vendredi 2 août 2024 23:10

Bien souvent dans le discours du public comme dans celui des médias, voire dans celui de certains professionnels de l'éducation ou de la santé, on a l'étrange sentiment qu'adultes, jeunes, adolescents et enfants seraient tombés de planètes différentes. En particulier, on semble souvent oublier que jeunes et adultes ont été de petits enfants et que ceux-ci sont l'avenir d'une société. Or, ce que les humains ont vécu dans l'enfance les marque à jamais.

La catégorie des "jeunes" fait l'objet, en France, d'un intérêt particulier depuis une vingtaine d'années et cet intérêt a revêtu une forme inquiétante et négative depuis 10 ans. "Crapules, voyous, racailles", voilà des mots pour qualifier les jeunes qu'on a pu entendre dans la bouche du chef de l'État lui-même. On imagine bien que ce mépris affiché et ces humiliations répétées peuvent difficilement rester sans séquelles. Ce vocabulaire exécrable a été dirigé principalement vers les jeunes "issus de l'immigration", et n'a pas épargné leurs familles qui ont été à diverses reprises traitées de tribus. Il s'est étendu à des enfants de plus en plus jeunes, les notions mêmes d'enfance et de minorité semblant se déliter au fil des réformes de la justice des mineurs. De fait, depuis quelques années et plus particulièrement depuis le tristement célèbre "Rapport préliminaire Bénisti" sur la prévention de la délinquance, daté d'octobre 2004, émanant d'un groupe d'études parlementaire et destiné au ministre de l'Intérieur, l'association systématique entre immigration et délinquance est devenue, dans le discours de nos gouvernants, un "fait". Il n'est donc pas surprenant que cette association, qu'aucun travail scientifique sérieux ne vient étayer, soit devenue l'un des pivots de la campagne électorale de l'ex-président de la République même si l'argumentation a bien souvent reposé sur des contrevérités concernant les familles immigrées.

Les crimes odieux commis par Mohamed Merah ont exalté cette dénonciation de l'immigration et aggravé la confusion dans les médias et chez le public, le spectre du terrorisme venant rejoindre le fantasme d'une délinquance strictement limitée à un groupe. Dans le traitement expéditif de cette affaire, jamais n'a été évoquée la nécessité d'une réflexion sur les racines profondes de l'embrigadement religieux. Beaucoup de jeunes hommes "issus de l'immigration" sont, comme Mohamed Merah, Français, nés en France de parents qui, les démographes le savent bien, n'ont pas pris à la légère la décision de quitter leur pays, avaient de sérieuses raisons économiques de le faire, généralement une bonne formation et une indéniable capacité de se projeter dans l'avenir.

Ce n'est jamais la lie d'une société qui fait le choix de l'émigration. Durant les 20 ans où j'ai été pédiatre dans des centres médico-sociaux et médecin de PMI, j'ai reçu, par centaines, les enfants ou petits enfants de ces immigrants maghrébins ; ils venaient souvent me voir pour des troubles du sommeil ou de l'appétit, signature d'une vive anxiété. En effet, une attente considérable pesait sur eux, principalement sur les garçons et surtout les aînés. Vécus par leurs pères comme outils d'ascension sociale pour la famille, ils faisaient l'objet de pressions psychologiques extrêmes quant à leur réussite scolaire, symbole d'une émigration réussie. Bien souvent et de façon contre-productive, ces pressions étaient responsables de leur échec. Ces enfants, qui ont maintenant entre 20 et 30 ans, ont pour beaucoup vécu l'inexorable développement du chômage de leurs pères, source de disqualification du travail à leurs yeux, comme l'explique si bien Christophe Dejours dans " Conjurer la violence. Travail, violence et santé ", ainsi que la désertification des banlieues, réduites à de tristes immeubles et de gigantesques panneaux publicitaires ventant des objets inaccessibles (comme le montre le beau film de Yamina Benguigui " 9/3. Mémoire d'un territoire "), pour finalement devenir la cible des insultes du gouvernement de leur propre pays, et assis’ter à l'orchestration de la haine dans les familles.

En effet cette loi inique sur la pénalisation financière des familles d'enfants déscolarisés est effectivement appliquée. L'humiliation dans l'enfance, source de dévalorisation de soi, ne peut pas rester sans conséquences ; il suffit de penser aux Intifadas pour s'en convaincre. Il est probable que certains réagissent par le besoin compulsif d'acquérir, si nécessaire par le vol, ces biens de luxe qui leur sont interdits ; d'autres, habités à la fois par un besoin de spiritualité et une rage vengeresse, sont devenus la proie des recruteurs du terrorisme. Une chose est sûre, il s'agit là d'un échec grave de la politique d'intégration et la France est responsable de ces failles.

Mais ces jeunes "musulmans", "étrangers", "immigrés" qu'on a diabolisés ces dernières semaines sont l'arbre mensonger qui cache la forêt. Toutes les enquêtes récentes sur les consommations de drogues montrent que les jeunes les plus aisés sont les plus concernés ; la maltraitance et la souffrance des enfants sont présentes dans toutes les classes sociales (comme je l'ai montré dans "Les oubliés", ouvrage sur l'enfance maltraitée). Il faut accepter ces deux vérités pénibles : la délinquance a des racines profondes dans la souffrance, et cette dernière se retrouve aussi bien dans les " cités " que dans le huis clos des maisons bourgeoises qui ne font pas l'objet de la même suspicion.

C'est dire que la prévention de toutes les déviances chez les jeunes, qu'il s'agisse de la délinquance ou de la tentation terroriste, mais aussi du suicide, de l'addiction aux drogues doit être très précoce et que la stratégie préconisée par François Hollande est la bonne : donner des moyens à l'école maternelle et à l'école élémentaire. Certes il va être difficile de reconstruire le tissu protecteur qui entourait, il y a encore quelques années, les enfants. Que sont devenus les principaux outils : les RASED supprimés, le système de santé scolaire soigneusement détricoté et maintenant exsangue ! Oui il faut créer des postes et pas seulement des postes d'enseignants mais aussi de psychologues, infirmières, médecins...

Il va aussi falloir éviter l'écueil de la condamnation excessive, voire la diabolisation, de toute forme de repérage ou de dépistage scientifiques précoces des troubles du comportement (signes de souffrance chez le très jeune enfant), d'autant que la littérature internationale montre bien la gravité potentielle à long terme des conséquences de ces troubles lorsqu'ils ne sont pas repérés, diagnostiqués et pris en charge dans la petite enfance. En fait, loin de la stigmatisation des familles, brandie par certains professionnels (de façon compréhensible ces dernières années mais qui ne devrait plus être de mise avec le nouveau gouvernement), il est possible d'envisager des stratégies de dépistage qui reposent sur le strict respect du secret professionnel et concernent tous les enfants sans "ciblage" social ou culturel. Créer un nombre important de postes à l'éducation nationale (60 000 si nécessaire) peut aider les enseignants à être plus proches de leurs élèves, dans des classes moins surchargées, et les équipes pédagogiques et celles de santé à travailler ensemble et avec les autres professionnels présents dans les écoles ainsi qu'avec les parents. Ce n'est pas si cher payer l'avenir de notre société !

Il est vrai qu'il faut beaucoup de courage politique pour mettre en place des mesures dont on ne connaîtra pas les résultats au terme d'un mandat, voire de deux. C'est probablement l'une des grandes raisons du délaissement des enfants en tant que priorité politique, outre bien sûr le fait qu'ils ne votent pas. Si l'espoir de la croissance l'emporte sur la fatalité de l'austérité, on peut imaginer, dans le cadre d'une sorte de New deal à la française, des chantiers pour la petite enfance, et notamment des programmes d'accès à la culture. Ces petits enfants de toutes les couleurs, se tenant par la main dans les musées et faisant preuve d'une insatiable curiosité, sont, espérons le, les garants d'une société future d'égalité et d'ouverture à autrui.

15/5/2012, Anne Tursz, pédiatre, épidémiologiste, directeur de recherche émérite Inserm

Source : Le Monde

Le projet d'école secondaire musulmane d'Anderlecht avance. Les statuts du pouvoir organisateur, l'Institut Al Amal, viennent d'être publiés au Moniteur belge. Le dossier sera évoqué, ce mardi, à la commission de l'éducation de la Communauté française.

Plus de 41 % des élèves du secondaire, dans l’enseignement officiel bruxellois, sont musulmans La demande justifie la création du futur collège musulman d’Anderlecht © Belga

Si d'autres établissements d'enseignement confessionnel musulman sont déjà reconnus et subsidiés, c'est la première fois qu'un projet d'école complète, intégrant le maternel, le primaire et le secondaire est introduit, à l'administration.

