Nicolas Sarkozy, le 24 octobre 2005, déclarait au Monde : "Je ne trouve pas anormal qu'un étranger en situation régulière, qui travaille, paie des impôts et réside depuis au moins dix ans en France, puisse voter lors des élections municipales. J'ouvre un débat en faveur d'une mesure que je pense juste." Et comme il y a plusieurs droites à droite, une certaine "droite libre", "mouvement libéral-conservateur associé à l'UMP", lance sa propre pétition, associant, pour faire grand peur aux Français, danger islamiste et droit de vote des immigrés.
Et pourtant, recroquevillées dans leur château élyséen, nos droites se trompent en imaginant nos concitoyens plus xénophobes qu'ils ne le sont. Un sondage Harris Interactive réalisé les 28 et 29 octobre montre qu'une fois qu'ils ont été informés que les étrangers issus des pays membres de l'UE, installés en France, ont le droit de vote aux élections municipales (et européennes), 59 % se déclarent favorables à l'extension de ce droit aux étrangers résidents non-membres de l'UE. Et 56 % s'affirment également favorables à ce que tous les étrangers vivant en France puissent prendre part à l'ensemble des élections locales, contre 41 % qui s'y opposent.
L'octroi de ce droit, qui concerne plus de 3 millions de personnes, est sacrifié par la droite sur l'autel d'un nationalisme d'un autre temps. Nous sommes entrés dans une ère postnationale, où la citoyenneté ne peut plus être l'apanage des seuls nationaux. C'est en vain, nous l'espérons, que nos droites chauvines tentent de relancer leurs vieilles rengaines au parfum de terroir, pour occulter leur incapacité à innover. Quand le pays est au bord du gouffre, elles ne trouvent à nous servir que des poncifs éculés, espérant divertir le peuple, au lieu de lui insuffler énergie et espoir. Glorifier le passé - celui de la nation - ne "coûte pas cher". Construire l'avenir exige plus de volontarisme et d'inventivité.
L'intégration, tout le monde en parle ! Mais il ne saurait y en avoir sans que la société d'accueil s'engage, de son côté, à "intégrer". Or l'octroi du droit de vote serait, de ce point de vue, un acte positif. Il démontrerait à ceux, venus d'ailleurs, qui travaillent pour faire tourner la machine économique, qui élèvent leurs enfants dans notre pays et qui y paient leurs impôts, que les "nationaux" les reconnaissent comme leurs égaux et leur demandent à ce titre de participer à la vie de la République.
On sort là de la très théorique promotion de l'"égalité des chances", ce dernier loto à la mode. C'est par le vote, d'abord, qu'on responsabilisera les immigrés résidant en France depuis au moins cinq ans, et au-delà, par l'exemple, leurs propres enfants, 23 % des Français issus de l'immigration déclarant ne pas être inscrits sur les listes électorales, contre 7 % des Français "d'origine". Une manière aussi, pour eux, de faire entendre leurs voix pour faire changer leur condition au quotidien et sensibiliser leurs concitoyens à leurs problèmes. Mettons plus de République dans l'immigration et plus d'immigration dans la République. C'est la démocratie qui y gagnera.
Le traité de Maastricht, en 1992, ébauchait la notion de citoyenneté européenne en accordant le droit de vote et l'éligibilité aux élections locales et européennes aux résidents étrangers des pays membres de l'UE. Ce n'est qu'aux élections municipales de 2001 que la France, traînant les pieds jusque-là, appliquera ce principe. Une certaine droite, à nouveau, freine des quatre fers, distinguant cette fois entre "bons" et "mauvais" résidents étrangers. Une discrimination flagrante que la France reste un des derniers pays européens à pratiquer.
Le droit qu'on prétend discuter encore faisait déjà partie des "110" propositions de François Mitterrand, candidat socialiste à la présidentielle de 1981. Presque vingt ans plus tard, entre octobre 1999 et janvier 2000, quatre propositions de loi sont déposées à l'Assemblée nationale par la gauche plurielle. Les Verts, qui, sur cette question, sont en première ligne depuis 1981, signent la première, qui sera discutée en séance publique, en avril 2000, et c'est le député Noël Mamère qui en est le rapporteur.
La loi est adoptée par l'Assemblée le 3 mai 2000, sous le gouvernement de Lionel Jospin. Elle ne permet pas aux étrangers non communautaires d'exercer les fonctions de maire ou de maire adjoint, ni de participer à la désignation des grands électeurs et à l'élection des sénateurs. La majorité sénatoriale, dominée par l'UMP, refuse de l'examiner. Cette majorité a basculé. Et cette même loi est désormais inscrite à l'ordre du jour du Sénat, conformément à l'engagement pris par son nouveau président socialiste, Jean-Pierre Bel. Elle sera discutée le 8 décembre. Et c'est à nouveau une parlementaire Europe Ecologie-Les Verts, Esther Benbassa, qui en sera la rapporteure.
Il serait choquant que ce projet ne réunisse pas, au-delà de la gauche et du centre, une bonne partie des suffrages de la droite républicaine. L'enjeu est clair : ce vivre-ensemble qui nous fait tant défaut, et que la participation politique peut contribuer à créer. Ne laissons pas une nouvelle fois passer le coche.
En Angleterre, des immigrés siègent dans les conseils municipaux dès les années 1970, les élites locales ayant compris l'intérêt de toucher ces nouvelles composantes de la population ; ces élus allaient jouer les intermédiaires pour les atteindre. Dans les années 1990, dans certaines villes, ils sont parfois même surreprésentés par rapport à leur poids démographique. Dans le même temps, le nombre croît de descendants d'immigrés, britanniques de plein droit, qui siègent au Parlement. Et, depuis le scrutin de 2007, la Chambre des communes en compte 14, auxquels s'ajoutent 22 lords et quatre députés européens.
