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La Commission nationale consultative des droits de l'homme a rendu son rapport annuel sur les actes racistes. S'ils ont diminué en 2011, l'intolérance de la société française, elle, s'accentue.
Par SYLVAIN MOUILLARD
Les «événements» de Toulouse sont bien entendu dans tous les esprits. Mais, pour la remise de son rapport annuel (le lire en intégralité ici), la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH) n'a évoqué que l'année 2011. Principal objet de ses recherches : les actes racistes, antisémites et xénophobes commis en France l'an passé. L'autre volet du rapport est une étude d'opinion (1) sur la tolérance des Français. Et les résultats sont ambivalents. En 2011, le nombre d'actes et de menaces racistes est en recul. La CNCDH en a comptabilisé 1 254, soit une baisse de 7% par rapport à 2010.
Mais le sentiment raciste, lui, progresse. Quelque 48% des sondés estiment par exemple que l'immigration est la principale cause de l'insécurité (+4 points par rapport à 2010). Globalement, ce sont les Maghrébins et les musulmans qui cristallisent le ressentiment. Yves-Marie Cann, de l'institut CSA, qui a réalisé l'étude d'opinion, s'avoue désarmé quand il s'agit d'expliquer ces phénomènes concomitants et apparemment contradictoires. Il esquisse une première analyse : «Peut-être que la moindre présence des actes racistes dans le champ médiatique incite à une libération de la parole raciste», juge-t-il.
Voici les principales conclusions de l'enquête.
Les actes et menaces à caractère raciste : en recul, sauf pour les atteintes à l'islam
«Il n'y a pas eu d'événement très grave en 2011», note Marc Leyenberger, de la CNCDH. «On observe une diminution des actes racistes (-2,4%) et antisémites (-16,5%) par rapport à l'année précédente.» Ceux-ci se concentrent principalement dans trois régions : l'Ile-de-France, Paca, et Rhônes-Alpes. Principales satisfactions : le recul des actes antisémites, qui atteignaient il y a quelques années encore des «niveaux graves», et la baisse des menaces en milieu scolaire (-48%). Marc Leyenberger salue en particulier l'action du ministère de l'Education nationale.
Mais il ne peut que déchanter devant les chiffres des atteintes aux personnes en raison de leur confession musulmane. En 2011, ils ont augmenté de 33,6%. 38 actes et 117 menaces ont été recensés. «La figure de l'étranger et du musulman vient cristalliser un certain nombre de craintes, explique-t-il. C'est là que s'articule le lien entre immigration et insécurité.» La CNCDH invite toutefois à regarder ce phénomène avec prudence, notant «l'amélioration du recensement des actes commis», ce qui peut expliquer leur nette augmentation.
La tolérance de la société française : «L'ambiance n'est pas bonne»
Même si le niveau de tolérance reste globalement élevé en France, l'évolution au cours des deux dernières années est négative. «On assistait depuis 2005 à un recul des préjugés. La tendance s'est inversée en 2010, remarque Marc Leyenberger. On avait expliqué ce phénomène par la crise économique, le chômage... des facteurs qui ont tendance à favoriser un racisme de protection contre une menace supposée venant de l'extérieur.» L'argument économique ne suffit plus. Pour Leyenberger, l'accumulation d'événements tels que les révolutions arabes, le discours de Grenoble, les débats sur le voile intégral ou les prières de rue, voire le travail de dédiabolisation du FN entamé par Marine Le Pen, peuvent permettre de comprendre cette montée de l'intolérance.
Certains chiffres sont édifiants. Ainsi, 7% des sondés s'assument «plutôt racistes» (une hausse de 3 points en quelques mois). La vision de la société française est aussi de plus en plus atomisée. Pour 77% des sondés, les Roms sont «un groupe à part». La proportion est de 51% pour les musulmans, 40% pour les Maghrébins, 38% pour les Asiatiques. 31% des sondés jugent que «les enfants d'immigrés nés en France ne sont pas vraiment français». L'idée selon laquelle «de nombreux immigrés viennent en France uniquement pour profiter de la protection sociale» est largement ancrée (70%). Enfin, 55% des sondés seraient prêts à paraphraser Claude Guéant, estimant «qu'aujourd'hui, en France, on ne se sent plus chez soi comme avant».
Cette série d'indicateurs inquiète la CNCDH, qui ne manque pas de pointer du doigt «l'impact que peuvent avoir certains discours politiques ou certains débats nationaux sur l'attitude de quelques-uns de nos concitoyens».
27/3/2012
Source : Libération

Un documentaire suisse, dérangeant mais éclairant, suit des clandestins attendant leur expulsion à Genève.
De ce film très fort naît une sensation persistante de malaise, renforcée par l’attitude volontairement « objective » du cinéaste.