Ce projet entend répondre à la saturation de nombreuses écoles bruxelloises mais aussi à l'interdiction quasi généralisée du port du foulard islamique dans les établissements du réseau officiel de la région bruxelloise, majoritairement fréquenté par des élèves musulmans (43% des effectifs dans le primaire et 41% dans le secondaire).

RICARDO GUTIERREZ

15 mai 2012

Source : Belga

Du 16 au 18 mai 2012, à Cagliari (Sardaigne), se tient la troisième rencontre de MigraMed, l’association qui réunit une vingtaine de Caritas des régions de la Méditerranée, pour mieux coordonner les efforts en direction des migrants. « Nous devons accroître le souci des catholiques envers l’immigration et les immigrants, c’est désormais un élément constitutif de notre Église », a affirmé le nouvel archevêque de Cagliari, Mgr Arrigo Miglio, en prélude à ce rendez-vous.

Un an après les révoltes dans le monde arabe, et avec la crise économique que traverse l’Europe, il a appelé les autorités gouvernementales de son pays à faciliter l’acquisition de la citoyenneté italienne pour tous les enfants d’immigrés nés en Italie.

L’Église, a-t-il dit encore « repousse l’équation trop facile entre immigration et criminalité », et espère que cette session de MigraMed pourra aider à « cheminer vers une plus grande sensibilité à l’égard des droits de la personne immigrée ».

Les Caritas des pays comme la Libye, le Liban, la Turquie, la Tunisie, le Maroc ou l’Algérie, vont notamment pouvoir confronter leurs préoccupations avec celles de leurs collègues des pays du nord, comme la France l’Allemagne, Malte, la Grèce ou l’Espagne.

15/5/2012

Source. La Croix

La situation des enseignants de la langue arabe et de la culture marocaine en fonction à l'étranger est mise à mal. Que ce 'soit en Italie, en Espagne ou en Frarice, des voix s’élèvent à l'unisson pour dénoncer leur marginalisation. La régularisation de leur situation s'impose…Suite

 

P lus que quelques semaines avant le démarrage de l'opération Transit. Cette dernière devrait être lancée dès les premiers jours du mois de juin mais le flou continue de l'entourer. En effet, côté marocain, c'est un silence radio gênant qui règne, les informations sur les actions et sur le dispositif d'accompagnement habituellement mis en place n'ont pas encore été annoncées….Suite

La Commission mixte maroco-espagnole chargée de l'opération Transit a tenu, lundi à Marrakech, une réunion de travail, avec à l'ordre du jour deux points essentiels liés à l'évaluation de la dernière opération de Transit et à la coordination au sujet du dispositif d'accueil des Marocains résidant à l'étranger (MRE), mis en place pour l'opération en cours.

Co-présidée par le wali, directeur de la migration et de la surveillance des frontières au ministère de l'Intérieur, Khalid Zerouali, et le sous-secrétaire d'Etat espagnol à l'Intérieur, Luis Aguilera Ruiz, cette réunion permettra aux deux parties d'examiner les mesures à prendre en matière de fluidité du trafic et de la sureté et la sécurité, outre les actions de proximité notamment, de suivi, d'accompagnement et de communication.

Les participants à cette rencontre se sont félicités du rôle central joué par la Fondation Mohammed V pour la solidarité, ainsi que des efforts consentis en vue d'assurer le déroulement de l'opération Transit dans de meilleures conditions, conformément aux Hautes orientations de SM le Roi Mohammed VI.

Dans une déclaration à la MAP, M. Zerouali a souligné que lors de cette réunion, l'accent a été mis sur la nécessité de parvenir aux meilleurs niveaux de fluidité, de sureté et de sécurité, outre le travail de proximité.

L'ensemble des participants ont salué le rôle fondamental de la Fondation Mohammed V pour la solidarité qui déploie des efforts colossaux dans le but d'apporter assistance aux Marocains résidant à l'étranger (MRE) lors de l'opération retour, a indiqué M. Zerouali. "Nous avons également discuté des questions d'ordre technique, notamment le plan de flotte pour s'assurer de la disponibilité des bateaux dans la perspective de garantir une offre suffisante de nature à permettre une plus grande fluidité", a-t-il précisé.

Les deux parties ont, de même, examiné la coopération sécuritaire au niveau des frontières en vue de protéger cette opération contre tout acte lié à la criminalité transfrontalière, notamment le trafic des stupéfiants et des êtres humains, a-t-il relevé, ajoutant que les discussions ont porté aussi sur les actions de proximité, dont la couverture médicale et l'assistance sanitaire, ainsi que les autres dispositions à prendre tout au long des itinéraires empruntés par les MRE.

Même si le mois sacré de Ramadan interviendra au milieu de la saison estivale et se répercutera sur les périodes de pic, "nous avons décidé de rester en contact. Nous allons identifier les points focaux et convenu de maintenir un contact permanent afin de surmonter toute difficulté qui surviendrait lors de l'opération", a signalé M. Zerouali.

Sur l'évaluation de l'opération précédente, il a rappelé les bonnes performances réalisées en matière de réduction du temps d'attente et des incidents techniques au niveau des bateaux et des autocars ou de lutte contre la criminalité transfrontalière.

"Nous sommes en train de suivre avec grande attention les mutations au niveau des habitudes de voyage, étant donné que l'aérien commence à prendre aujourd'hui de l'importance. Nous restons vigilants afin de pouvoir être à la hauteur des Hautes orientations de SM le Roi Mohammed VI", a-t-il souligné.

M. Aguilera Ruiz s'est félicité, quant-à-lui, de cette réunion préparatoire de l'opération Transit 2012, faisant observer que le gouvernement espagnol accorde une grande importance à la collaboration avec le Maroc dans ce domaine, à l'instar des opérations précédentes.

Il a réitéré l'engagement de son pays à mobiliser tous les moyens et les ressources nécessaires afin de garantir à cette opération toutes les conditions de réussite. "Nous œuvrons aussi pour raffermir et promouvoir le contact direct avec les services compétents afin d'être en mesure de transcender toute difficulté dans l'avenir", a-t-il noté.

14 mai 2012

Source : MAP

L'amélioration des conditions d'intégration de la communauté marocaine en Grande-Bretagne a été au centre d'entretiens tenus, lundi à Londres, par le ministre délégué chargé des Marocains résidant à l'étranger (MRE), Abdellatif Maazouz, avec le ministre britannique de l'immigration, Damien Green.

Lors d'une rencontre tenue au siège du Home Office (ministère de l'Intérieur), en présence de l'ambassadeur du Maroc au Royaume-Uni, Chrifa Lalla Joumala Alaoui, les deux responsables ont mis en exergue l'importante contribution de la communauté marocaine à la société britannique et son rôle dans le renforcement des liens entre les deux pays amis.

La rencontre a porté sur plusieurs questions relatives au renforcement de l'intégration de la communauté marocaine au sein de la société britannique, a indiqué M. Green à la MAP, ajoutant que l'accent a été mis sur l'importance de l'enseignement et sur les efforts à déployer pour permettre à cette communauté de préserver sa propre culture tout en réussissant son intégration dans le pays d'accueil.

La contribution de la communauté marocaine à tous les aspects de la vie au sein de la société britannique devra se renforcer davantage au regard du nombre de plus en plus grandissant des compétences marocaines présentes notamment dans des domaines aussi sophistiqués que celui la finance, a noté M. Green.

Le responsable britannique s'est, par ailleurs, félicité des progrès enregistrés par le Maroc sur la voie de la perfection de son édifice démocratique, notant au passage que les relations de coopération déjà excellentes entre les deux pays sont appelées à se renforcer davantage.

M. Maazouz, qui effectue une visite de travail de trois jours à Londres, s'était entretenu, dans la matinée, avec le Secrétaire d'Etat britannique pour les communautés et le Gouvernement Local, M. Eric Pickles.

Ce dernier a saisi l'occasion pour exprimer la volonté du gouvernement britannique de renforcer davantage les relations de coopération avec son homologue marocain, tout en réitérant l'appréciation positive faite par le Royaume-Uni au sujet du processus de réformes initié par le Maroc sous la conduite de SM le Roi Mohammed VI.

"Le gouvernement britannique soutient avec force le processus de changement amorcé au Maroc en particulier depuis l'adoption de la nouvelle Constitution", a dit M. Pickles, ajoutant que ce programme de réforme renforce la position du Maroc en tant que "modèle de stabilité dans son environnement régional marqué par des changements rapides".

Par ailleurs, M. Maazouz a indiqué que les parties marocaine et britannique se sont mises d'accord pour la mise en place d'une feuille de route pour améliorer les conditions d'intégration de la communauté marocaine en Grande-Bretagne.