Même si ce résultat-là reste modeste, il est plus élevé que chez nous, qui tardons, par conservatisme et en raison du cumul des mandats, à ouvrir nos assemblées aux Français dont les racines ne plongent pas dans le terroir. Nos élites ont besoin de diversité pour se renouveler. Et dans cette direction le droit de vote et d'éligibilité des immigrés non européens aux élections locales sera, si nous le voulons, un premier pas décisif.
23/11/2011, par Esther Benbassa (Editorial)
Source : Le Monde
Une délégation marocaine a pris part, mardi à Dakar, aux travaux de la 3ème "Conférence ministérielle euro-africaine sur la Migration et le Développement" qui connait la participation des ministres en charge de la migration dans les pays d'Afrique centrale et de l'Ouest, du Maghreb et d'Europe.
Des représentants des ministères des affaires étrangères, de l'Intérieur et celui chargé de la Communauté Marocaine Résidant à l'Etranger ont entamé les travaux de cette rencontre par une réunion préliminaire de hauts fonctionnaires devant soumettre le document "stratégie de Dakar" à la rencontre des ministres compétents en matière de migration des pays d'Afrique centrale et de l'Ouest, du Maghreb et d'Europe qui devra se réunir ce mercredi.
Baptisée aussi "Processus de Rabat", la première Conférence ayant été tenue dans la capitale du Royaume en juillet 2006, cette manifestation euro-africaine procédera à l'évaluation du "Programme de Coopération Triennal de Paris" (2008-2011), ainsi qu'à l'adoption d'une nouvelle stratégie qui fixera les priorités du dialogue sur la migration entre les pays partenaires pour la période 2012-2014.
Cette 3ème conférence s'inscrit dans le cadre du "Processus de Rabat" qui a jeté les jalons de cette coopération Nord-Sud sur la question de la migration et qui a eu le mérite de développer une approche globale associant la lutte contre la migration illégale et la question du développement dans les pays du sud, a indiqué le chef de la délégation marocaine, Mohamed Bernousi, secrétaire général du ministère chargé des affaires de la communauté marocaine à l'étranger.
L'un des importants volets de cette conférence porte sur l'implication de la diaspora dans le développement des pays d'origine à travers des mécanismes appropriés, a souligné M. Bernousi, assurant que la délégation marocaine est très sollicitée par les partenaires du Processus compte tenu de l'expérience marocaine dans ce domaine.
Dans un contexte marqué par les drames humanitaires causés par les flux croissants de migrants en situation irrégulière depuis l'Afrique sub-saharienne vers l'Europe, les ministres de plus d'une cinquantaine de pays d'origine, de transit et de destination se sont réunis pour la première fois en 2006 à Rabat afin de répondre aux questions soulevées par les enjeux migratoires.
Les vues convergentes exprimées lors de ces assises ont révélé la nécessité d'appréhender les questions migratoires de façon équilibrée et dans un esprit de responsabilité partagée.
La déclaration et le Plan d'action adoptés lors de la Première Conférence de Rabat, témoignent d'un partenariat novateur caractérisé par une vision commune qui a jeté les bases d'un partenariat étroit entre les pays concernés par la "route migratoire africaine" comprenant les flux migratoires vers l'Europe en provenance du nord, du centre et de l'ouest du continent noir.
Deux ans plus tard, la deuxième Conférence Euro-Africaine sur la Migration et le Développement, organisée cette fois ci à Paris en 2008, confirmait la vitalité du "processus de Rabat" et opte pour l'adoption d'un ambitieux programme de coopération triennal (2008-2011) financé par l'Union Européenne et l'Agence Espagnole de la Coopération International et du Développement.
La troisième conférence ministérielle Euro-Africaine sur la migration et le développement de Dakar intervient dans la continuité des deux premières afin d'évaluer la mise en oeuvre du programme de coopération et paver la route de la coopération future en matière de migration.
En parallèle à cette manifestation, un réseau des sociétés civiles du Nord et du Sud organise, depuis lundi à Dakar, un "Contre sommet citoyen". Une initiative qui se veut une tribune pour interpeller les officiels de la 3ème Conférence de Dakar sur la question de la migration et des droits des migrants et personnes déplacées.
Mobilisés autour du slogan "Des ponts, pas des murs", les voix de ce sommet citoyen ont concordé pour dénoncer "les conséquences de la politique européenne d'immigration et proposer des alternatives à une Europe qui se transforme en forteresse, une Europe source de déséquilibre entre le Nord et le Sud".
22/11/2011
Source : MAP
Quelque 150 ressortissants maliens faussement accusés par le nouveau pouvoir en Libye d'avoir été des mercenaires de l'ex-dirigeant Mouammar Kadhafi, sont rentrés mardi à Bamako et ont livré à l'AFP des témoignages accablants sur la manière dont ils ont été traités.
Ces Maliens, "accusés de mercenariat par les rebelles devenus nouvelles autorités libyennes" du Conseil national de transition (CNT), "ont été emprisonnés", a déclaré un responsable des services de la protection civile de Bamako, venu les accueillir à leur retour par un vol spécial de l'Office internationale des migrations (OIM).
"Après enquête, la Libye a su qu'ils n'étaient que de simples travailleurs et ils viennent d'être libérés", a-t-il ajouté,
Plusieurs de ces Maliens rapatriés ont affirmé à l'AFP avoir été "victimes de brutalité, de racket, d'injures" en Libye.
