le poids relatif des traditionnels WASP, les Américains « blancs anglo-saxons protestants ». L'Europe est elle aussi devenue un territoire de migration. Au point d'être désormais la deuxième région, après l'Amérique et avant les pays du golfe Arabo-Persique, de destination des flux migratoires.
Au moment où le Parlement français ouvre un débat sur l'immigration économique et où le président Obama appelle à une réforme d'ensemble de l'immigration aux Etats-Unis, la question de la limitation des flux migratoires se pose sous un jour nouveau avec la montée inexorable du chômage ou son maintien à des niveaux élevés. François Hollande, lors de sa campagne électorale, a suggéré que le seuil de l'immigration dite « légale » en France - environ 180.000 par an dont plus du tiers d'étudiants - soit discuté chaque année. Mais la question est un véritable casse-tête politique.
En premier lieu, les statistiques sont des indicateurs trompeurs. A l'échelle mondiale, le nombre de migrants - environ 214 millions de personnes - ne représente qu'une fraction relativement faible des 7 milliards de Terriens (3 %). Mais cette faiblesse est relative. Notamment parce que les statistiques ne prennent pas en compte la population immigrée clandestine. De plus, la moitié environ des migrants dans le monde (110 millions) se retrouve dans les pays de l'OCDE. Mais d'autres critères également entrent en ligne de compte. Dans une étude publiée en 2008, John Martin, de la direction emploi et affaires sociales à l'OCDE, rapportait les flux d'entrée d'immigrants d'âge actif aux effectifs venant s'ajouter à la population en âge de travailler. Et l'économiste parvenait alors sur ce critère à une moyenne de 30 % à 40 % dans la zone OCDE. Dans une note publiée par « Population et sociétés », Gilles Pison, de l'Institut national d'études démographiques (Ined), soulignait de son côté que les Etats-Unis sont certes le pays accueillant le plus d'immigrés : 43 millions en 2010, soit 6 fois plus que l'Arabie saoudite (7,3 millions) ou le Canada. Mais, proportionnellement, ce chiffre ne représentait que 13 % de la population totale américaine contre respectivement 28 % et 21 %. Aujourd'hui, la France, pour sa population née à l'étranger, se situe dans la moyenne des pays industrialisés (11,6 % de la population totale).
Définir une politique migratoire tient ainsi de l'exercice de la corde raide. Tout d'abord, un gouvernement ne peut pas le faire « sans se justifier auprès de son opinion publique », affirme Christophe Bertossi, directeur du centre migrations et citoyenneté à l'Institut français des relations internationales (Ifri). Et il doit le faire en tenant compte de tous les acteurs, non seulement ceux qui se montrent inquiets devant l'arrivée d'immigrés mais aussi ceux - les migrants - qui revendiquent des droits, sans oublier les employeurs, qui expriment les besoins du marché du travail. Ensuite, une « immigration zéro » tient de l'illusion et présente même un risque pour la croissance économique. Car il existe une réelle concurrence entre pays pour les étrangers qualifiés. Nombre d'entreprises ont en outre peu apprécié l'intention d'un David Cameron ou d'un Nicolas Sarkozy, de ne pas permettre l'embauche d'étudiants étrangers hautement qualifiés, surtout lorsque ces derniers ont eu une formation supplémentaire au sein de l'entreprise. Le risque est de voir s'accélérer la fuite des cerveaux vers des pays plus ouverts, comme les Etats-Unis ou le Canada, voire l'Asie. Un pays vieillissant comme l'Allemagne a pu enrayer son déclin démographique grâce à l'immigration avec un solde migratoire positif de 212.000 personnes en 2012.
Mais il y a aussi un autre argument qui joue en faveur des mouvements de population. « The Economist » évoquait récemment l'importance croissante du phénomène des « diasporas ». « Il y a plus de Chinois vivant hors de Chine que de Français en France. Quelque 22 millions d'Indiens sont dispersés dans le monde. » Ces réseaux de parenté liés par une langue commune facilite, constatait l'hebdomadaire, les échanges interfrontières non seulement culturels mais aussi économiques et commerciaux. Sans oublier qu'une brutale réduction des quotas d'étrangers en situation régulière contient une autre menace : celle de faire passer nombre d'immigrés dans la clandestinité et rendre ainsi les migrations encore plus incontrôlables. D'après une récente étude, les Etats-Unis ont dépensé 220 milliards de dollars en un quart de siècle pour le contrôle de leurs frontières, dont 18 milliards pour la seule année 2012. Mais ce contrôle à lui seul, comme le notait le think tank de Washington Migration Policy Institute, « est insuffisant pour répondre à tous les défis que pose l'immigration, légale et illégale, pour la société ». N'est-ce pas un jugement valable aussi pour la France et plus généralement pour l'Europe ?