Des questions restent à régler notamment celles relatives à la couverture sociale et à l'exportabilité des pensions de retraite, a dit le ministre, mettant l'accent sur la nécessité de répondre aux attentes de cette communauté, en particulier les jeunes, en termes de préservation de leur identité culturelle notamment à travers l'enseignement de la langue arabe, de la religion musulmane et de la culture marocaine.

La coopération avec le gouvernement britannique devra permettre de répondre à ces attentes dans les meilleures conditions, a dit M. Maazouz.

Le ministre a, d'autre part, souligné que ses interlocuteurs britanniques notent avec beaucoup de satisfaction les progrès réalisés par le Maroc en matière de démocratie et de mise en place d'un mode de gouvernance s'inscrivant dans le cadre des modèles des grandes démocraties du monde.

Ces responsables considèrent le Maroc comme "un modèle pour la région", a poursuivi M. Maazouz, notant que la communauté marocaine établie en Grande-Bretagne a un rôle important à jouer pour accompagner le renforcement des relations entre les deux pays.

14 mai 2012

Source :MAP

Le Maroc est en train de mettre en Âœuvre une stratégie nouvelle en faveur de ses ressortissants résidant à l'étranger, fondée sur la communication et l'écoute, a indiqué le ministre délégué chargé des Marocains résidant à l'étranger (RME), M. Abdellatif Maazouz.

+Nous sommes en train de mettre en Âœuvre une nouvelle stratégie fondée sur la communication et l'écoute pour répondre aux attentes des Marocains du monde+, a dit M. Maazouz lors d'une rencontre lundi soir avec les présidents d'associations marocaines en Grande-Bretagne.

Seule une interaction efficace est à même de faciliter une meilleure réponse aux attentes de la communauté marocaine établie à l'étranger, a dit le ministre lors de cette rencontre à laquelle ont pris part plusieurs représentants de la communauté marocaine établie au Royaume-Uni.

Les profonds changements que la communauté marocaine à l'étranger a connus sur les plans démographique, économique et social requièrent une nouvelle approche, prenant en compte les spécificités, les préoccupations et les problèmes de cette communauté, a expliqué M. Maazouz.

Revenant en détail sur la stratégie de son département, M. Maazouz a expliqué que celle-ci se décline en plusieurs axes dont le développement des relations de coopération avec les gouvernements des pays d'accueil dans le but de défendre au mieux les droits et intérêts des RME, le renforcement et la diversification des programmes éducationnel et culturel et l'implication des MRE dans divers projets de développement économique, politique et social au Maroc.

Le ministre a, d'autre part, souligné l'important rôle que les associations peuvent jouer, en tant que partenaires clefs dans la mise en œuvre de cette stratégie. Il a noté, dans ce contexte, que ces associations doivent être capables de mobiliser des partenaires pour leurs projets et de défendre les droits de leurs adhérents.

Le responsable a souligné que son département se tient prêt pour accompagner ces associations, en les mobilisant pour mettre en œuvre des projets en faveur de la diaspora marocaine notamment à travers le renforcement de leurs capacités de monitoring, de management et de financement de projets.

Par ailleurs, le ministre a tenu une réunion avec les imams marocains en Grande-Bretagne axée sur le rôle qu'ils peuvent jouer pour le renforcement de l'attachement des membres de la communauté marocaine, en particulier les jeunes, à leur identité marocaine.
M. Maazouz a saisi l'occasion pour souligner la Haute sollicitude dont SM le Roi Mohammed VI, Commandeur des Croyants, entoure la communauté marocaine établie à l'étranger.

Le responsable, qui effectue une visite de trois jours en Grande-Bretagne, s'est entretenu, lundi, avec le Secrétaire d'Etat britannique pour les communautés et le Gouvernement Local, Eric Pickles, et le ministre de l'immigration, Damien Green.

Il devra assister, mardi, à des rencontres avec les membres de la communauté juive marocaine et les cadres marocains à la City (quartier financier de Londres).

15 mai 2012

Source :MAP

Les Marocains résidant à l'étranger (MRE) ont transféré au Maroc, à fin avril, l'équivalent de 17,77 milliards de dirhams (MMDH) contre 17,13 MMDH durant le même mois de l'année 2011, affichant ainsi une hausse de 3,7 pc, indique mardi l'Office des changes.

Par rapport au mois de mars, les recettes des MRE ont enregistré une progression de 31,6 pc, à plus de 17,77 MMDH, contre 13,50 MMDH en mars 2012, selon l'Office qui vient de publier les indicateurs préliminaires des échanges extérieurs.

Par ailleurs, les recettes voyages ont totalisé à fin avril quelque 16,68 MMDH contre 16,51 MMDH une année auparavant (+1 pc), alors que les dépenses de cette catégorie de services ont atteint 3,06 MMDH, indique la même source.

Pour leur part, les recettes au titre des investissements et prêts privés étrangers se sont établies à plus de 8,56 MMDH contre 8,89 MMDH (-3,7 pc), alors que les dépenses ont augmenté de 25,5 pc (3,17 MMDH contre 2,52 MMDH).

15 mai 2012

Source : MAP

Le Festival du Film Arabe de Fameck prépare sa 23ème édition qui se déroulera du 10 au 22 octobre 2012. Cette manifestation annuelle, a pour ambition de faire découvrir la richesse des cultures arabes autour du cinéma mais aussi de la littérature, des arts plastiques, de la musique, de l'artisanat et de la gastronomie.

Un quart de la population belge a un parent né étranger. Selon une étude de l'institut Itinera, la Belgique accueille proportionnellement plus d'étranger que les grands pays d'immigration.

En 10 ans, il y a eu une entrée nette de 500 000 migrants

Voilà une étude qui complète la vision que l’on se fait de l’immigration en Belgique. Et qui risque de faire du bruit. L’étude que l’Institut Itinera consacre au sujet montre que la Belgique est clairement devenue une terre d’immigration. En 10 ans, la Belgique a connu une arrivée nette d’immigrants d’un demi-million de personnes. Ce qui représente environ 4,5 % de la population belge. La Belgique accueille proportionnellement plus de migrants que tous ses pays limitrophes. Mais également davantage que des pays traditionnels de migration comme le Royaume-Uni, les Etats-Unis ou le Canada qui, en 10 ans, a connu un solde migratoire net de 4 % de sa population (voir infographie).

Il n’en a pas toujours été comme cela. Au cours du XIXe siècle, la Belgique affichait même un solde migratoire négatif. En clair, le nombre de personnes quittant le pays était supérieur à celui des personnes qui s’y établissaient. Lors du recensement de 1870, on dénombre seulement 170 000 étrangers en Belgique, soit 2,8 % de la population totale. Une première vague d’immigration, encore modeste, aura lieu durant l’entre-deux-guerres. Mais c’est après la guerre que la Belgique a recours à l’immigration. Le pays connaît une forte croissance économique. Il faut reconstruire les infrastructures détruites par la guerre. La crise du pétrole en 1973 met le holà au recrutement de la main-d’œuvre à l’étranger. L’immigration connaît alors une période de stabilisation. Mais elle repart à la hausse 15 ans plus tard, notamment via les regroupements familiaux.

Près de la moitié des migrants ne viennent pas de l’Union

L’immigration en Belgique reste une affaire d’Européens. En additionnant le nombre d’immigrés provenant d’un pays de l’Union européenne avant l’élargissement (34 %), celui des immigrés issus des nouveaux Etats membres (19 %) et celui des immigrés européens extra-communautaires (10 %), on arrive à un total de 63 %. Mais les migrations européennes sont les moins durables : 40 % des Européens venant en Belgique retournent un jour dans leur pays contre seulement 10 à 15 % des immigrés non européens. "Dès lors, conclut l’étude, le solde migratoire est probablement à majorité extra-communautaire".

Comment expliquer cette forte pression migratoire extra-européenne alors que l’immigration de travailleurs peu qualifiés a été stoppée en 1974 ? Dans la moitié des cas, on peut l’expliquer par un regroupement familial. Les migrants venus dans les années 60 ont fait des enfants qui se sont à leur tour mariés, souvent avec une personne du pays d’origine de leurs parents.