"Pour les rebelles libyens, tout ce qui est Noir est mercenaire de Kadhafi. Moi j'étais chez moi, ils sont venus m'arrêter et on m'a emprisonné", a ainsi témoigné l'un d'eux, Ali Kéita.
"Moi, avant de m'emprisonner parce que, pour eux, j'étais un mercenaire, ils ont volé mon argent, près de 600.000 FCFA (un peu moins de 1.000 euros) et mon portable. Vraiment, ils ont été méchants", confirme Samuel, seul catholique du groupe.
Selon un autre témoignage, tous les Maliens arrêtés se sont retrouvés dans une prison insalubre plusieurs semaines, avant de pouvoir rentrer.
"En prison, on avait deux morceaux de pain par jour, on ne voyait pas le soleil", raconte Mamoud Kanté, ajoutant: "Un jour, un militaire libyen pris de peur parce qu'on se dirigeait vers lui a même tiré sur nous et il y a eu des blessés".
Dans la cour de la direction de la protection civile de Bamako où ils ont été amenés, l'un de ces Maliens présente des signes de démence. "Oui, ce jeune touareg est fou, il est très traumatisé, et dès qu'il voit un homme en tenue militaire, il a peur", explique un agent de la protection civile.
"Vraiment, au temps de Kadhafi, c'était mieux. Même si les militaires de Kadhafi étaient parfois méchants, c'était mieux. Aujourd'hui, les +nouveaux militaires+ nous traitent comme des chiens", estime Bréhima Touré, autre Malien rapatrié de Libye.
"Il y a beaucoup d'autres Africains en prison en Libye. Il faut que l'Afrique pense à eux. Sinon, ils vont mourir ", ajoute-t-il.
22/11/2011
Source : AFP
Le président de la République italienne, Giorgio Napolitano, a plaidé mardi, pour l'octroi de la nationalité italienne aux enfants d'immigrés nés en Italie, appelant le parlement à adopter une loi dans ce sens.
"Il est insensé que les enfants d'immigrés qui sont nés en Italie ne peuvent devenir des citoyens italiens", a déploré le chef de l'Etat italien, estimant que l'octroi de la nationalité à ces personnes est "un droit fondamental parmi leurs droits".
"J'espère que le Parlement abordera également cette question. Le nier est une vraie folie, une absurdité. Ces enfants ont cette aspiration", a souligné Giorgio Napolitano lors d'une rencontre avec une association religieuse, au siège de la présidence italienne.
Dans ce cadre, le chef de l'Etat italien s'est félicité de la création pour la première fois, en Italie, par le Premier ministre, Mario Monti, d'un ministère de la coopération et de l'intégration sociale, en charge notamment, de l'immigration.
Le président Napolitano a émis le vÂœu que "cette initiative fasse prendre conscience de la nécessité d'insuffler une énergie nouvelle à une société (italienne) gagnée par la vieillesse (...)".
Le projet de loi accordant la citoyenneté aux enfants d'immigrants qui sont nés et ont grandi en Italie avait rencontré l'opposition du gouvernement précédent de Silvio Berlusconi, où siégeait la Ligue du nord, un parti autonomiste et anti-immigration.
Vendredi dernier, le leader du parti démocratique (gauche), Pierluigi Bersani, a évoqué cette question lors du débat sur le programme du gouvernement Monti.
"Chers membres de la Ligue, nous avons des centaines de milliers d'enfants d'immigrés qui paient les impôts, vont à l'école, parlent l'italien, et qui ne sont ni immigrés, ni Italiens et ne savent pas qui ils sont. C'est une honte", avait-il, alors déploré. 22/11/2011
Source : Agence algérienne (APS)
Sommet citoyen de Dakar: près de 14.000 africains morts sur les routes de la migration clandestine
Près de quatorze mille africains sont morts en empruntant les routes périlleuses de la migration clandestine vers l'Europe entre 2006 et 2011, ont annoncé des acteurs des sociétés civiles réunis lundi à Dakar dans le cadre d'un "sommet citoyen des sociétés civiles du Nord et du Sud sur la migration".
"Que font les Etats africains pour protéger leurs ressortissants, alors que les pays européens ne lésinent pas sur les moyens pour obtenir la libération d'un seul de leurs concitoyens enlevé", s'est insurgé le coordonnateur de la manifestation, Mamadou Diouf qui déplore que des milliers d'africains sont réduits à l'errance et aux souffrances sur les routes de la migration clandestine à travers les déserts et la périlleuse traversée de la mer pour rejoindre les côtes européennes.
Par ce "contre sommet", le réseau des sociétés civiles du Nord et du Sud veulent ériger une tribune pour interpeller les officiels qui feront le déplacement à Dakar sur la question de la migration, des droits des migrants et personnes déplacées et déposer un mémorandum à la Conférence des Ministres.
La 3eme "Conférence ministérielle euro-africaine sur la Migration et le Développement" se tient, mardi et mercredi à Dakar, avec la participation des ministres compétents en matière de migration des pays d'Afrique centrale et de l'Ouest, du Maghreb et d'Europe.
Lors de ce rassemblement d'acteurs associatifs du Nord et du Sud mobilisés autour du slogan "Des ponts, pas des murs", les voix ont concordé pour dénoncer "les conséquences de la politique européenne d'immigration et proposer des alternatives à une Europe qui se transforme en forteresse, une Europe source de déséquilibre entre le Nord et le Sud".
Les critiques ont particulièrement fusé contre le "Frontex" (l'agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures des Etats membres de l'Union) qui s'étend des côtes nord du Maghreb jusqu'à celle de l'Afrique de l'Ouest.