29/1/2013, Jacques Hubert-Rodier
Source : Les Echos
Les conclusions de la recherche d’Andreea Zamfira ont été publiées aux éditions l’Harmattan fin décembre 2012, au sein de la collection Questions contemporaines. Chercheure à l’Université Libre de Bruxelles, l’auteur collabore au sein du Centre d’étude de la vie politique, dépendant du département de science politique.
La publication analyse le comportement électoral dans les communautés mixtes, notamment plurilinguistiques. Le but est de décortiquer l’influence du facteur ethnolinguistique sur le comportement électoral.
Pour ce faire, deux grandes pistes de recherche ont été suivies : « d'une part, l'élaboration d'un tableau des comportements électoraux dans les communautés plurilinguistiques et, d'autre part, la construction d'un nouveau modèle d'analyse, capable de restituer la complexité du phénomène du vote dans les pays ayant connu une longue mixité culturelle ».
Répondre à certaines interrogations s’avère nécessaire, notamment pour savoir si le fait d'appartenir à une communauté (ethno)linguistique détermine les gens à ne soutenir, ou pas, faisant partis de cette communauté. Mais aussi connaître les caractéristiques des communautés plurilinguistiques où les gens votent de façon atypique, observer des changements dans le temps de ces comportements électoraux, puis essayer d’expliquer les éventuels changements de ces comportements et leurs significations pour la science politique.
29/1/2013
Source : CCME
Les frais payés par les migrants africains pour envoyer de l'argent vers leur pays d'origine sont les plus élevés du globe et privent leur famille de près de 4 milliards de dollars par an, a indiqué lundi la Banque mondiale.
"Les travailleurs africains expatriés (...) payent plus pour envoyer de l'argent dans leur pays d'origine que n'importe quel autre groupe de migrants", a souligné l'institution dans un communiqué.
En 2012, les commissions prélevées par les établissements financiers se sont relevées à 12,4% pour les transferts d'argent vers l'Afrique sub-saharienne contre 8,9% pour l'ensemble du globe et 6,5% en direction de l'Asie du Sud, selon la Banque mondiale.
"Les frais de transaction élevés amputent les transferts de fonds qui sont vitaux pour des millions d'Africains", souligne Gaiv Tata, un des responsables du département Afrique de la Banque mondiale, cité dans le communiqué.
Si ces frais étaient ramenés à 5% --objectif fixé par la communauté international pour 2014--, les migrants africains économiseraient 4 milliards de dollars par an, selon les calculs de la banque.
En 2012, ils ont envoyé près de 60 milliards de dollars à leur famille.
Dans son rapport, la Banque mondiale appelle les gouvernements à davantage ouvrir le secteur des transferts de fonds à la concurrence afin de faire baisser les prix.
Les transferts d'argent des migrants vers les pays en développement ont augmenté en 2012 pour atteindre 406 milliards de dollars, selon les estimations de la Banque mondiale publiées en novembre. L'Inde (70 milliards de dollars) et la Chine (66 milliards) en sont les principaux destinataires.
28/01 | 2013
Source : Les Echos
L'ancien ministre UMP de l'Intérieur, Brice Hortefeux, a accusé dimanche le gouvernement "d'ouvrir les vannes de l'immigration", alors qu'en 2012 la France a battu le record des expulsions d'étrangers en situation irrégulière avec 36.822 personnes reconduites.
Invité à commenter ce chiffre des reconduites à la frontière, lors du "Grand rendez-vous" Europe1/LeParisien/i>TELE, M. Hortefeux a fait valoir qu'il fallait "l'affiner": "sur les mois de présidence Sarkozy 20.300 personnes en situation irrégulière ont été reconduites et sur les mois du gouvernement 16.500. Ce qui constitue une baisse immédiate de 20% sur les reconduites à la frontière".
Il a en outre dénoncé "les signaux adressés" comme les "critères de naturalisation revus dans le sens d'une ouverture à tous vents". "On ouvre les vannes de l'immigration et on encourage le regroupement familial", a-t-il dit.
Brice Hortefeux a fait trois propositions: "clarifier la question du code nationalité", car des dispositions dans ce domaine "sont éparses dans le code civil"; instaurer un "serment sur la Constitution devant l'autorité préfectorale" pour les naturalisations; et appliquer "le droit du sol exclusivement pour les personnes en situation régulière" dans certains territoires d'outre-mer.
Sur ce dernier point, le député européen a cité le cas de Mayotte où "le tiers de la population est en situation irrégulière" et où "70% des naissances" à la maternité de Mamoudzou sont le fait de "mères en situation irrégulière". Il a évoqué aussi la Guyane.
"Il faut appliquer le droit du sol sur ces territoires (...) exclusivement pour les personnes en situation régulière", a-t-il dit.
28/1/2013
Source : AFP