En 20 ans, 800 000 étrangers ont acquis la nationalité belge

La Belgique compte sur son territoire un peu plus d’un million de personnes de nationalité étrangère. Ce chiffre représente entre 9 et 10 % de la population totale et est relativement stable avec le temps. Ce qui a fortement changé en revanche, c’est le nombre de personnes étrangères ayant acquis la nationalité belge. Depuis 1985, l’année où la loi sur l’acquisition de la nationalité a été assouplie, près de 800 000 étrangers sont devenus belges. Et parmi ces personnes, une très large majorité d’immigrés extra-communautaires (80 % du total). Si on additionne les étrangers (9,76 % de la population totale), les Belges nés étrangers (7,74 %) et leurs enfants respectifs, on arrive à un total de 25 %. Cela veut dire qu’au moins un quart de la population belge a un ou deux parents nés étrangers. Et cela ne fera qu’augmenter puisque selon une étude Eurostat, la population belge d’origine étrangère représentera entre 30 et 50 % de la population belge d’ici 2060. Cela met sous un autre jour le défi de l’intégration qui, aujourd’hui, a tendance à se concentrer sur les primo-arrivants.

15/5/2012

Source : Lalibre.be

La décision du gouvernement fédéral de donner plus de pouvoir aux employeurs dans le choix des travailleurs étrangers qui pourront s'établir au Canada ouvre la porte à de possibles fraudes.Le ministre de la Citoyenneté, de l'Immigration et du Multiculturalisme, Jason Kenney, multiplie les annonces au sujet de sa réforme de l'immigration. Le ministre veut permettre aux employeurs de recruter les immigrants qu'il leur faut pour combler, par exemple, la pénurie de travailleurs de métiers dans l'Ouest canadien.

À l'heure actuelle, un étranger accroît ses chances de s'établir au pays s'il a une offre d'emploi en main. Jason Kenney entend privilégier davantage ceux qui détiennent de telles offres d'emploi réservées (OER).

Pourtant, une évaluation interne de Citoyenneté et Immigration Canada fait état d'offres d'employeurs inexistants, de postes fictifs et d'offres de complaisance de la part d'amis ou de parents.

Le rapport parle même d'un possible trafic d'offres d'emploi.

Extrait de l'Évaluation du programme des travailleurs qualifiés (fédéral) :[...] les agents des bureaux des visas visités sont extrêmement défavorables à l'utilisation des OER. Selon eux, il est difficile de valider les employeurs et les offres d'emploi à l'étranger, beaucoup d'offres sont frauduleuses [...].

Certains clients iraniens de Negar Achtari, une avocate en droit de l'immigration, ont été joints par une organisation qui leur a demandé jusqu'à 50 000 $ pour une offre d'emploi.

« Quand on parle de vente d'offre réservée, c'est vrai. » — Negar Achtari, avocate en droit de l'immigration

Le président de l'Association québécoise des avocats en droit de l'immigration, Dan Bohbot, croit même que cette situation risque de se détériorer avec les compressions annoncées dans la fonction publique.

« Les ressources allouées justement pour contrer la fraude vont diminuer. » — Dan Bohbot, président, Association québécoise des avocats en droit de l'immigration

La réforme de l'immigration permettra de combler la pénurie de travailleurs de métier dans l'Ouest canadien.

Les experts rencontrés par Radio-Canada se demandent si le pays doit vraiment confier aux employeurs le choix des immigrants.

De son côté, Citoyenneté et Immigration Canada soutient que les immigrants qui ont un emploi réservé à leur arrivée gagnent beaucoup plus d'argent et s'intègrent plus facilement. Quant à la fraude, le ministère promet des mesures pour la réduire.

Des réactions aux Communes

Le dossier a rebondi, lundi après-midi, à la période de questions à la Chambres des communes.

La porte-parole du NPD en matière d'Affaires étrangères, Hélène Laverdière, a apostrophé le ministre Jason Kenney. Elle lui a demandé si « les conservateurs allaient refaire leurs devoirs au lieu d'inciter à la fraude ».

Le ministre a répliqué en soulignant que les immigrants qui obtiennent une offre d'emploi avant leur arrivée touchent un salaire deux fois plus élevé que les autres qui n'ont pas d'offres préalables.

Jason Kenney a répété que son gouvernement continuera à lutter contre la fraude envers les immigrants.

14/5/2012

Source : Radio Canada

L'immigration tant décriée par une frange de la population est en réalité le fondement même de la société belge, révèle une étude. Elle relève aussi que l'immigration s'est accentuée ces 10 dernières année et que si les immigrés extra-européens ne représentent "que" 10% du total, ils ne retournent pour la plupart jamais vivre dans leur pays d'origine.

Selon une étude d'Itinera Institute, la Belgique est devenue une nation d'immigrants. En effet, au moins un quart de la population belge actuelle a un ou deux parents nés étrangers, peut-on lire ce mardi dans La Libre Belgique. Si on remonte encore d'une génération, il reste peu de Belge à 100%.

Plus d'immigrants que chez nos voisins ou qu'en Amérique

Terre d'accueil depuis toujours, la Belgique a connu une arrivée plus nette d'immigrants ces 10 dernières années: un demi-million de personnes, ce qui représente environ 4,5% de la population belge. Elle accueille proportionnellement plus de migrants que tous ses pays limitrophes, mais également davantage que des pays traditionnels de migration comme le Royaume-Uni, les Etats-Unis et le Canada.

Surtout des Européens

Toujours d'après l'étude, l'immigration en Belgique reste une affaire d'Européens. En additionnant le nombre d'immigrés provenant d'un pays de l'Union européenne avant l'élargissement (34%), celui des immigrés issus des nouveaux Etats membres (19%) et celui des immigrés européens extra-communautaires (10%), on arrive à un total de 63%. Mais les migrations européennes sont les moins durables: 40% des Européens venant en Belgique retournent un jour dans leur pays, contre seulement 10 à 15% des immigrés non européens.

15/5/2012

Source : RTL.be

Au cœur de débats sur l’islam et la laïcité qui ont émaillé le quinquennat de Nicolas Sarkozy, qu'attendent les musulmans de l'arrivée de François Hollande au pouvoir? S’ils sont globalement soulagés du départ du président sortant et s’attendent à « moins de stigmatisation » de la part du gouvernement socialiste, les responsables interrogés font part de leurs craintes face aux visions « laïcistes » d’une certaine partie de la gauche.

Sami Debah, président du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), une association, fondée il y a dix ans, qui recueille les témoignages des victimes d’actes anti-musulmans et leur propose une aide juridique. Le CCIF a notamment porté plainte contre Marine le Pen suite à ses propos assimilant les prières de rues à l’occupation nazie.

« On espère une normalisation entre les musulmans et le pouvoir politique, une non-ingérence mutuelle. Le gouvernement précédent a fait appel aux sujets liés à l’islam pour tenter de récupérer l’opinion publique lorsqu’il prenait des mesures impopulaires ou pour capter le vote Front national. Espérons que les socialistes ne le feront pas et que les musulmans ne soient plus présentés comme d’éternels étrangers dans leur propre pays.

Et, lorsque le FN remettra l’islam sur la table, nous espérons que le gouvernement ne lui emboitera pas le pas mais lui apportera la contradiction. Le problème, c’est la méconnaissance de l’islam par une partie de la gauche.

On aimerait plusieurs signaux : la mise en place d’une mission parlementaire pour mesurer, identifier l’islamophobie et lutter contre ce phénomène. Mais ce qui montrerait vraiment la bonne volonté du gouvernement serait l’abandon du texte « anti-nounous voilées », voté par la gauche au Sénat ». Ce texte vise à encadrer le port de signes religieux, y compris pour des femmes gardant des enfants à domicile.

« Mais on redoute que, de la même manière que la droite a utilisé les thèmes de la sécurité ou de l’identité nationale pour taper sur l’islam, la gauche reprenne ce thème sous couvert de sujets liés à l’égalité homme-femme ou à la laïcité. On sait qu’il y a à gauche des frictions sur ces thèmes, entre les plus obtus, les plus intransigeants et les partisans d’une normalisation. Dans ce contexte, la nomination de Manuel Valls [au ministère de l’intérieur ou à Matignon], ne serait pas un bon signal et nous amènerait à mener bataille ». M.Valls est l’un des rares députés socialistes à avoir voté la loi interdisant le voile intégral dans l’espace public et a publiquement soutenu la directrice de la crèche Babyloup, en procès contre une de ses salariées voilées.

Abdallah Dliouah, imam à Valence

« Je pense qu’avec le nouveau gouvernement, on sera moins dans la stigmatisation. Même si pendant le débat [entre les deux tours de l’élection présidentiel], les deux candidats ont été dans la surenchère sur le halal ou le niqab. Mais ce changement [de majorité] est quand même positif car les musulmans ont vraiment passé des moments difficiles ces cinq dernières années. Même si on se disait « on est français, on ne risque rien », on était sincèrement inquiets. Inquiets de savoir comment nous voit notre voisin, inquiets de devoir dire que l’on est musulman… Et certains pensaient à quitter la France.