Les intervenants ont estimé que ce dispositif onéreux s'avère inefficace en se référant à la récente déferlante des migrants clandestins sur les côtes sud de l'Italie à partir de la Tunisie avec le lot de drames habituels.
Ils ont ainsi appelé à la suppression du Frontex qui s'est avéré inefficace et affecter plutôt son budget colossal à des projets de développement dans les pays du sud. Depuis que le Frontex a commencé à s'ériger en édifice entre l'Europe et l'Afrique, les migrants ont trouvé d'autres issues comme les pirogues qui empruntent la mer sur des distances de plus en plus longues avec un risque encore élevé, a-t-on expliqué à ce sujet.
Les organisations de la société civile ont également traité des accords de Cotonou sur la migration et particulièrement en son article 13 sur la réadmission des migrants clandestins refoulés.
Selon les activistes de la société civile, cet accord signé par l'Union Européenne et les pays ACP (Afrique-Caraïbes, Pacifique) est abusif pour les pays du sud qui sont obligés d'accepter la clause de la réadmission pour accéder à l'aide au développement.
Pour eux, l'aide européenne au développement ne doit pas être conditionnée au contrôle des flux migratoires, elle doit procéder d'une vision de solidarité et d'équité.
Par ce contre sommet, il s'agit de promouvoir une approche "Migration et développement " fondée sur les intérêts mutuels des migrants, des sociétés et des populations laborieuses du Nord et du Sud, indiquent les organisateurs, précisant que le contre-sommet de Dakar vise aussi à témoigner de "la mobilisation constante et sans faille des sociétés civiles face aux politiques migratoires des pays de l'Union Européenne".
Il est prévu que les travaux du sommet citoyen seront sanctionnés par un mémorandum qui sera adressé aux participants à la 3eme "Conférence ministérielle euro-africaine sur la Migration et le Développement".
Baptisée aussi "Processus de Rabat", la première conférence ayant été tenue dans la capitale du Royaume en juillet 2006, cette manifestation euro-africaine procédera à l'évaluation du "Programme de Coopération Triennal de Paris" (2008-2011), ainsi qu'à l'adoption d'une nouvelle stratégie qui fixera les priorités du dialogue sur la migration entre les pays partenaires pour la période 2012-2014.
22/11/2011
Source : MAP
Plusieurs rappeurs, comme La Fouine, Oxmo Puccino, Sefuy et Soprano, racontent leur premier contrôle policier dans la vidéo diffusée par le Collectif contre le contrôle au faciès. Ils ont visiblement de quoi nourrir leur récit: selon l'étude du CNRS «Police et Minorités Visibles : les contrôles d’identités à Paris» citée sur le site du collectif, «le fait d’avoir la peau noire entraîne un risque d’être contrôlé 3,3 à 11,5 fois supérieur selon les sites, et le fait d’avoir le type Maghrébin un risque 1,8 à 14,8 fois supérieur».
Pour l'égalité de traitement, le collectif a lancé une «action nationale, contre les contrôles d'identité abusifs»: «A chaque contrôle hors véhicule et sans motif, retenez la date, l’heure, le lieu, le contexte du contrôle, le motif annoncé, le déroulement et le comportement du policier», est-il expliqué sur le site. Il faudra ensuite envoyer toutes ces informations par SMS au 07 60 19 33 81, et «le Collectif vous rappellera en 24 heures pour faire valoir vos droits».
D'autres témoignages d'artistes ou de sportifs devraient suivre.
Le 29 octobre, une journée «Vos papiers» avait été organisée par les Indivisibles pour montrer l'inégalité des contrôles policiers. Le collectif demande une modification de l’article 78.2 du code pénal pour permette un recours en cas de discrimination lors d'un contrôle policier.
21/11/2011
Source : Libération
Avec 16 Marocains, 1 Algérien et 1 Tunisien naturalisés, l’Afrique du Nord concentre la majorité des demandes, devant l’Afrique subsaharienne : Congo, Mali, Cameroun…
Ils sont 116 cette année à avoir demandé et obtenu la nationalité française par la procédure de naturalisation. Cela représente un tiers des demandes déposées.
«La patrie, ce n’est pas seulement une carte d’identité et des droits. Ce sont aussi des devoirs et une adhésion du cœur et de l’esprit. » Hier, le préfet de l’Oise, Nicolas Desforges, a remis leur décret de naturalisation à 45 nouveaux Français. Appareils photo en main et sourire aux lèvres, ils laissent éclater leur joie et quelques-uns entonnent même « la Marseillaise ».
« Je suis heureux, c’est un grand jour pour moi », lâche l’un de ces nouveaux citoyens français.
Au 31 octobre, 116 personnes (les 45 nouveaux Français compris) ont vu leur demande acceptée par la préfecture de l’Oise alors que 333 sollicitaient la nationalité française. C’est un dossier sur trois en moyenne. « Il faut résider dans le pays depuis au moins cinq ans, sauf pour les réfugiés, pour lesquels cela peut être plus rapide, rappelle Sophie Deloison, chef du service immigration. Il faut prouver que l’on est bien intégré en France et qu’on y travaille. Ainsi un étudiant ne peut pas faire de demande. »
Une majorité d’origine africaine
Avec 16 Marocains, 1 Algérien et 1 Tunisien naturalisés, l’Afrique du Nord concentre la majorité des demandes, devant l’Afrique subsaharienne : Congo, Mali, Cameroun… « On reçoit beaucoup de demandes de personnes d’Afrique, d’Europe de l’Est ou d’Asie. Mais quasiment jamais des continents américains », analyse Sophie Deloison.