En 2008, Fernand Melgar avait reçu le Léopard d’or au Festival de Locarno pour son précédent documentaire, La Forteresse, qui s’intéressait aux conditions d’accueil des demandeurs d’asile en Suisse (1). Recevant pour la première fois l’autorisation de filmer l’intérieur d’un centre de rétention, il s’immerge cette fois dans l’établissement « vitrine » de Frambois, à Genève, où les demandeurs déboutés peuvent être détenus jusqu’à dix-huit mois – vingt-quatre il y a encore peu – avant d’être expulsés.
D’un côté, une vingtaine d’hommes emprisonnés, dans l’attente, à moins d’un miracle, de l’annonce du vol retour : vol régulier ou « vol spécial » pour les récalcitrants qui, comme en France, peuvent être ligotés. De l’autre, un personnel soucieux du bien-être des « pensionnaires », attentif à ce que tout se passe dans le calme, nouant avec les malheureux une relation qui se veut très humaine. Jusqu’au jour J.
Un cinéaste «engagé mais non militant»
De ce film très fort naît une sensation persistante de malaise, renforcée par l’attitude volontairement « objective » du cinéaste. Nul ne songerait à déplorer que ces hommes – qui ont tout de même la sensation qu’on les prend pour des criminels – soient mieux traités qu’ailleurs. Si rien n’autorise à dire qu’elle est feinte, l’extrême prévenance du personnel d’encadrement, mélange de politesse, de connivence et de paternalisme, devient pourtant rapidement insupportable. Tout à fait révoltante lorsqu’elle s’applique à planifier les départs, vécus comme autant d’arrêts de mort.
À cette « bienveillance » répondent heureusement quelques saines colères de détenus, pas dupes de cet « humanisme » à portée limitée. Tous ont accepté d’être filmés, y compris dans ces moments très difficiles, pour témoigner de leur situation. On aurait toutefois aimé, à un moment ou à un autre, recevoir plus directement leur parole.
Fernand Melgar qui se définit comme un cinéaste « engagé mais non militant », préfère – au risque de déstabiliser – renvoyer le spectateur à sa propre échelle de valeurs plutôt que de lui servir une indignation prémâchée. Récemment diffusé à la télévision, le film a provoqué dans la Confédération un très large débat public.
(1) Le film sort dans les salles françaises en même temps que « Vol spécial ».
27/3/2012, ARNAUD SCHWARTZ
Source : La Croix

Depuis les drames de Montauban et de Toulouse, les politiques multiplient les acrobaties de langage. Le chercheur François Héran nous fournit les sous-titres.
La série commence à devenir impressionnante. En moins d'une semaine, l'éditorialiste du Figaro parle de « parachutistes d'origine musulmane » ; le ministre de l'Intérieur s'associe à la peine de la « com’munauté israélienne de France » ; le président de la République invente les « musulmans d'apparence » ; la première secrétaire du PS distingue les « femmes d'origine maghrébine » et « les Françaises ».
Lapsus ou formules malheureuses, ces phrases trahissent une vraie difficulté à désigner l'appartenance religieuse ou l'origine ethnique des gens.
Qu'est-ce qui pousse des responsables politiques et des commentateurs à s'embarquer dans des formules confuses ?
Pour François Héran, directeur de recherche à l'Institut national des études démographiques (Ined), c'est la peur :
« Une partie du problème vient du fait que, quelles que soient les formules utilisées, on est sûr d'être pris pour cible, accusé par les uns d'être hypocrite et aveugle, par les autres de porter atteinte à l'unité de la République. »
Il décrit ainsi l'embarras dans lequel se trouve quiconque veut désigner certaines catégories de personnes en fonction de leurs origines ou leur religion (et même leur apparence physique) :
« Si vous utilisez des termes directs et que ces termes ont pris historiquement des connotations négatives, il se trouvera toujours des journalistes, des politiques ou des associations pour vous le reprocher et vous accuser de donner dans la discrimination.
Mais si vous utilisez en revanche des termes voilés ou des circonlocutions, il se trouvera encore des journalistes, des politiques ou des associations pour vous le reprocher ! Et vous serez vite accusé de verser dans le déni de réalité. »
La recherche d'un entre-deux aboutit aussi à des solutions maladroites. Elles évitent les mots qui brûlent la langue : « juif », « immigré », « arabe ». Et en utilisent d'autres à tort et à travers : « communauté », « musulman »...
Nous avons demandé à François Héran d'analyser les trois exemples qui nous ont sauté aux oreilles ces derniers jours.
1-  Guéant et la « communauté israélienne de France »
Claude Guéant, le 26 mars, devant la Grande synagogue de la Victoire à Paris :
« Je suis venu m'associer à la peine qu'éprouve toute la communauté israélienne de France, une peine qui est partagée par tous les Français que je représente ce soir. »
L'analyse de François Héran :
« Je crois qu'il a simplement confondu “israélien” et “israélite”. Mais il a aussi oublié, ce faisant, que le mot “israélite” est tombé en discrédit, parce qu'il a été abondamment utilisé sous Vichy. C'est un manque de culture historique.