Mais ce n’est pas gagné car ce qui va rester après ces cinq années, c’est la vulgarisation du discours anti-islam. On a entendu de la part d’un ministre de l’intérieur des choses que l’on n’entendait que dans la bouche des Le Pen.

Aujourd’hui, pour que les musulmans se sentent reconsidérés, rassurés et se sentent chez eux car ils sont chez eux, il faudrait un discours à la Obama [référence au discours au monde musulman que le président des Etats-Unis a prononcé au Caire en juin 2009] !

Lui aussi s’inquiète « des positions laïcistes » de Manuel Valls » et considèrerait « l’abandon du texte « anti-nounous voilées » comme un grand geste à même de rassurer ».

Khalil Merroun, recteur de la mosquée d’Evry, ville dont Manuel Valls est maire

"Manuel Valls est un laïc acharné, mais s’il était au ministère de l’intérieur, il n’instrumentaliserait pas l’islam et le Conseil français du culte musulman (CFCM) comme cela a été le cas ces dernières années. Il a eu des positions dures sur l’islam. Mais quand on est aux responsabilités on affronte les réalités et on change !

J’espère que le PS ne manipulera pas l’islam car ce serait contreproductif et en contradiction avec les discours sur le rassemblement et la justice de François Hollande. On veut seulement que l’islam soit traité sur le même pied d’égalité que les autres religions. Le fait est que l’on n’a jamais entendu d’agressivité anti-musulmane de la part de Hollande ".

N’della Paye, mère d’élève, co-fondatrice de Mamans Toutes égales, une association qui milite pour la levée de l’interdiction faite aux mères voilées d’accompagner les sorties scolaires, recommandée par la circulaire de rentrée 2012, voulue par le ministre de l’éducation Luc Chatel.

« En ce qui nous concerne, je n’ai pas l’impression que la situation va s’améliorer. Durant la campagne nous avons interpellé les candidats au sujet des mères voilées accompagnant les sorties scolaires. Les socialistes ne nous ont pas répondu ! Et le texte "anti-nounous voilées" a été proposé et voté quand le Sénat est passé à gauche... Franchement, on risque d’avoir du boulot avec les socialistes ! On s’étonne de l’interprétation qui est faite de loi de 1905 qui voudrait que la religion est limitée à la sphère privée.

Notre souhait c’est qu’il n’y ait plus de lois ou de mesures d’exception pour les femmes musulmanes. On ne demande rien de plus, juste que la laïcité soit la même pour tous. Concernant la circulaire sur les sorties scolaires, on demande non seulement que le prochain gouvernement revienne dessus mais qu’il se positionne clairement dans l’autre sens car ce texte va créer des problèmes là où il n’y en a pas ».

14/5/2012, Stéphanie Le Bars

Source : Le Monde

A l’occasion de l’exposition “Les juifs dans l’orientalisme”, au musée d’Art et d’Histoire du judaïsme jusqu’au

Ils n'ont jamais voulu partir. Refusant de se laisser bousculer par l'Histoire. Sourds aux appels de la Terre promise. En cet été 1983, Tamo et Meyer, 80 ans, savent qu'ils sont les derniers juifs berbères du Haut Atlas. La veille encore, des membres de la communauté, venus de Casablanca, ont tenté de les emmener dans un hospice de Marrakech. Mais ils ne quitteront pas les flancs ocre d'Aït Bouguemez. Et qu'importe s'ils ne sont plus en mesure de vivre de leur métier – bourrelier pour lui, tisserande pour elle. Ils savent qu'ils peuvent compter sur les familles du village. Dans la soirée, le fils des Janane, chauffeur routier, rapportera de Béni Mellal de la viande kasher. Demain, l'une des filles des Beigha déposera du grain, des œufs et des légumes. Normal, entre voisins ? Peut-être. Mais surtout emblématique de ce judaïsme marocain qui compte aujourd'hui trois mille âmes. Certes, c'est peu au regard des deux cent cinquante mille de 1945. Mais cela n'en fait pas moins la plus grande communauté juive du monde arabe.

« Il est probable que les premiers juifs sont arrivés au Maroc au Ve siècle av. J.-C., après la destruction du premier Temple de Jérusalem. » Mohammed Kenbib, spécialiste de l'histoire du judaïsme marocain

« Il y a les juifs. Et il y a nous, les juifs marocains », s'amuse Hervey Levy, chef d'entreprise d'Agadir. La quarantaine, père de deux enfants, il vit avec tous les siens dans sa ville natale. « Nous faisons partie intégrante de l'évolution de ce pays. Nous y avons toujours eu notre place et personne ne la conteste. »

Il faut remonter à la nuit des temps pour trouver l'origine de cette histoire qui a vu juifs et musulmans partager les mêmes langues, superstitions, saints, souverains ou ennemis, comme le rappelle l'exposition « Les juifs dans l'orientalisme » du musée d'Art et d'Histoire du judaïsme à Paris. Le Maroc y est largement représenté, notamment avec la célèbre Noce juive de Delacroix (1841), mais aussi dans les tableaux de Jean Lecomte du Nouÿ, Alfred Dehodencq ou Jean-Léon Gérôme. La Madeleine de ce dernier, en bronze doré et patiné, porte ainsi le costume des mariées juives du pays.

« Il est probable que les premiers juifs sont arrivés au Maroc au Ve siècle av. J.-C., après la destruction du premier Temple de Jérusalem, explique le professeur Mohammed Kenbib, grand spécialiste de l'histoire du judaïsme marocain. Vinrent ensuite ceux chassés par la destruction du second Temple, en l'an 70, entraînant la judéisation des Berbères, comme il y a eu berbérisation des juifs. Les Andalous sont arrivés en 1492, avec l'Inquisition. »

Les juifs bénéficient du statut de « dhimmis ». « Ce sont des protégés du sultan, poursuit Kenbib. Ils peuvent pratiquer leur religion mais reconnaissent la suprématie de l'islam et payent un impôt particulier. » L'intégration du Maroc dans le marché économique mondial, au XIXe siècle, met à mal l'équilibre culturel, social et économique trouvé entre les populations juives et musulmanes. Les artisans juifs doivent faire face à la concurrence des machines et des objets manufacturés venus d'ailleurs. Et cela s'accentue avec le protectorat (1912-1956), qui entraîne une certaine prolétarisation de la communauté. Sans parler des colons, qui occupent désormais le rôle d'intermédiaires avec l'Europe, jadis dévolu aux juifs.

A l'arrivée des Français, ces derniers doivent également faire face à un antisémitisme jusqu'alors inconnu au Maroc. Dès 1940, les lois antijuives de Vichy y sont appliquées. Sauf qu'entre 1941 et 1943 les musulmans n'hésitent pas à leur servir de prête-nom pour éviter que leurs biens soient séquestrés. Quant au roi Mohammed V, qui avait ouvert les portes du royaume aux juifs d'Europe persécutés dès les années 1930, il a ostensiblement fait savoir aux autorités françaises qu'il ne faisait aucune distinction entre ses sujets.

« Après la Shoah, il fallait redonner aux juifs de nouvelles raisons de vivre et d'espérer. C'est au Maroc que se trouvait la communauté la plus importante d'Afrique du Nord. » Emile Sebban, fondateur de l'Ecole normale hébraïque de Casablanca

Les juifs marocains ont ainsi traversé la tourmente sans grands dommages, contrairement aux juifs d'Europe, quasiment rayés de la carte. C'est donc naturellement vers eux que se tournent les sionistes (1) pour peupler le nouvel Etat d'Israël. Dès 1947, des centaines d'agents sionistes parcourent à cette fin le Maroc, forçant parfois la main à une population totalement intégrée dans la société. Les départs s'accentuent ensuite avec l'indépendance du pays (1956) et la guerre des Six-Jours en Israël (1967).

Aujourd'hui, au Maroc, cette histoire vieille de près de deux mille cinq cents ans est vaguement enseignée dans les manuels scolaires. Pourtant, elle est partout, inscrite à jamais dans le paysage. Et bien sûr dans les ruelles des mellahs, ces quartiers jadis dévolus aux juifs, à ne pas confondre avec les ghettos fermés d'Europe. Celles de Rabat portent toujours leurs noms. Rue Shalom-Zaoui, rue David-Cohen... Plus un seul juif n'habite ici. Ceux qui résident encore dans la capitale du royaume se sont éparpillés en ville. Mais c'est surtout à Casablanca que l'on trouve le gros de la communauté.