Selon la responsable, il existe deux profils types : d’un côté, des jeunes « qui sont arrivés en France après les années 1970 dans le cadre du regroupement familial » et qui font la demande de naturalisation une fois acquis la majorité et un travail. De l’autre, des personnes plus âgées qui ont fait le choix de venir travailler en France, « qui sont là depuis très longtemps et se décident un jour à devenir françaises ». Dans tous les cas, il se passe plus de six mois entre le dépôt de la demande et la décision de la préfecture.
22/11/2011, Adeline DABOVAL
Source : Le Parisien
La soprano marocaine Samira Kadiri et le poète, chercheur et traducteur palestinien Mohamed Hilmi Erricha ont été nommés personnalités de l'année 2011 dans le domaine culturel par le journal australien "The migrant".
L'artiste marocaine a été notamment récompensée pour ses actions au sein de la société civile marocaine et pour son parcours artistique qui est un message de dialogue et de cohabitation entre les peuples ainsi que pour sa gestion de la culture dans plusieurs pays.
Le poète palestinien a été primé en reconnaissance de son parcours de créatif foisonnant puisqu'il a publié 14 recueils de poèmes.
Il a été distingué aussi pour avoir traduit trois ouvrages de la poésie internationale.
"The migrant" a également désigné la militante yéménite Tawakkol Karman "personnalité de l'année" dans le domaine de la paix car elle est la première femme arabe à avoir remporté le prix Nobel de la paix.
21/11/2011
Source : MAP
Après avoir assaini ses comptes, le Crédit immobilier et hôtelier (CIH) du Maroc veut accélérer sa transformation en banque universelle. Première étape : se rapprocher de la diaspora en ouvrant des bureaux à l’étranger.
Vendredi 21 octobre, Ahmed Rahhou a franchi une nouvelle étape. Patron du Crédit immobilier et hôtelier (CIH) depuis 2009, il a inauguré à Marseille (France) le premier bureau de représentation de la banque à l’étranger. Avec l’espoir de grappiller quelques points de part de marché à ses grands concurrents : Attijariwafa Bank, Banque populaire et BMCE Bank. « La cible des Marocains résidant à l’étranger est stratégique : 20 % des dépôts au Maroc proviennent de cette clientèle. Notre objectif est de faire grimper notre part de marché à 2 % ou 3 % », explique Ahmed Rahhou.
À l’image de son patron, le CIH reste modeste. Fort de son partenariat avec le français BPCE, deuxième actionnaire de référence avec la Caisse de dépôt et de gestion (CDG), il entend simplement déployer quelques bureaux en France afin d’établir des liens directs avec la clientèle marocaine. En réduisant au minimum le coût et les risques, la stratégie paraît gagnante, d’autant que la banque s’appuie sur des offres de transfert d’argent gratuit, d’aide à l’acquisition de biens immobiliers et, bientôt, de garantie de caution pour les étudiants marocains.
Après avoir assaini ses comptes, le Crédit immobilier et hôtelier (CIH) du Maroc veut accélérer sa transformation en banque universelle. Première étape : se rapprocher de la diaspora en ouvrant des bureaux à l’étranger.
Vendredi 21 octobre, Ahmed Rahhou a franchi une nouvelle étape. Patron du Crédit immobilier et hôtelier (CIH) depuis 2009, il a inauguré à Marseille (France) le premier bureau de représentation de la banque à l’étranger. Avec l’espoir de grappiller quelques points de part de marché à ses grands concurrents : Attijariwafa Bank, Banque populaire et BMCE Bank. « La cible des Marocains résidant à l’étranger est stratégique : 20 % des dépôts au Maroc proviennent de cette clientèle. Notre objectif est de faire grimper notre part de marché à 2 % ou 3 % », explique Ahmed Rahhou.
À l’image de son patron, le CIH reste modeste. Fort de son partenariat avec le français BPCE, deuxième actionnaire de référence avec la Caisse de dépôt et de gestion (CDG), il entend simplement déployer quelques bureaux en France afin d’établir des liens directs avec la clientèle marocaine. En réduisant au minimum le coût et les risques, la stratégie paraît gagnante, d’autant que la banque s’appuie sur des offres de transfert d’argent gratuit, d’aide à l’acquisition de biens immobiliers et, bientôt, de garantie de caution pour les étudiants marocains.
21/11/2011, Frédéric Maury
Source : Jeune Afrique
Le Marocain Abdelilah Es Sabbar et son école des champions olympiques de Taekwondo ont marqué encore une fois l'histoire du Taekwondo québécois en s'adjugeant récemment le trophée de finaliste dans la catégorie Evénement sportif par excellence, lors de la 7ème édition du Grand Montréal Métropolitain (GMM) de Taekwondo.
Cet évènement tant attendu par le milieu sportif amateur, rend hommage à ceux et celles qui se sont distingués par leurs accomplissements sportifs entre le 1er septembre 2010 et le 31 août 2011.
Organisée par l'Ecole des Champions Olympiques de Taekwondo en collaboration avec l'Association Canado-Marocaine de la Promotion du Taekwondo, cette septième édition a accueilli des athlètes de différents âges et grades provenant de la grande région montréalaise ainsi que de la province québécoise.
C'est grâce à la qualité de son entraînement auprès des jeunes athlètes et à l'excellence de son leadership dans le domaine du Taekwondo que l'école des Champions olympiques a su, au cours des années, laisser sa marque sur la scène sportive aux niveaux régional et provincial.
L'école est affiliée à la Fédération québécoise de Taekwondo, à la Fédération canadienne de Taekwondo, la Fédération panaméricaine de Taekwondo ainsi qu'à la Fédération mondiale de Taekwondo.