Le problème est qu'on ne sait plus bien quoi dire. Prenez une expression comme “la communauté juive”. Elle sert à atténuer l'expression “les juifs”, qui, utilisée seule, est perçue comme violente, trop essentialiste, trop marquée. Si vous dites “les juifs de France”, cela passe déjà mieux que “les juifs” tout court.
L'historien Pierre Birnbaum, qui a publié plusieurs livres remarquables sur l'antisémitisme, a critiqué l'usage de l'expression “la communauté juive” au motif qu'elle fleure le communautarisme.
Sur ce point précis, je ne le suis pas. Le mot “communauté” remplit simplement une fonction d'atténuation. Quand vous dites “la colonie française de Mexico” pour désigner les expatriés français du Mexique, ça n'a rien de colonialiste. »
2- Sarkozy et les « musulmans d'apparence »
Nicolas Sarkozy, le 26 mars sur France Info :
« Je rappelle que deux de nos soldats étaient – comment dire ? – musulmans, en tout cas d'apparence, puisque l'un était catholique. D'apparence... Comme on dit : de la diversité visible. »
L'analyse de François Héran :
« C'est un cas de figure intéressant, celui d'une discordance entre l'apparence physique et la réalité administrative ou sociale : vous portez un nom et un patronyme arabes ou bien vous avez une apparence physique qui trahit vos origines mais, voilà, vous êtes catholique. Notre sens commun, qui mise sur la cohérence, est déconcerté.
Un exemple classique est celui des Antillais descendants d'esclaves. Ils ont beau être français depuis des siècles, ils sont souvent pris pour des immigrés récents d'Afrique noire et sont exposés aux mêmes discriminations raciales (comme l'a confirmé récemment l'enquête TeO de l'Ined et de l'Insee).
Cette discordance entre le visible et l'invisible a toujours posé des problèmes. On trouve encore aux Antilles des proverbes soulignant qu'un attribut peut modifier l'autre en cas de discordance. Par exemple, “Un noir riche est un mulâtre” – sous-entendu : il progresse dans l'échelle du “blanchiment” social grâce à sa richesse. »
3- Aubry et les « femmes d'origine maghrébine »
Martine Aubry, le 27 mars sur France Inter :
« Il y a des femmes d'origine maghrébine, je sais pas pourquoi on dit musulmanes [...]. Dans ce quartier, il y a des personnes d'origine maghrébine, comme il y a des Françaises. »
L'analyse de François Héran :
« Martine Aubry semble exclure ces femmes de la communauté nationale. Mais beaucoup de gens ont du mal à comprendre qu'on puisse être à la fois immigré et français. Pourtant, plus de 40% des immigrés ont acquis la nationalité française, toutes générations confondues.
En disant “femmes d'origine maghrébine”, elle évite les termes “Arabes” et “immigrées”.
Mais il faut savoir que la majorité des immigrés ressent aujourd'hui très mal l'expression “les immigrés”. On les comprend : neuf fois sur dix, dans le débat public, le mot est utilisé de façon péjorative ou dans un contexte accusateur.
De plus, “immigré” donne le sentiment qu'on enferme quelqu'un à vie dans son passé, même s'il acquiert la nationalité française par la suite.
Dans les enquêtes que nous menons à l'Ined, nous n'utilisons jamais le mot “immigré”, tant il est chargé.
Nous ne demandons pas à quelqu'un s'il est “immigré” ; nous lui posons des questions sur sa trajectoire personnelle ou familiale en utilisant les pays de naissance et les nationalités et nous en déduisons ensuite s'il est “immigré” ou non, au sens technique du terme. »
4- Comment devenir « color-blind » ?
François Héran pense que « le “color-blind” (ou le “religion-blind”), c'est-à-dire le refus de voir la couleur, l'origine, voire la religion, alors même qu'elles sont visibles » est « une ascèse à construire ».
Mais en attendant ? Faut-il privilégier le tact ? Ou refuser la police des mots et distribuer des étiquettes sans se soucier des réactions des intéressés ?
Pour le chercheur, tout dépend du contexte. « Trouver la bonne formule ne sera jamais facile. C'est précisément pour cela que nos hommes politiques se mélangent les pinceaux dès qu'ils improvisent sur ces questions. Ils manquent d'“éléments de langage”, parce que ces éléments n'existent pas tout fait. »
27/3/2012, Mathieu Deslandes
Source ; Rue89/Nouvel Observateur

Zine-Eddine Mjati  s’est aguerri en politique dans les rangs de la Jeunesse de l’USFP où il a fait ses premiers pas jusqu’à l’âge de 21 ans avant de s‘exiler en France pour y militer toujours le cœur à gauche. Aujourd’hui, à 46 ans, si son cœur n’a pas viré de bord, il aura,  tout de même, attiré par quelques sirènes vertes, botté en touche, chemin faisant, ces bons vieux Marx et Lénine, pour se consacrer bec et ongles aux causes écolos.

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