En ce début avril, veille de Pessah (Pâque juive), l'heure y est à la fête. Voilà maintenant plusieurs jours que Marcelle Sebban et son amie Sarita Harrus (respectivement 83 ans et 94 ans) sont sur le pont. La première était professeur de mathématiques. La seconde, institutrice, a aussi voué sa vie à l'éducation. Elles et leurs maris symbolisent le rôle joué, au sein de la communauté juive marocaine, par les institutions scolaires de l'Alliance israélite universelle, cette société culturelle juive internationale fondée en France en 1860. Comme le rappelle Marcelle, « l'Alliance a amené l'émancipation par l'instruction. »

Né en Algérie, Emile Sebban, le mari de Marcelle, est arrivé au Maroc au lendemain de la guerre pour créer l'Ecole normale hébraïque de Casablanca, en 1946. Au programme, un enseignement moderne, hébraïque, français et arabe d'excellente qualité. « Après la Shoah, il fallait redonner aux juifs de nouvelles raisons de vivre et d'espérer. Nous n'aurions pas pu ouvrir cette école ailleurs. C'est au Maroc que se trouvait la communauté la plus importante d'Afrique du Nord. A l'époque, nous n'avions pas conscience qu'elle allait ­massivement émigrer vers Israël, la France ou le Canada. » ­Aujourd'hui, l'école, située dans le quartier résidentiel de l'Oasis, compte encore 150 élèves.

Presque tous les enfants Sebban, désormais dispersés à l'étranger, y ont étudié. Et c'est pour les accueillir que Marcelle court les rues de Casa, où l'effervescence de la fête de Pessah est à son comble. La boucherie Amar ne désemplit pas. Idem pour la pâtisserie de Norbert Fahl. Les indigents de la communauté ne s'y sont pas trompés, faisant la manche alternativement en arabe et en français. Ouverte en 1945 par la grand-mère de Norbert, la maison débite meringues, ­biscuits secs et autres gâteaux kasher. D'autant que la boutique est mitoyenne de la synagogue Beth-El, l'une des trente synagogues de la ville. Construite en 1949 dans un style arabo-andalou, elle accueille les cérémonies officielles en ­présence des représentants de Mohammed VI. Tous les ven­dredis soir, on y bénit le roi et ce pays, dont la nouvelle Constitution stipule que l'unité « forgée par la convergence de ses composantes arabo-islamiques, amazigh [berbère, NDLR] et saharo-hassani s'est nourrie et enrichie de ses affluents africains, andalous, hébraïques et méditerranéens ».

« La saga du judaïsme marocain est trop profondément ancrée dans l'histoire de ce pays pour disparaître. » André Azoulay, conseiller de Mohammed VI

Alors, tout irait pour le mieux dans le Royaume chérifien ? Non. La communauté se réduit chaque jour davantage, et sa moyenne d'âge est élevée. Le pays va mal. Les islamistes « modérés » sont au pouvoir. Les inégalités sont criantes, la délinquance en hausse, et c'est sur ce terreau que prospère un islamisme radical à l'origine des attentats de Casablanca, en 2003. « Un juif, c'est désormais une abstraction. Non plus le voisin ou le cordonnier, mais celui qui est en Palestine et fait du mal », regrette le militant associatif antisioniste Sion Assidon (lire encadré ci-dessous).

On fait avec. D'autant que certains enfants reviennent au pays. « Après ses études en France, mon aîné a accumulé des stages payés une misère, raconte Norbert Fahl, le pâtissier. A Casa, il a immédiatement trouvé du travail. » Idem pour Yoav, le fils Amar, parti à l'étranger six ans durant, qui a ouvert une sandwicherie kasher mitoyenne à la boucherie de ses parents, fréquentée à 95 % par des musulmans.

« La saga du judaïsme marocain est trop profondément ancrée dans l'histoire de ce pays pour disparaître », affirme André Azoulay, hier conseiller économique de Hassan II, aujourd'hui conseiller de son fils, Mohammed VI. « Pour en comprendre la réalité contemporaine et les ressorts, pensez à ce million de juifs marocains dispersés sur tous les continents et qui, génération après génération, ont su et voulu cultiver leur mémoire, affichant sans complexe la richesse de leur marocanité. »

Sion Assidon, lui, fait un rêve. « Au XII-XIIIe siècle, la dynastie musulmane berbère des Almohade, qui domina l'Afrique du Nord et l'Espagne, avait réduit la communauté juive à néant. Mais à peine ont-ils perdu le pouvoir qu'elle renaissait de ses cendres. Avec un peu de chance, l'histoire pourrait se répéter... »

A Casa, le musée du judaïsme

Elle arpente les allées des antiquaires des médinas. Alpague un vendeur. « Quoi, tu vas vendre ce manteau de Torah aux Américains ? On ne nous donnera même pas de visa pour aller le voir. Honte à toi ! » Zhor Rehihil, conservatrice du musée du Judaïsme marocain – le seul musée juif du monde arabe –, voit son énergie décuplée lorsqu'il s'agit de se battre pour son établissement, fondé par Simon Levy en 1997. L'institution, nichée dans un ancien orphelinat, paraît bien petite au regard des musées occidentaux. Elle n'en est que plus forte, parce qu'elle raconte aux Marocains leur propre histoire à travers une poignée de trésors. Comme cette extraordinaire estrade de lecture de la Torah du XVIIIe siècle, couleur vert d'eau, en bois, dénichée dans les sous-sols de la grande synagogue Toledano de Meknès.

Juif et arabe à la fois

Juin 1967, avec la guerre des Six-Jours, de nombreux Juifs marocains plient bagage. Tous pourtant ne réagissent pas de la même manière. « C’est là que s’est forgée ma conscience politique », se souvient Sion Assidon. Lui est né en 1948, à Agadir. « Assidon est un nom berbère, dit-il. J’appartiens au Maroc. Je suis arabe, issu de la communauté juive. En 1967, j’ai été sommé de me définir. J’ai pris le parti des opprimés, les Palestiniens. » Assidon appartient à une longue lignée de Marocains, juifs, impliqués dans un combat citoyen pour leur pays. Ses aînés, alors communistes – emmenés par l’écrivain Edmond Amran El Maleh (1917-2010), l’ingénieur des mines Raphaël Scemama (1918-2012, né au Maroc mais de nationalité tunisienne), Abraham Serfaty (1926-2010) ou le linguiste Simon Levy (1934-2011) –, se sont battus pour l’indépendance. La génération suivante, souvent engagée à l’extrême gauche, a affronté Hassan II. Tel Assidon, torturé et emprisonné de 1972 à 1984. Il anime, depuis 1996, Transparency Maroc, l’association qui lutte contre la corruption des pouvoirs publics.

12/5/2012

Source : Télérama

Au cours de cette campagne présidentielle, le débat sur l'immigration n'a pas reposé sur un véritable diagnostic. Pire, les éléments fournis souffrent de graves inexactitudes, et les propositions qui en découlent ne peuvent que s'avérer inadaptées. L'idée d'une nécessité de réduire les flux a été acceptée sans véritable diagnostic. Regarder les choses de manière rationnelle permettrait de dessiner les lignes d'une politique économique de l'immigration et des migrations efficace et débarrassée de l'instrumentalisation politique.

Il est important de préciser les méthodologies utilisées pour mesurer les effets de l'immigration sur le marché du travail des pays d'accueil. D'abord il faut décomposer la structure par qualification des immigrés, en plus de la structure par âge pour comprendre leur impact sur les finances publiques. Ensuite il faut vérifier si les immigrés sont en concurrence ou en complémentarité sur les emplois qu'ils occupent par rapport aux autochtones. Enfin, l'immigration affecte aussi la consommation, la productivité... qui à leur tour affectent l'emploi et les salaires sur le marché du travail.

Plusieurs méthodes sont utilisées. On peut d'abord estimer l'effet sur le salaire (ou/et sur l'emploi) de la présence d'immigrés sur des marchés locaux du travail (ville, bassin d'emploi, région...) bien sûr en tenant compte des caractéristiques des travailleurs comme le niveau d'éducation, l'expérience, l'âge... Que ce soit aux Etats- Unis ou en Europe, les résultats de ces travaux concluent que l'effet négatif de l'immigration sur les salaires des natifs est extrêmement faible.

L'effet est encore plus faible en Europe qu'aux Etats-Unis. Bien sûr, cette méthode peut comporter des biais : on peut supposer que les immigrés se localisent plutôt dans les régions où les salaires sont les plus élevés (en Ile-de-France, par exemple). Certaines études recourent à des « expériences naturelles » : on place de manière plus ou moins indépendante de leurs choix les migrants et on observe ce qui se passe lors d'afflux massifs de migrants. Résultats : là aussi les effets sont marginaux sur les salaires ou l'emploi.

Une autre précaution à prendre pour ne pas sous-estimer ces effets est de corriger la possibilité que des travailleurs partent de la région où arrivent les migrants vers d'autres régions (migrations internes), ce qui pourrait compenser l'effet des immigrants nouvellement arrivés. Des études récentes utilisant cette méthode aboutissent avec cette même approche de « proportion de facteurs » a un impact modéré et positif sur le salaire des natifs aux Etats-Unis.