Es Sabbar, ceinture noire gradée sixième dan, a fait ses débuts au Maroc avant de fonder en 2001, une année après son arrivée à Montréal, l'école des champions olympiques de Taekwondo qui compte aujourd'hui plus de quatre-vingt élèves.
Natif de Rabat, Abdelilah Es Sabbar, ancien membre de l'équipe nationale olympique marocaine de Taekwondo WTF et médaillé d'or national en 1982.
En 2002, il remporte la médaille d'or à la Coupe Chong Lee. De l'est à l'ouest du Canada, sa réputation ne tardera pas à se faire. Maître Es Sabbar fait actuellement partie de la troisième génération de Taekwondo au Québec, la première étant représentée par Maître Chong Lee (9ème Dan), fondateur de Taekwondo au Canada, et la deuxième par Maître Guy Labatt (7ème Dan).
Fondateur de l'Association canado-marocaine de promotion du Taekwondo, Maître Es Sabbar se consacre particulièrement à la formation des jeunes au Taekwondo et met également son savoir et sa compétence au service de programmes municipaux de prévention de la violence et de la délinquance juvénile.
21/11/2011
Source : MAP
Vanessa Paloma est une soliste américaine d'origine marocaine qui a choisi de s'installer au Maroc depuis 2007. Pour cette artiste, c'est un retour aux sources. Ses arrière-grands-parents maternels, sont partis de Tétouan vers la Colombie à la fin du XIXe siècle. Aujourd'hui, elle a entrepris le chemin inverse...Suite
Les Marocains devront avoir un visa pour pouvoir entrer en territoire libyen. C'est ce qu'a annoncé le Conseil National de Transition libyen (CNT)…Suite
La Commission européenne a présenté, vendredi, un portail internet sur l'immigration pour aider les étrangers dans les formalités à remplir pour pouvoir travailler ou étudier dans les Etats de I'UE...Suite
Le Metropolitan Museum (Met) a réhabilité son département des Arts islamiques. Pour l'inauguration, un concert spécial a réuni les qawwali du Pakistan et les gnaoua du Maroc...Suite
Ils sont officiellement 2 600 inscrits au consulat de France. Le nombre de Français présents en ville est estimé à plus du double, mais les profils sont très différents et ne se croisent pas toujours: beaucoup sont de passage, d'autres ne sont là que pour Le business et tous n'auront pas d'impact conséquent sur La ville…Suite
Près de 400.000 migrants ont été empêchés en 2010 de rejoindre l'Union européenne qui continue de renforcer l'externalisation, voire la privatisation des contrôles aux frontières, selon le dernier rapport du réseau Migreurop consulté lundi par l'AFP.
Cette troisième enquête de Migreurop, intitulée "Aux bords de l'Europe, l'externalisation des contrôles migratoires", s'intéresse au sort des migrants à la frontière orientale de la Turquie avec l'Iran et aux "passagers clandestins" à bord des bateaux de la marine marchande.
"En 2010, plus de 393.000 ressortissants extracommunautaires ont essuyé un refus d'entrée aux frontières extérieures de l'Union européenne: 336.789 aux frontières terrestres, 50.087 dans les aéroports et 6.704 aux frontières maritimes", détaille le rapport.
Migreurop regroupe une quarantaine d'associations européennes et africaines militant pour le droit d'émigrer.
Le réseau a fait le choix de s'intéresser aux "passagers clandestins" des navires de la marine marchande "parce que ces situations révèlent un transfert de responsabilité de l'autorité publique vers les acteurs privés sur les plans des contrôles frontaliers et de la prise en charge des migrants interceptés", explique-t-il.
Il a mené son enquête dans 23 ports de six pays de l'UE (Allemagne, Bulgarie, Chypre, Espagne, France, Italie, Pays-Bas) et au Maroc.
Depuis la mise en place en 2004 du Code international pour la sûreté des navires et des installations portuaires, conséquences des attentats du 11 septembre 2001, le nombre de ces "passagers clandestins" a diminué du fait des contrôles plus sévères dans les ports où les conteneurs doivent être plombés.
Résultat: les passagers voyagent dans des conditions qui mettent leur vie en péril. Mais comme la plupart des pays refusent de les laisser débarquer, ils poursuivent parfois leur périple, "trimballés de port en port, enfermés dans une cabine, sans possibilité d'en sortir.
Quand les "clandestins" peuvent être expulsés, "des agents privés (sociétés de sécurité et de gardiennage) sont fréquemment mobilisés" au mépris des législations nationales qui confient à la police et à la gendarmerie les missions de "recherche, arrestation et consignation de migrants en situation irrégulière", dénonce Migreurop.
En Turquie, à la frontière avec l'Iran, une zone militarisée à 2.500/3.000 mètres d'altitude, les migrants "sont exposés à des traitements inhumains aussi bien de la part des passeurs que des autorités turques qui les arrêtent et les placent dans les geôles". POUR CONSLTER LE RAPPORT
21/11/2011
Source : AFP
Près de 400.000 migrants empêchés de rejoindre l'UE en 2010 (rapport)
Les migrants en situation irrégulière en Europe sont davantage exploités sur leur lieu de travail et sont confrontés au manque d'accès aux services de base, notamment dans le domaine de la santé et de l'éducation, selon un rapport publié lundi par une agence de l'UE.
"Nous employons les migrants en situation irrégulière comme travailleurs domestiques bon marché. Nous mangeons les fruits et les légumes qu'ils récoltent. Mais malgré leur contribution à nos sociétés, lorsqu'ils veulent accéder aux soins de santé ou aux services d'éducation, ou encore réclamer justice en cas d'abus, ils se retrouvent bien souvent face à une porte close ou, pire, sont expulsés", a affirmé Morten Kjaerum, directeur de l'Agence européenne pour les droits fondamentaux.
"Les droits de l'homme s'appliquent à tous les humains. Et nous restons des êtres humains même si nous n'avons pas de passeport, de visa ou de permis de séjour", a insisté M. Kjaerum en présentant le "rapport sur les droits fondamentaux des migrants en situation irrégulière dans l'Union européenne".
Le rapport souligne notamment que l'accès aux soins de santé nécessaires pour les enfants et les femmes enceintes ainsi que les soins médicaux d'urgence ne sont généralement pas accessibles gratuitement aux migrants en situation irrégulière, comme c'est le cas pour les ressortissants du pays concerné.
L'obligation de produire des documents officiels, tels qu'un permis de séjour ou un certificat médical, empêchent souvent les enfants de migrants en situation irrégulière de s'inscrire dans les écoles publiques, déplore également le document qui dénonce les opérations de police à proximité des écoles ou des hôpitaux.
"Bien souvent dans l'incapacité de faire valoir leurs droits devant la justice", les migrants en situation irrégulière devraient pourtant bénéficier des mêmes droits que les nationaux, demande le rapport remis à la Commission européenne.
Bien qu'il n'existe aucune estimation du nombre de migrants en situation irrégulière présents dans l'UE, un récent projet financé par l'UE ("Clandestino") a estimé qu'il pourrait osciller entre 1,9 million et 3,8 millions de personnes.
21/11/2011
Source : L’Express.fr/AFP
Arno Klarsfeld se prononce contre le droit de vote des étrangers extra-communautaires aux élections locales, sujet que la gauche entend porter pendant la campagne présidentielle.
Dans une déclaration à Reuters, le président de l'Office français de l'immigration et de l'intégration (Ofii) explique que l'intégration est loin d'être une réussite et qu'existe le risque de voir apparaÂŒtre des listes fondamentalistes aux scrutins locaux.
Le droit de vote des étrangers aux élections locales sous certaines conditions figure dans le programme socialiste et les sénateurs socialistes s'apprêtent à adopter une proposition de loi dans ce sens.
En réaction, la Droite populaire, l'aile la plus radicale de l'UMP, a déclenché un tir de barrage contre le projet du PS.
Arno Klarsfeld, récemment nommé par Nicolas Sarkozy à la tête de l'Ofii, estime qu'il serait "tentant de dire oui au droit de vote des étrangers" si "l'intégration était une réussite". "Mais elle ne l'est pas encore", assure-t-il.
Pour le président de l'Ofii, "une vague fondamentaliste traverse le monde musulman comme les violences ont pu traverser la France après la chute de la Monarchie."
"Cette vague touche aussi par endroits le territoire français. Voulons-nous des listes fondamentalistes aux élections dans certaines municipalités ?", demande-t-il.
Arno Klarsfeld souligne en outre que 100.000 étrangers sont naturalisés chaque année et acquièrent donc le droit de vote.
"Il suffit d'avoir été présent depuis plus de cinq ans sur le territoire national, d'avoir témoigné de son intégration et de s'être engagé sur certaines valeurs qui nous sont chères comme la laïcité et l'égalité homme-femme qui ne sont respectées malheureusement que dans trop peu de pays dans le monde", explique-t-il.
"Les étrangers désireux de participer électoralement à la vie française ont le choix de la naturalisation. Voilà pourquoi je suis hostile au droit de vote des étrangers", ajoute-t-il.
21/11/2011
Source : Reuters
L'expression "identité nationale" n'est pas lâchée, il est question cette fois-ci de "modes de vie" et "coutumes" des Français. Une rhétorique clivante et éloignée de la réalité explique le chercheur Jean-Louis Pan Ké Shon, qui a mené de nombreuses enquêtes de terrain.
Les déclarations de Claude Guéant sur LCI puis à Montfermeil vendredi dernier visent à nouveau "les immigrés que nous accueillons chez nous" et qui "devraient adopter les modes de vie des Français". Il répète jusqu’à l’écœurement cette antienne et l’agite comme un chiffon rouge afin d’exciter les réactions indignées du "peuple de gauche" et occuper ainsi le champ médiatique dans une stratégie préélectorale maintenant habituelle.
Flatter les tendances xénophobes a aussi l’avantage de capter un électorat disputé avec l’extrême-droite. La conscience de cette manipulation inciterait au mutisme affligé d’autant qu’elle met à mal la fonction de ministre de l’Intérieur, dont sa fonction demanderait au contraire le respect des cultes et de garantir la paix publique. N’y aurait-il pas plutôt avantage à travailler plus sérieusement sur les profonds dysfonctionnements d’une partie de la police de banlieue encouragés par une gouvernance politique cultivant les stéréotypes envers l’immigration africaine (voir Didier Fassin, 2011) ?
M. Guéant s’est bien vite engouffré dans les constats, supposés effrayants, d’une intensification de l’identité musulmane à Clichy-sous-Bois (une des banlieues de France les plus défavorisées). Il tente au passage de justifier une "Charte des droits et des devoirs du citoyen français" qui instaure deux catégories de citoyens, (les immigrés peuvent être déchus de la nationalité française dans certaines conditions) et aboutit de fait à marquer implicitement la domination symbolique de la culture chrétienne sur cette part des immigrés assignés à une culture musulmane devenue non miscible dans la société française.
Violence symbolique
Il y a une violence symbolique terrible envers les immigrés dans l’affirmation du ministre de l’Intérieur lorsqu’il assène : "…mais les personnes immigrées doivent aussi se plier à cette volonté qui est la nôtre. Quand on vient en France on adopte les modes de vie français et on n’importe pas les modes de vie d’ailleurs". Les lois françaises doivent être respectées évidemment par tous (pas seulement les immigrés), mais ce n’est pas au ministère de l’Intérieur de répertorier "nos modes de vie" (quels sont-ils ?) afin de vérifier ensuite s’ils sont respectés, sinon à quoi bon cette diatribe ?