Ce résultat a été confirmé pour un panel plus large de pays de l'OCDE et pour la France par Javier Ortega et Gregory Verdugo, de la Banque de France, en 2011. Dans ce dernier travail, une augmentation de l'immigration de 10 % accroît le salaire des natifs de 3 %. Au total, la très grande majorité des travaux conclut à un effet relativement modéré, plutôt négatif dans les travaux plus anciens et plutôt positif dans les travaux récents.

Un autre résultat obtenu est que les immigrants ont en revanche un impact sur les rémunérations de ceux avec lesquels ils sont directement en concurrence, les travailleurs souvent issus d'une vague antérieure d'immigration.

14.05.2012

Source : : LE MONDE

C’est une longue et minutieuse chronique que livre Ha Jin. Elle se dessine en minces chapitres qui sont autant d’épisodes de la vie du couple formé par Nan Wu et son épouse Pingping, immigrés aux Etats-Unis, avec leur fils Taotao.

La narration, linéaire, colle au quotidien des Wu, au plus près de leur lutte pour "s’enraciner" ; par le travail bien sûr, par la scolarité de leur enfant aussi. C’est là une priorité, et les parents redoublent d’efforts pour qu’il n’intègre pas une classe réservée aux étrangers. Ha Jin décrit la rupture avec le pays d’origine, les distances maintenues avec les représentants de la communauté chinoise, le regard critique, amusé, sceptique, conquis sur la société américaine. La part aussi des frustrations et les transformations visibles, et intimes.

En quelques années, Nan accomplira "le parcours qui prenait une vie entière à la plupart des immigrés". Entre le "struggle for life" et le rêve américain, les Nan feront leur "trou" comme dit Marcel Detienne. Entre Boston, New York et enfin Atlanta, de petits boulots en petits boulots, d’emprunts en sacrifices, de capacités d’adaptation en illusions perdus, ils réussiront à ouvrir un petit restaurant (le Gold Wok) et acheter une maison en Géorgie. Nan, l’ancien étudiant a du abandonner la science politique et une improbable carrière universitaire pour les fourneaux, ce qui laisse d’heureuses odeurs de cuisine s’exhaler de page en page.
Sans être un réfugié politique, Nan n’a pas voulu retourner en Chine après ses études. Très vite, il s’est efforcé de "se délester du bagage de la Chine pour voyager plus léger, (…) devenir un homme indépendant". Nan largue les amarres, refuse de vivre dans le passé, de moisir dans sa communauté d’appartenance : "Il lui fallait trouver sa voie dans ce pays, vivre non pas tant en tant qu’expatrié ou exilé mais en tant qu’immigré". Autrement dit devenir citoyen de cette société américaine où le racisme se manifeste ici ou là, où l’argent est un "dieu", cette société obsédée par "les deux S" : "le Soi et le Sexe", intraitable pour les faibles, les "losers", une société multiculturelle et multireligieuse où la diversité s’expose aussi sous la forme des conversions et des bricolages identitaires.

Nan assistera à des rencontres, des colloques sur la Chine, il côtoiera, toujours sur la réserve, quelques cercles communautaires malgré les recommandations de Pingping. Il n’est dupe de rien des comportements des uns et des autres, des intellectuels dissidents, des artistes et autre vulgum pecus chinois. Sans illusions, il se tient à l’égard des représentants chinois, des associations relais et autres taupes. Intraitable, Nan n’est pas un homme de compromis et encore moins de compromissions. Et surtout, qu’on ne lui serve pas de vieilles lunes patriotiques : "La Chine n’est plus mon pays. Je lui crache dessus, à la Chine ! Elle traite ses citoyens comme des enfants crédules et les empêche constamment de grandir, de devenir des individus à part entière. Elle ne veut qu’une chose la soumission. Pour moi la loyauté ça marche dans les deux sens. La Chine m’a trahi, alors je refuse de rester plus longtemps son sujet. (…) Je me suis arraché la Chine du cœur."

Pourtant aux JO d’Atlanta, il se montre attentif aux performances des athlètes chinois, "il comprit qu’il ne parvenait pas à se couper affectivement de tous ces gens". Nan se situe au point de rencontre des deux pays, aussi, "pour voir clair dans ses émotions", il s’imagine la Chine comme étant "sa mère" et les USA "sa bien aimée" : si un conflit devait survenir, il devra "les aider à se comprendre, sans pour autant espérer qu’elles partagent un jour les mêmes opinions". C’est Camus chez les sino-américains.
Nan aime Pingping, mais sans passion. Bon père et bon mari, son cœur est tout entier à Beina, un amour platonique de jeunesse qui lui en fit voir de toutes les couleurs pourtant. Ainsi va la vie ! L’amour fantasmé est plus difficile à chasser de son esprit qu’un échec sans rappel ni retour. Entre les époux, l’ombre de Beina toujours s’insinue. Il recherche cette passion, convaincu qu’elle serait le moteur de sa force créatrice et poétique. Car gagner de l’argent n’intéresse pas Nan. Sa seule vraie passion est la poésie.

Tirailler entre ses responsabilités d’époux, de père et sa vocation, il doit apprendre à se débarrasser de ses "peurs" comme dit Faulkner, de ses doutes sur son travail. "Je ne dois pas vivre dans la passé, mais me concentrer sur le présent et sur l’avenir". Après bien des hésitations, il décide d’écrire en anglais malgré les avis contraires et définitifs d’une rédactrice en chef d’une revue de poésie. Il évoque la xénophobie et oppose le fait que "la vitalité de l’anglais résulte en partie de sa capacité à absorber toutes sortes d’énergies étrangères." Ces pages sur le cheminement créatif de Nan constituent aussi le sel de ce roman. Le livre se referme sur quelques uns de ses poèmes.

Professeur à l’université de Boston, Ha Jin émaille son texte de références à des poètes américains, à Faulkner et à Pasternak. La Liberté de vivre est son cinquième roman et le quatrième à être traduit en langue française (au Seuil) après La Longue Attente (2002), La Démence du sage (2004) et La Mare, (2004). La Liberté de vivre (paru en 2007 aux USA) est le premier récit de l’auteur à se situer hors de Chine et à plonger au cœur de l’immigration chinoise aux Etats-Unis.

14/5/2012, Mustapha Harzoune

Source : Cité nationale de l’histoire de l’immigration

Une vidéo de brutalité policière fait, en ce moment, le tour des réseaux sociaux grecs. On y voit des policiers casqués, assistés de badauds en survêtement, qui passent à tabac un immigré d’origine asiatique. Une scène qui rappelle davantage une agression de voyous qu’une intervention policière.

L’incident s’est déroulé dans la nuit du 3 au 4 janvier dernier, place Amerikis, dans le centre d’Athènes, mais l'information n'est sortie que récemment à la faveur de la publication d'une vidéo sur Internet. On y voit un homme qui se fait tabasser par des policiers casqués (membres de la brigade motorisée), aidés par des voisins. On voit ensuite des policiers accompagner l’homme vers leur voiture, toujours en le rouant de coups. Le tout sous le regard de quelques badauds...

La Grèce est l’une des principales portes d’entrée de l’Union européenne pour les migrants d’Afrique et d’Asie. Avec la crise et la montée du chômage, les ONG de défense des droits de l’Homme dénoncent une recrudescence des agressions subies par les migrants, afghans et pakistanais notamment, pris pour cible - entre autres - par des groupuscules d’extrême droite qui les accusent de voler le travail des Grecs.

Le parti ouvertement xénophobe Aube dorée, qui dit vouloir mettre tous les étrangers hors du pays, a remporté 21 sièges lors des élections législatives du 6 mai dernier.

"J’ai reçu des messages d’insultes de la part de sympathisants d'Aube dorée"

Nikos Soulis, réalisateur de films et documentaires, a filmé cette vidéo en janvier, mais il ne l’a publiée sur Internet qu’en avril.

« J’étais chez moi quand j’ai entendu des gens crier dehors. Depuis trois ans, je suis témoin de scènes de violences dans mon quartier. Alors, cette fois, j’ai décidé de prendre ma caméra, d’autant plus que je travaillais sur le sujet des réfugiés à cette époque.

Il s’agissait d’un homme d’origine asiatique que la police était en train d’arrêter… avec l’aide des voisins. Le type essayait de mettre le feu à une poubelle. Mais même après l’avoir menotté, ils continuaient à le frapper. "Ils", ce sont les policiers et les voisins, ensemble.