Cet imaginaire d’une religion musulmane envahissante et anxiogène qui viendrait éroder le pacte républicain français est développé par des édiles coupés de la réalité. Hors de la fiction lancinante d’une immigration peuplant des quartiers en sécession identitaire, il est nécessaire de rappeler que parmi les quartiers les plus défavorisés (les 100 zones franches urbaines de la politique de la ville), les immigrés maghrébins, les Africains subsahariens et les Turcs ne représentent que 25 % de leur population, 43 % avec leurs descendants (dont 97 % sont Français) et sont mélangés à plus d’une trentaine d’autres origines dont les Français de naissance, qui représentent à eux seuls 36 % des habitants de ces quartiers.
Idées reçues vs recensement
En réalité, les diverses vagues d’immigration, belge, suisse, polonaise, italienne, espagnole, portugaise et maintenant africaine ont toutes été considérées comme inassimilables et leur présence problématique en leur temps.
Ce que nous révèle aujourd’hui les recensements, c’est que les immigrés africains et maghrébins se diffusent progressivement dans l’ensemble des types sociaux de quartiers. Au fil du temps, leurs comportements démographiques convergent avec ceux de la population majoritaire et au fil des générations les disparités sont progressivement gommées, pourvu qu’on tienne compte des parcours souvent initiés à partir d’un échelon très modeste de l’échelle sociale.
Il reste que le phénomène minoritaire de la progression de l’islam en banlieues défavorisées n’est pas inquiétant en soi (dirait-on que la progression du christianisme est inquiétante ?), mais révèle un besoin d’affirmation pour des personnes infériorisées continuellement dans la société française, comme a pu l’être le mouvement des Black Muslims aux Etats-Unis pour la population Afro-américaine aux traditions pourtant chrétiennes. La déclaration de M. Guéant en est une illustration.
21/11/2011, Jean-Louis Pan Ké Shon
Source : Le Nouvel Observateur
Au-delà de quelques concessions sur la préférence nationale, rebaptisée "priorité nationale", le projet présidentiel de Marine Le Pen adopte toujours une ligne dure en matière d'immigration.
Samedi, lors de son discours à Paris, la présidente du Front national s'est offert une ovation quand elle a promis la "priorité aux Français" dans l'emploi, les logements et les aides sociales.
Depuis plusieurs mois, Marine Le Pen privilégiait volontiers ce terme de "priorité nationale" à celui de "préférence nationale", y voyant une connotation moins négative pour ce marqueur historique du FN. Son projet présidentiel entérine ce changement, avec une ouverture vers les Européens.
En effet, alors que le projet de 2007 réservait les aides sociales "aux seuls Français", celui de 2012 attribue les "allocations familiales (...) aux familles dont un parent au moins est Français ou européen".
En 1998, lorsque la mairie FN de Vitrolles avait mis en place une allocation réservée aux parents français ou de l'Union européenne, celle-ci avait été jugée illégale par le tribunal administratif de Marseille, et l'édile, Catherine Mégret, avait été condamnée au pénal dans ce dossier.
En matière d'emplois ou de logement social, le nouveau projet du FN précise que les Français passeront en premier, mais "à compétences égales" pour l'emploi et "à situation égale" pour le logement. En 2007, le programme de Jean-Marie Le Pen se proposait d'"affirmer la priorité pour les Français dans l'attribution des logements sociaux", une formulation quasi identique.
Autre concession, "les étrangers qui travaillent et qui cotisent bénéficieront du fruit normal de leurs cotisations", dit le projet 2012. En 2007, les cotisations sociales devaient être "augmentées pour les étrangers" par rapport aux Français, "à prestations équivalentes".
Pour Jean-Yves Camus, chercheur à l'Iris et spécialiste de l'extrême droite, le passage de la "préférence nationale" à la "priorité nationale" est un "changement sémantique important", mais "ça reste juridiquement infaisable, parce que discriminatoire".
Selon lui, en disant que le logement social sera d'abord proposé aux Français, le FN laisse entendre que le "surplus, ce sera pour les étrangers. Or, toute la rhétorique de Marine Le Pen consiste à dire qu'il n'y a plus de surplus".
Pour le reste, les fondamentaux demeurent. Suppression du droit du sol, fin des accords de Schengen, carte de séjour portée de 10 à 3 ans, fin du regroupement familial, retour de la double peine, tous ces points figuraient déjà dans le programme de 2007. En cinq ans, l'immigration légale doit être ramenée à 10.000 par an (contre 200.000 aujourd'hui).
Parmi les nouveautés, Marine Le Pen propose une "renégociation de la Convention européenne des droits de l'Homme (CEDH), et notamment de son article 8 sur le "droit au respect de sa vie privée et familiale", qui protège le regroupement familial.
En matière judiciaire, le "racisme anti-français" serait considéré comme "circonstance particulièrement aggravante" d'un crime ou d'un délit.
"C'est une remise en cause des fondamentaux universalistes, parce qu'on dit qu'il y a des racismes qui sont plus graves que les autres", explique à l'AFP Sylvain Crépon, chercheur à l'université Paris-X de Nanterre et spécialiste de l'extrême droite.
Le code pénal punit déjà plus sévèrement les crimes et délits commis "à raison de l'appartenance ou de la non-appartenance, vraie ou supposée, de la victime à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée".
21/11/2011
Source : 20 minutes.fr/AFP
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