Je suis allé au commissariat pour témoigner de ce que j’avais vu. Les policiers m’ont dit que leurs collègues allaient être identifiés et qu’ils seraient rapidement punis [à la suite de la publication de cette vidéo en avril dernier, la police a affirmé qu'elle allait ouvrir une enquête administrative, NDLR].

Quand j’ai publié la vidéo, j’ai reçu plein de messages d’insultes sur mon blog. La plupart de la part de sympathisants du parti Aube dorée. Des personnes ont même tenté de rentrer chez moi en se faisant passer pour des policiers, pour me faire peur. Je suis retourné au commissariat pour demander à être protégé. Mais je soupçonne les policiers de voter à 50 % pour Aube dorée... Aujourd’hui, je fais profil bas dans mon quartier et je ne rentre jamais seul chez moi.

14/5/2012

Source : France 24

Si l’outil est utile, il est également suspecté de vouloir freiner le flux migratoire, en présentant la Flandre comme un territoire peu avenant.

« Cette brochure vous permettra de faire connaissance avec votre nouvel environnement » annonce d’emblée le kit d’intégration émis par le Communauté flamande . Mais une fois passée l’introduction, déboule, sur une trentaine de pages une succession de clichés, non seulement sur les citoyens flamands mais aussi, en filigranes, sur les pays d’origine dont sont issus les familles immigrantes, faisant passer au deuxième plan l’aspect ‘service’ de l’initiative. On reconnaitra d’emblée l’objectif respectable : éviter le repli sur soi de ces communautés en proposant un parcours d’intégration civique. Il y est fait référence aux nombreuses institutions qui se partagent l’aide aux nouveaux arrivants. La montagne de démarche à effectuer étant parfois kafkaïenne, les informations données à propos de Kind&Gezin, du VDAB ou autre Actiris, ne sont pas inutiles. Mais de là à prendre les gens pour des billes, il y a des limites...

Les témoignages des Flamands destinés à faire mieux connaître l’état d’esprit de la région sont grotesques. Au-delà d’un kit d’intégration, il s’agit d’un véritable « guide des bonnes manières » rappelant à qui veut l’entendre que le respect de l’autre, c’est bien, que « faire du mal à quelqu’un est punissable ». Et les exemples sont légion tout au long des 30 pages du fascicule : «Il est conseillé de faire connaissance avec vos voisins. Vous pouvez les aborder personnellement, ou les rencontrer lors d’une fête de quartier », «Les Flamands ne vivent pas dans la rue. Ils vivent principalement dans leur maison », «Les gens ne se rendent pas visite sans prévenir », etc. L’objectif est-il de dégouter les potentiels migrants vers la Flandre ? Une polémique qui donne l’occasion de se pencher sur la question des guides d’intégration en Belgique, et de tenter de faire émerger, de cette polémique stérile, une réflexion autour de la question de l’intégration en Belgique.

Agir dès l’étranger pour faciliter les démarches ou décourager les candidats?

La Flandre n’est pas la seule à tenter d’informer en amont : aux Pays-Bas et en Allemagne, des tests de langue, avec obligation de résultat, doivent être passés avant l’arrivée. En France, un test de maîtrise de la langue est organisé préalablement, dans le cas du regroupement familial. En cas d’échec, le candidat peut rejoindre le territoire français mais doit s’engager à continuer sa formation. Au Québec, le plan global d’intégration prévoit d’ « agir dès l’étranger » via des séances d’informations sur les valeurs communes à respecter au moment de l’arrivée au Canada, basées sur trois grands principes : le français est notre langue officielle, les femmes et les hommes ont les mêmes droits, les pouvoirs politiques et religieux sont séparés.

Chez nous, en Belgique francophone, pas de travail en amont : la brochure « Vivre en Belgique » a vocation à être diffusée auprès des migrants, à leur arrivée en Belgique. Par les communes, les bureaux d’accueil, les centres d’intégration ou les associations, alors que le document de la communauté flamande est distribué en amont, avant l’arrivée dans le potentiel pays d’accueil. Résultat : si l’outil est utile, il est également suspecté de vouloir freiner le flux migratoire, en présentant la Flandre comme un territoire peu avenant : il pleut, il faut travailler dur pour offrir une vie décente à sa famille, le contact humain est codifié, etc.

Officiellement, un seul et même objectif des deux côtés de la frontière linguistique : accompagner les premiers pas des migrants vers une participation à la société en temps que membre à part entière. Mais les deux approches diffèrent. Et l’association de l’initiative flamande à un cabinet NV-A pollue le débat. « La N-VA est pour une politique d’assimilation dans l’espoir de pouvoir construire une Flandre romantique homogène» expliquait ce week-end dans La Libre Belgique Ico Maly qui prépare actuellement une thèse de doctorat sur la rhétorique de la N-VA à l’Université de Tilburg. «Il n’y a pas beaucoup d’issues à cette impasse : ou on les décourage à s’intégrer, ou on les accepte quand même mais, dans ce cas, dit la N-VA, ils doivent devenir comme nous. » 

La Communauté française se veut ‘moins polémique et plus efficace’

Le Ciré (Coordination et Initiatives pour Réfugiés et Etrangers) estime que les approches flamande et francophone de l’intégration sont fondamentalement différentes : la première centrée sur l’idée de parcours multidimensionnel et d’engagement réciproque, l’autre axée davantage sur la mise à disposition de services. L’intégration ‘à la flamande’ serait donc marquée par une démarche d’accueil plus globale.

Du côté de la Communauté française, le kit d’intégration réalisé en janvier 2012 est signé Fadila Laanan, Eliane Tilieux et Charles Picqué. Trois socialistes qui font face à l’initiative de Geert Bourgeois, ministre flamand des Affaires intérieures (N-VA), qui propose son « Migrer en Flandre ». Objectif commun : aider le nouveau venu à connaître la réalité qui l’entoure. Le chapitre consacré à l’Enseignement précise, par exemple, dans les deux fascicules, que l’école est obligatoire à partir de 6 ans mais que la présence en maternelle, dès 2 ans et demi, facilitera l’intégration de l’enfant dans son nouveau pays. La brochure de la Communauté française se contente de le ‘conseiller vivement’ et de donner les informations factuelles y afférant. La brochure de la Communauté flamande se fend d’inutiles ‘conseils’ du genre : « Les enfants doivent toujours être à l’heure à l’école ».

Au cabinet de Fadila Laanan, ministre de l’Egalité des chances de la Fédération Wallonie-Bruxelles, on défend la démarche initiée côté francophone: « Le document ‘Vivre en Belgique’ est rédigé pour être lu par les primo-arrivants et leur entourage (en « français facile ») et leur être utile, et non pour faire de l’affichage et adresser un message sur une « identité nationale » qu’il serait caricatural de figer dans quelques lignes. Notre ambition est de développer complémentairement des modules de formation à la citoyenneté dans lesquels les valeurs et les normes sont abordées de front. Cette approche est moins polémique et plus efficace ».

Le politiquement trop correct peut-il étouffer le débat ?

Mais la polémique entourant la distribution de ce fascicule ne fait-elle pas passer au second plan l’aspect utilitaire de l’initiative ? Si l’on part du principe que celui-vise à amener les uns et les autres à mieux se connaître et à faciliter, par la suite, la compréhension des immigrés dans leur pays d’accueil, l’ensemble du document n’est sans doute pas à balancer aux ordures (qui sont ramassées une à deux fois par semaine selon un calendrier que vous pourrez obtenir dans la commune de résidence, précise le kit). L’aspect ‘normes & valeurs’ pose question mais est trop limitatif par rapport à l’ensemble du document. Le problème, ici, est l’association malheureuse entre normes sociales et normes juridiques. Si le tapage nocturne est juridiquement punissable et se doit d’être respecté, il est dommageable qu’il soit abordé sous l’angle : le Flamand aime le calme. Une dérive que la Communauté française a voulu éviter : « Nous avons voulu être informatifs plus que normatifs pour éviter toute forme de caricature, lorsque l’on sait que notre société est caractérisée par sa diversité» explique-t-on au cabinet de Fadila Laanan.

Au lieu de focaliser l’ensemble de l’attention médiatique sur les informations non-pertinentes reprises dans le fascicule, ne devrait-on pas en garder les éléments relevant, en oubliant, le temps de la critique, le fait que le ministre en charge soit un membre de la NV-A, peu connu pour ses valeurs humanistes ? La question du ‘vivre ensemble’ est réelle dans notre monde ultra-mondialisé où les chocs culturels sont permanents. Ces questions doivent être mises à plat. Le débat autour des questions d’immigration est rarement serein. Cette polémique n’échappe pas à la règle.

15/05/2012, Caroline Grimberghs

Source : Lalibre.be

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